En Russie dans les années 1920, lorsque les serres de fer du régime soviétique étaient déterminées à déchirer les vestiges restants du judaïsme russe, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn (1880–1950) fut impitoyablement brutalisé et torturé pour ses activités « contre-révolutionnaires » : la création d’un réseau clandestin de yéshivas, de mikvés et d’autres institutions juives désormais interdites.

Maintes et maintes fois le Rabbi fut traîné dans la salle d’interrogatoire. Dans l’obscurité humide, où les hors-la-loi les plus endurcis étaient régulièrement mis à genoux, le Rabbi défia ouvertement les sauvages qui le questionnaient. C’est à l’une de ces occasions que l’un des interrogateurs du Rabbi pointa un revolver sur sa tempe et dit en souriant : « Ce jouet a la capacité de faire coopérer les gens. »

Calmement, le Rabbi répondit : « Ce jouet est persuasif pour celui qui a plusieurs dieux et un seul monde. Moi j’ai un seul D.ieu et deux mondes. »


« Ce jouet a la capacité de faire coopérer les gens... »

Comment le fait d’avoir « un seul D.ieu » permet-il à un rabbin emprisonné de défier des monstres ? Que pouvons-nous apprendre de l’héroïsme de Rabbi Yossef Its’hak qui puisse nous aider dans nos combats personnels ? Où pouvons-nous puiser la lucidité pour être attachés aussi fort à nos idéaux ?

Essayez cette expérience : quelle affirmation met fin à une discussion concernant le motif d’un comportement étrange, voire dangereux ? Qu’est-ce qui vous fait capituler et dire : « Je comprends », « C’est clair », « C’est normal », « D’accord »... ? Quel que soit ce point, ceci est votre dieu. (Avec un D majuscule ou minuscule, en fonction de ce dont il s’agit.)

Pour illustrer :

– Jo, pourquoi fais-tu ça ? Tu pourrais te blesser !

– Eh bien, c’est amusant !

Si c’est ça, si « amusant » met fin à l’interrogation, alors « amusant » est dieu, l’autorité qui détermine le comportement de Jo.

– Jane, pourquoi prends-tu ce travail ? Il va saper toute ton énergie.

– Je vais gagner beaucoup d’argent.

L’argent est le dieu de Jane.

– David, pourquoi partez-vous si tôt ? Il y a du travail à faire !

– C’est vendredi. D.ieu a dit que je devais arrêter de travailler.

David épelle D.ieu avec un D majuscule.

La brute soviétique suppose que la vie est dieu. Menacez-la, et toutes les autres considérations disparaissent. Les Rabbis répliquent : il n’y a qu’un seul D.ieu, une seule raison pour déterminer mon comportement. Des mondes j’en ai plein. Si cela signifie rendre mon âme, alors vous pouvez avoir ce monde – ce n’est qu’un outil de toute façon !

Nous sommes bénis. Grâce à la volonté de fer de ceux qui nous ont précédés, l’Union soviétique est tombée, le revolver est retourné dans son étui. Nous avons de nouveaux défis, moins violents. Pourtant, ils peuvent être tout aussi intimidants.

Quel est notre D.ieu? Qu’est-ce qui régit notre comportement ? Quelle est l’affirmation qui met fin à la discussion qui explore nos motivations ? Est-ce le divertissement, les nouvelles du soir ou la bourse ? Lorsqu’il n’y a que le monde de l’ici-et-maintenant, du tangible et du sensoriel, alors tout ce qui menace de le supprimer devient le moteur de nos choix.

Le territoire, le compte bancaire et le statut social dont ils nous ont dépouillés ne nous ont jamais définis

C’est ainsi que les Juifs ont habituellement frustré les nations conquérantes. Les vainqueurs soutiennent : « Allez, vous avez perdu, abandonnez et reconnaissez la supériorité de vos conquérants. Adoptez nos voies, notre langue, notre culture, notre musique et nos dieux. » Et pourtant, les Juifs ne respectent pas les règles. Malgré la défaite, nous restons singulièrement concentrés sur le D.ieu Unique. Ce qu’ils ne peuvent pas comprendre, c’est que le territoire, le compte bancaire ou le statut social dont ils nous ont dépouillés ne nous ont jamais définis. Leur perte est gênante, douloureuse et ignoble, mais elle ne marque pas la fin de notre identité. Ce n’étaient que des accessoires de qui nous sommes – des mondes que nous avons en abondance. Ce n’était pas qui nous sommes. Nous n’avons qu’un seul D.ieu.

Lorsque nous étudions l’exemple de Rabbi Yossef Its’hak, nous sommes inspirés à renforcer notre conscience que D.ieu est le seul D.ieu. Si les opportunités commerciales et les modes sont nombreuses, la Divinité n’est pas négociable. Ni la brutalité du communisme ni le glamour du capitalisme ne peuvent nous contraindre à voir et à agir autrement.

Le Rabbi a ouvert la voie. C’est à nous de parcourir le chemin qui mène vers un monde uni sous la direction du D.ieu Unique !