Salutations et bénédictions :
C’est peut-être l’occasion de souligner à nouveau plusieurs points fondamentaux :
1) Ces personnes bien intentionnées qui se sont senties poussées à interpréter certains passages de la Torah différemment de l’interprétation traditionnelle plurimillénaire, ne l’ont fait que dans la croyance erronée que la vision de la Torah (sur l’âge du monde, etc.) était en contradiction avec la science ; autrement, ils n’auraient pas cherché de nouvelles interprétations dans la Torah.
2) La littérature apologétique – au moins une partie substantielle de celle-ci – qui fut produite à la suite de cette idée fausse, s’est appuyée sur le principe que, comme dans le cas de « moutar leshanot mipné darkei shalom »,1 il n’y avait aucun mal à faire une « innocente » concession verbale à la science, si cela pouvait aider à renforcer l’engagement de beaucoup de Juifs envers la Torah et les Mitsvot.
3) À l’origine de cette attitude se trouvait la croyance erronée que les « conclusions » scientifiques étaient catégoriques et absolues.
4) Entre parenthèses, une certaine explication de cette attitude envers la science peut être trouvée dans le fait (souligné dans ma lettre précédente), que la Torah accorde à la science un statut de crédibilité plus élevé que ne le revendique la science contemporaine, comme en témoigne le fait que la Halakha statue que l’interdiction de ‘Hiloul Chabbat2 peut être levée de l’avis d’un médecin lorsqu’il s’agit de Pikoua’h Nefesh3 et de nombreuses décisions similaires.
5) Le point crucial, cependant, est que les dernières conclusions de la science ont introduit un changement radical dans l’évaluation de la science par elle-même, définissant clairement ses propres limites. En conséquence, il n’y a rien de catégorique dans la science ; le principe de cause à effet est remplacé par la notion de « séquence probable d’événements », etc.
6) En outre, la science contemporaine tient que les jugements et les descriptions scientifiques ne « présentent » pas nécessairement les choses telles qu’elles sont réellement.
7) La science exige une vérification empirique : les « conclusions » sont considérées comme « scientifiques » si elles ont été étudiées expérimentalement, mais certainement pas en relation à des conditions qui n’ont jamais été connues de l’humanité et qui ne peuvent jamais être reproduites.
8) Compte tenu de tout ce qui a été dit ci-dessus, il n’y a aucune raison de croire que la science (différente des scientifiques) puisse énoncer quelque chose de définitif sur quelque chose qui s’est produit dans un passé lointain, avant l’aube de l’histoire. Par conséquent, il n’est pas nécessaire de chercher de nouvelles réinterprétations dans la Torah pour « réconcilier » celles-ci avec la science, comme indiqué au début de la lettre.
9) À propos de votre référence particulière à Chabbat Béréchit, il est stupéfiant que ceux qui ont tenté de réinterpréter le récit des Six Jours de la Création en termes d’éons, etc., n’aient même pas mentionné la contradiction d’une telle vision avec le texte d’un Guett.4 Il est bien connu à quel point la Halakha est pointilleuse en ce qui concerne un Guett. Le texte du Guett commence par sa datation sans équivoque « à partir de la création du monde » (par exemple, dans l’année en cours, il s’énoncerait : « Shnat ‘hamecheth alafim cheva méoth oushloshim veshalosh livriath haolam »).5
Selon les termes de la Meguila que nous lisons cette semaine, « il y a un peuple… et leurs lois diffèrent de celles de tout autre peuple » –, tout comme à cette époque notre peuple se sentait à juste titre fier de son caractère unique et de sa différence et n’a fait aucune tentative pour réconcilier ses lois et coutumes et ses opinions avec celles des gens parmi lesquels il se trouvait « dispersé et disséminé», puisse D.ieu accorder que chaque Juif puisse désormais afficher le même esprit courageux, sur la base de la même Torah, puisque « cette Torah ne sera ni modifiée ni substituée » – ce qui est l’un des 13 Principes fondamentaux de notre Foi, tels que formulés par nos Sages.
Avec estime et bénédiction,
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