Reb Zalman Serebryanski, un ‘hassid âgé natif de Russie, doyen du Lubavitch Rabbinical College à Melbourne en Australie, amena un jour une jeune fille chez le Rav ‘Haïm Gutnick. « S’il vous plaît, aidez cette jeune fille à se convertir », lui demanda-t-il.
Le Rav Gutnick écouta l’histoire de l’adolescente. Elle vivait à Balaclava dans la banlieue de Melbourne et, depuis son plus jeune âge, elle avait ressenti une forte attirance pour le judaïsme. Lorsqu’elle entendait des histoires sur la Shoah, elle était profondément bouleversée. Cela faisait longtemps qu’elle lisait et étudiait des ouvrages sur le judaïsme et elle voulait à présent se convertir.
Le Rav Gutnick fut touché par sa sincérité. Néanmoins, il ne voulut pas effectuer la conversion. La jeune fille vivait toujours avec ses parents non-juifs. Serait-elle à même de pratiquer le judaïsme chez eux ? Son intérêt se poursuivrait-il lorsqu’elle atteindrait l’âge adulte ? Ne pouvant répondre à ces questions, il décida de laisser le temps suivre son cours. Si la jeune fille serait encore intéressée quand elle serait plus âgée, elle pourrait alors se convertir.
Le refus du Rav Gutnick plongea la jeune fille dans une profonde dépression, au point où elle dut être hospitalisée. Le vieux Reb Zalman, ému par la profondeur de ses sentiments, continuait de lui rendre visite de temps en temps.
Après plusieurs semaines, il appela le Rav Gutnick, lui parlant de l’état de la jeune fille et lui demandant s’il allait peut-être changer d’avis du fait de l’intensité de ses sentiments.
Le Rav Gutnick répondit que les raisons qui l’avaient dissuadé d’effectuer la conversion étaient toujours valables. Néanmoins, il promit d’écrire au Rabbi de Loubavitch pour lui décrire la situation. Si le Rabbi lui conseillait de faciliter sa conversion, il s’y conformerait volontiers.
Reb Zalman dit à la jeune fille que le Rabbi allait être consulté et son état s’améliora immédiatement.
Le Rav Gutnick ne reçut pas de réponse immédiate à sa lettre. Mais quelques temps plus tard, à la fin d’une réponse à une autre question, le Rabbi ajouta : « Que se passe-t-il avec la jeune fille juive de Balaclava ? »
Le Rav Gutnick fut surpris. Aussi bien la jeune fille elle-même que Reb Zalman avaient clairement indiqué que sa famille était anglicane !
Lui et Reb Zalman s’en furent interroger la mère de la jeune fille. Au début, elle continua d’insister sur le fait qu’elle était anglicane, mais la sincérité des deux rabbins eut raison d’elle : elle finit par fondre en larmes et elle raconta son histoire. Elle avait été élevée dans une maison juive orthodoxe en Angleterre. Jeune fille, elle s’était rebellée contre ses parents et avait complètement abandonné la vie juive. Elle épousa un non-juif et partit vivre en Australie. Elle n’avait pas repensé au judaïsme depuis lors. Toutefois, elle aimait sa fille, et ne s’opposerait pas à elle si elle souhaitait vivre une vie juive.
Une fois la judéité de la jeune fille établie, les rabbins Serebryanski et Gutnick l’aidèrent à s’intégrer à la communauté Loubavitch à Melbourne. Elle continua de progresser dans son engagement juif et est aujourd’hui enseignante dans une école Loubavitch.
Mais le Rav Gutnick demeurait avec une question : comment le Rabbi avait-il su qu’elle était juive ? Lors de sa ye’hidout (audience avec le Rabbi) suivante, il rassembla la ‘houtspah nécessaire pour le lui demander.
Le Rabbi répondit qu’à la demande de Reb Zalman, la jeune fille lui avait également écrit une lettre. « Une telle lettre, dit le Rabbi, n’aurait pu être écrite que par une juive. »
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