Le sujet de l’éducation et de la guidance ne s’applique pas uniquement aux enfants, mais à tous indépendamment de l’âge.

C’est seulement dans leur application que l’éducation et la guidance diffèrent entre les enfants et les adultes, mais leurs principes fondamentaux concernent aussi bien les uns que les autres.

Un éducateur ou un guide doit évaluer le caractère essentiel de l’élève pour connaître ses capacités et ses qualités naturelles, ainsi que prendre la mesure de ses défauts et de son comportement.

C’est seulement alors qu’il pourra mettre en place [pour cet élève] un processus éducatif, en particulier s’il doit corriger quelque défaut spécifique, car tout dépend de son caractère essentiel.

Certaines actions, lorsqu’elles sont accomplies par certaines personnes, sont considérées comme scandaleuses et déshonorantes pour leur auteur et pour les autres, ce qui n’est pas le cas lorsque ces mêmes actions sont accomplies par d’autres personnes, soit du fait que celles-ci sont inférieures aux premières de par leurs qualités et leurs aptitudes, soit du fait qu’elles ont une tout autre nature.

Par exemple, si un homme éminent et réputé pour ses nobles qualités ne s’abstient pas de bavardages futiles, ce sera considéré comme un ‘hiloul hachem, une profanation du nom de D.ieu, comme l’enseigne le Talmud en plusieurs endroits : « Pour un homme distingué, c’est différent »1 – ce qui ne sera pas le cas s’il s’agit d’un homme du commun.

De même, si un homme investit son esprit et ses efforts dans le fait de s’habiller des plus beaux vêtements et d’arborer la plus belle coiffure, etc, ce sera considéré comme une attitude vraiment outrancière, alors que cette recherche esthétique est considérée de manière positive pour une femme.

Un éducateur ou un guide pourrait se mettre en tête d’élever une personne simple au niveau d’un homme de haute stature doté de capacités et d’une personnalité hors du commun en épurant son caractère des moindres traces de souillure et en tâchant de lui inculquer les qualités d’une personne d’une grande élévation morale.

Toutefois, non seulement cet éducateur ne parviendrait pas à rectifier ou à faire acquérir quoi que ce soit chez cette personne qui ne soit pas à sa portée, mais au contraire, en voulant l’élever au-delà de sa nature personnelle au niveau d’un sage exceptionnel doté d’un caractère d’une rare noblesse, il causera sa ruine en la faisant sortir de sa route.

Dans l’ouvrage intitulé ‘Hovot HaLevavot, « Les Devoirs du Cœur », à la section « Porte de l’Introspection » au second chapitre, l’auteur se demande si la norme de l’autocritique est la même pour tous.

Il conclut ainsi : « Les efforts des hommes pour [progresser dans] leur [étude de la] Torah et [dans l’acquisition de] leur [part du] Monde [Futur] sont fonction de leur perception, de leur intelligence et de la clarté de leur compréhension. Et chacun d’entre eux doit méditer au devoir qui est le sien dans le service du Créateur, béni soit-Il, en fonction de sa conscience des bienfaits d’ordres général et particulier de D.ieu. »

Il est évident que chacun est tenu d’étudier dans toute la mesure de ses capacités – étudier seul ou en écoutant les cours donnés en public – et s’efforcer de connaître la bonté du Créateur, c’est-à-dire la Hachga’ha pratit, la Providence particulière par laquelle Il veille sur l’ensemble des créatures et les sustente, comme il est dit : « Tu ouvres Ta main et satisfais au désir de chaque être vivant. »2

De même, chacun doit réfléchir et pénétrer sa conscience de la Hachga’ha pratit que D.ieu exerce sur lui et sur sa famille en particulier.

Pourtant, cette obligation est seulement en fonction de la stature de sa nature essentielle.

Ceci est communément admis et ne nécessite pas d’être démontré, comme il est dit [dans le Talmud] : « Beaucoup ont tenté de faire comme Rabbi Shimon ben Yo’haï et n’ont pas réussi »3, car la avoda – le service de D.ieu – de chacun doit être fonction de sa nature et de ses aptitudes.

Résumé

L’éducation et la guidance idéales sont nécessairement adaptées à la nature essentielle de l’élève.