Sujet : Conseils pour celui qui est tombé si bas jusqu’à se déconnecter de sa source, au point de ne plus même ressentir de pitié pour lui-même.
[Le maamar explique à présent ce que doit faire celui qui ne ressent pas de compassion pour l’étincelle divine qui est en lui, comment il peut parvenir à « demander » et rechercher D.ieu, et révéler son étincelle divine.]
אַךְ הָאָדָם אֲשֶׁר יְפַשְׁפֵּשׁ בְּמַעֲשָׂיו וְלֹא יִתְעוֹרֵר בּוֹ מִדַּת רַחְמָנוּת וְלֹא יִתְמַרְמֵר לִבּוֹ בְּקִרְבּוֹ, עִם הֱיוֹת שֶׁמַּעֲמִיק בְּמַחֲשַׁבְתּוֹ אֵיךְ נָפַל נִיצוֹץ אֱ-לֹהוּת בְּגָלוּת בְּתוֹךְ נַפְשׁוֹ, זֹאת יָשִׂים אֵל לִבּוֹ וְנִשָּׂא עָלָיו הַמָּשָׁל הַזֶּה:
Toutefois, un homme qui fouillerait et examinerait ses actions et malgré cela n’en concevrait pas de miséricorde et de compassion pour l’étincelle divine qui est en lui, et son cœur ne se remplirait pas d’amertume en lui en constatant son éloignement de D.ieu, bien qu’il médite profondément sur la manière dont l’étincelle divine qui est en lui est tombée en exil dans l’obscurité de son âme, le conseil qui lui est donné est qu’il prenne à cœur de comprendre pourquoi il ne ressent rien, à travers cette analogie qui s’applique à lui :
כִּי הֱיוֹת טֶבַע הָאָדָם כְּשֶׁכּוֹאֵב לוֹ אֲפִלּוּ צִפֹּרֶן רַגְלוֹ מֵחֲמַת שֶׁנִּגַּף בְּאֶבֶן, מַרְגִּישׁ הַכְּאֵב בְּמֹחוֹ וּמִצְטַעֵר. אַךְ הַיְנוּ כְּשֶׁאֵבָר הַנָּגוּף עוֹדֶנּוּ מְחֻבָּר בּוֹ טֶרֶם נֶחְתָּךְ, אֲבָל כְּשֶׁחוֹתְכִין אֶת הָאֵבֶר אֵין הַמֹּחַ מַרְגִּישׁ אֶת הַכְּאֵב מִפְּנֵי שֶׁהוּא נִכְרָת וְנִפְרָד מִשָּׁרְשׁוֹ.
La nature humaine est telle que, lorsqu’une partie quelconque de son corps, y compris même l’ongle de son doigt de pied (qui possède moins de vitalité et de sensibilité que les autres parties du corps) lui fait mal car il a heurté une pierre, il ressent cette douleur dans son cerveau et en souffre. Cependant, ceci est vrai tant que le membre heurté demeure relié à lui, de sorte que la vitalité de l’âme qui anime son corps se diffuse encore en lui. Cependant, si l’on coupe ce membre, le cerveau ne ressent plus de douleur s’il est heurté, du fait qu’il est coupé et séparé de sa racine. Ainsi, l’absence de sensation de douleur est la preuve de la déconnexion de ce membre du corps.
כָּךְ אֲנַחְנוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל מְחֻבָּרִים וּדְבֵקִים בּוֹ יִתְבָּרֵךְ, וְלָכֵן צְרִיכִים אֲנַחְנוּ לְהַרְגִּישׁ הַכְּאֵב וְהַפְּגָם שֶׁפָּגַמְנוּ וְהוֹרַדְנוּ בְּגָלוּת נִיצוֹץ אֱ-לֹהוּתוֹ יִתְבָּרַךְ.
De même, nous autres, les Enfants d’Israël – même les plus bas d’entre nous, qui, au sein du grand corps que forme le peuple juif, peuvent être comparés aux ongles du pied1 – sommes reliés et attachés à D.ieu, béni soit-Il, de sorte que nous devons normalement ressentir la douleur et l’atteinte que nous avons portée en faisant descendre en exil l’étincelle de Divinité qui est en nous à travers nos fautes.
כִּי "אַף עַל פִּי שֶׁחָטָא כוּ'", וְיֵשׁ לוֹ בְּחִינַת נִיצוֹץ אֱ-לֹהוּת הַנָּ"ל וְאֵינֶנּוּ מִסְתַּלֵּק מִמֶּנּוּ, אֶלָּא שֶׁהוּא בְּגָלוּת.
Car même celui qui a fauté et a ainsi relégué son étincelle divine en exil demeure encore relié à sa source, comme l’ont enseigné nos Sages2 : « Bien qu’il ait fauté, il demeure [un membre du peuple d’]Israël » et il conserve cette qualité d’être « Israël », ce qui signifie qu’il possède ce niveau d’étincelle de Divinité, qui ne se défait pas de lui, comme nous l’avons vu plus haut dans l’explication du nom « Israël », « Sar E-l », c’est-à-dire qui a en soi le rayonnement du nom divin « E-l », mais en l’occurrence, celui-ci est « en exil », c’est-à-dire voilé et occulté en lui.3
וְלֹא עוֹד אֶלָּא שֶׁעֲדַיִן נִקְרָא בְּמַעֲלוֹת וּמַדְרֵיגוֹת הַ"שָּׂר", שֶׁהוּא בְּחִינַת יִשְׂרָאֵל הַנָּ"ל.
Non seulement possède-t-il encore le degré de « E-l », mais celui-ci est encore appelé – c’est-à-dire qu’il est encore du niveau de – « sar », signifiant que le Divin est dominant en lui, de sorte qu’il est « Sar E-l », c’est-à-dire « Israël », comme nous l’avons expliqué plus haut.
כִּי אֵינוֹ דּוֹמֶה מַעֲלַת הַשָּׂר - עִם הֱיוֹתוֹ בַּשִּׁבְיָה - לְמַעֲלַת הַהֶדְיוֹט, כִּי עֲדַיִן נִכָּר וְיָדוּעַ מַעֲלָתוֹ שֶׁל הַשָּׂר, וּבִתְנוּעָה אַחַת יָכוֹל שֶׁיְּהָפֵךְ מִן הַהֵפֶךְ אֵל הַהֵפֶךְ לְגַמְרֵי לַחֲזֹר לְקַדְמוּתוֹ כוּ',
Ainsi il est plus facile pour lui de sortir de son exil intérieur, car la grandeur d’un sar, un gouverneur – même lorsqu’il est en captivité – ne peut se comparer avec la grandeur d’un homme ordinaire, car la grandeur du sar demeure perceptible et reconnue, de sorte qu’en un seul mouvement, il peut se transformer totalement du tout au tout et revenir à son état antérieur.4
אַךְ מַה שֶׁאֵינוֹ מַרְגִּישׁ בְּנַפְשׁוֹ הַכְּאֵב וְהַפְּגָם, הַיְנוּ מִפְּנֵי שֶׁפָּגַם כָּל כָּךְ עַד שֶׁנִּפְרַד וְנִכְרַת מִשָּׁרְשׁוֹ לְגַמְרֵי.
Dès lors, même un fauteur juif devrait ressentir la douleur liée à la situation de l’étincelle divine qui est en lui, et la miséricorde que cela inspire. Mais le fait qu’il ne ressente pas dans son âme la douleur et l’atteinte portée à son étincelle divine découle du fait qu’il a tellement porté atteinte à celle-ci au point de se dissocier et de se couper totalement de sa racine spirituelle en D.ieu.
וּמִזֶּה אַדְּרַבָּה יְעוֹרֵר רַחֲמִים יוֹתֵר גְּדוֹלִים, עִם הֱיוֹת שֶׁאֵינוֹ מַרְגִּישׁ הָרַחְמָנוּת עַל עַצְמוֹ.
Et plutôt que de le plonger dans le désespoir, ce constat doit au contraire l’inspirer à invoquer de la part de D.ieu qu’Il suscite à son égard une miséricorde encore plus importante, bien qu’il ne ressente pas de miséricorde envers lui-même, s’étant coupé de sa source.
כְּמוֹ שֶׁכָּתוּב בְּמָקוֹם אַחֵר עַל מַאֲמָר "בְּרַחֲמֶיךָ הָרַבִּים רַחֵם עָלֵינוּ", פֵּרוּשׁ: מִפְּנֵי שֶׁאֲנַחְנוּ אֵין שִׂכְלֵנוּ הַדַּל מַשִּׂיג גֹּדֶל הָרַחְמָנוּת וְכוּ'.
Comme il est écrit dans un autre endroit5 sur l’expression de la prière6 « Dans Ta grande miséricorde, aie pitié de nous », c’est-à-dire : bien que nous, notre pauvre esprit ne parvient pas à comprendre la grandeur de notre détresse spirituelle et la miséricorde que celle-ci doit susciter, Toi qui comprends notre situation, éveille Ta miséricorde dans la grande mesure qui s’impose...
כִּי מִדַּת רַחְמָנוּת, מִדָּתוֹ שֶׁל יַעֲקֹב "מַבְרִחַ מִן הַקָּצֶה אֶל הַקָּצֶה".
Et la raison pour laquelle nous pouvons invoquer la miséricorde alors que nous nous trouvons si bas que nous ne la ressentons pas nous-mêmes, tient à la nature même de la miséricorde. En effet, l’attribut de miséricorde est celui de Yaakov, notre patriarche Jacob, que le Zohar7 associe au verset : « La traverse du milieu passe [dans les planches du Sanctuaire] d’une extrémité à l’autre »,8 c’est-à-dire que la miséricorde divine a pour vertu d’atteindre l’extrémité la plus basse et ainsi de s’appliquer même à une personne si basse qu’elle ne ressent aucune miséricorde vis-à-vis d’elle-même.
וְאִם גַּם בְּזֹאת לֹא יִתְעוֹרֵר בּוֹ מִדַּת רַחְמָנוּת הַנָּ"ל, הִנֵּה זֹאת הָעֵצָה הַיְעוּצָהּ,
La conscience de l’aspect dramatique de sa situation – de ne pas ressentir de pitié de sa propre déchéance – devrait pousser cet homme à invoquer sincèrement la miséricorde de D.ieu envers lui. Mais si malgré cela, bien qu’il médite à ce qui précède, cette personne ne ressent rien aucune amertume de sa situation, au point que la nécessité d’invoquer l’attribut de miséricorde de D.ieu ne s’éveille pas en lui, le conseil suivant lui est adressé :
דְּהִנֵּה כְּתִיב "הָרוֹעֶה בַּשּׁוֹשַׁנִּים", וּפֵרוּשׁ בַּזֹּהַר: מַה שׁוֹשַׁנָּה אִתְהַפֵּךְ מִגָּוָון סוּמָּק לְגָוָון חִוָּור עַל יְדֵי אֶשָּׁא כוּ'.
Dans le verset9 sur lequel ce maamar est basé, « Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi », il est écrit à la suite : « [Ani leDodi, veDodi li] haRoé bachochanim », « qui fait paître [son troupeau] parmi les roses », ce que le Zohar10 explique ainsi : « Tout comme la rose passe de la couleur rouge à la couleur blanche en étant exposée au feu »,
כָּךְ הִנֵּה כְּתִיב "אִם יִהְיוּ חֲטָאֵיכֶם כַּשָּׁנִים, כַּשֶּׁלֶג יַלְבִּינוּ", שֶׁהַחֵטְא נִקְרָא אָדֹם, וְכֵן כָּל הַמַּעֲשִׂים וְהַדִּבּוּרִים וְהַמַּחֲשָׁבוֹת שֶׁבְּכָל עִנְיְנֵי הָעוֹלָם נִקְרָאִים גַּם כֵּן אָדֹם, לְפִי שֶׁהֵמָּה מַחְשְׁבוֹת הַיֵּצֶר וְתַחְבּוּלוֹתָיו, יִתְהַפֵּךְ "לְגַוָּון חִוַור", שֶׁהוּא בְּחִינַת "כַּשֶּׁלֶג יַלְבִּינוּ", עַל יְדֵי בְּחִינַת אֵשׁ.
De même, il est écrit : « Même si vos péchés seront [rouges] comme l’écarlate, ils blanchiront comme la neige. »11 Or le péché est appelé adom, rouge, de même que toutes les actions, les paroles et les pensées investies dans les sujets du monde sans les relier à la volonté de D.ieu sont aussi appelées adom, rouge, car elles sont les fruits des pensées du mauvais penchant et de ses ruses. Toutefois, tout cela peut passer à « la couleur blanche », et accomplir ainsi les termes du verset : « ils blanchiront comme la neige », grâce au service de D.ieu qui est comme le feu. En effet, en hébreu « blanchir » se dit liboun qui signifie également « passer au feu ».12
וְהִנֵּה יֵשׁ אֵשׁ-שֶׁלְּמַעְלָה וְאֵשׁ-שֶׁלְּמַטָּה. וְאֵשׁ-שֶׁלְּמַעְלָה לֹא כָּל אָדָם זוֹכֶה לְזֶה. אַךְ אֵשׁ-שֶׁלְּמַטָּה הוּא עִנְיָן סִגּוּפִים וְתַעֲנִיּוֹת, לְמַעֵט חֶלְבּוֹ וְדָמוֹ שֶׁהֵם מִסִּטְרָא דִּקְלִפַּת נֹגַהּ. וְאָז "יָאֵר ה' פָּנָיו", בְּחִינַת הֶאָרַת פָּנִים כַּנָּ"ל:
Le feu désigne des souffrances qui purifient l’âme. Cependant nos Sages distinguent deux niveaux de feu : il y a le « feu d’en haut » et le « feu d’en bas ». Le « feu d’en haut », qui désigne des souffrances envoyées du Ciel pour purifier la personne, ce n’est pas n’importe qui qui peut le mériter (comme il est écrit13 : « [précisément] celui qu’Il aime, l’Éternel le châtie »14.), en revanche, l’homme ordinaire qui n’a pas ce mérite peut utiliser le « feu d’en bas » qui désigne les mortifications et les jeûnes,15 c’est-à-dire diminuer par le jeûne la masse de sa graisse et de son sang qui ont été nourris par son comportement déconnecté de la volonté divine et dont la vitalité relève donc de la klipat nogah, la force égoïste pouvant changer en bien. Et alors « D.ieu fera rayonner Son visage » vers lui, c’est-à-dire qu’il bénéficiera du rayonnement de la profondeur (« pnim ») de la Volonté de D.ieu, mentionné précédemment.
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