Ce récit nous vient de Rabbi Yaakov Kaidaner (auteur de Sipourim Noraïm) qui l’entendit d’un citoyen respecté de Vitebsk, qui l’avait lui-même entendu du petit-fils de Rabbi Yaakov Yéhochoua Falk, l’auteur du Pnei Yéhochoua et l’un des principaux protagonistes de l’histoire.
Au moment où se déroule notre histoire, Rabbi Yaakov Yéhochoua – un talmudiste renommé qui occupait la fonction de rabbin de Francfort – n’avait jamais vu le Baal Chem Tov, mais avait entendu parler de sa piété, de son érudition et de sa bonté.
Chaque année, Rabbi Yaakov Yéhochoua avait le privilège de recevoir Rabbi Dov Ber de Mézeritch, un talmudiste du plus haut rang. De constitution faible, Rabbi Dov Ber se rendait chaque année en cure aux sources thermales de Carlsbad. En chemin, il veillait à passer par Francfort pour avoir le plaisir de discuter de Torah avec l’éminent rabbin de la ville.
Il arrivait que, dans leurs conversations, ils évoquent le Baal Chem Tov dont la popularité allait en grandissant. Rabbi Dov Ber était inquiet de la nouvelle perspective et de la nouvelle approche du Baal Chem Tov et exprimait ses préoccupations.
Il arriva une fois qu’alors que Rabbi Yaakov Yéhochoua était en train d’enseigner à ses étudiants, une calèche s’arrêta à l’extérieur de la maison d’étude. Le passager envoya son assistant à l’intérieur pour demander que le rabbin sorte et vienne parler avec lui d’une question confidentielle.
« Je suis désolé, dit Rabbi Yaakov Yéhochoua, mais je ne peux pas interrompre l’étude de la Torah du groupe pour le bien d’un individu. Il peut entrer, et je serai heureux de lui parler lorsque j’aurai terminé. »
L’assistant revint bientôt avec le message que le problème était si important qu’il prenait le pas sur l’étude de la Torah.
Entendant cela, Rabbi Yaakov Yéhochoua sortit et salua l’étranger dans la calèche.
« Le boucher de votre ville, celui auquel tout le monde a confiance pour leur fournir de la viande casher, vend en réalité des viandes non casher. »« Écoutez, dit l’homme depuis son siège, le boucher de votre ville, celui en qui tout le monde a confiance pour leur fournir de la viande casher, vend en réalité des viandes non casher. Cela dure depuis plus de 10 ans. Après votre cours, convoquez-le et parlez-lui, et vous verrez qu’il avouera ses torts. »
À peine eut-il fini de parler qu’il fit un signe à son cocher et la calèche partit en trombe avant même que le rabbin ait pu poser la moindre question.
Le rabbin fit appeler le boucher et fut atterré de découvrir que l’étranger avait raison. Les habitants juifs de Francfort mangeaient de la viande non casher depuis une décennie !
Bien qu’il ne puisse en être sûr, le rabbin soupçonnait que le mystérieux étranger qui connaissait ce secret si étroitement gardé était en fait le Baal Chem Tov.
Le temps passa et la même voiture s’arrêta une fois de plus devant la yéchiva de Francfort. Cette fois, le rabbin sortit dès que l’assistant le lui demanda. Effectivement, le même homme était assis à l’intérieur. « La prochaine fois que Rabbi Dov Ber vous rendra visite, dit-il, veuillez lui dire que son pied ne pourra pas guérir à moins qu’il vienne à moi. »
Encore une fois, la voiture s’ébranla avant que le rabbin ne puisse déterminer l’identité de son passager, mais il n’avait plus de doute : c’était assurément le Baal Chem Tov.
Et il en fut ainsi. Lorsque Rabbi Dov Ber s’en vint de nouveau à Francfort, son hôte lui fit part de cette étrange suite d’événements et l’encouragea à se rendre auprès du Baal Chem Tov. Rabbi Dov Ber se rendit donc à Mezhibozh où il devint le disciple dévoué du Baal Chem Tov (et où il fut également guéri de sa douloureuse affection au pied).
Avec le temps, le Baal Chem Tov conseilla à son nouvel élève de se rendre à Francfort. Là, il raconta à son hôte tout le respect qu’il avait acquis pour le Baal Chem Tov, qu’il considérait comme étant du niveau des sages de l’époque michnaïque.
« Mais qu’est-il arrivé à toutes tes questions ?, lui demanda Rabbi Yaakov Yéhochoua. Comment ont-elles trouvé réponse ? »
« Je vais t’expliquer, répondit Rabbi Dov Ber. Jusqu’à présent, je le considérais comme un homme ordinaire tel que nous, c’est pourquoi je m’interrogeais sur lui et sur ses voies. À présent je le connais et j’ai constaté qu’il relève plus de l’ange que de l’homme. Comme nous ne pouvons ne serait-ce qu’imaginer qui il est véritablement, il est naturel que nous ne puissions pas le comprendre, lui ou ses voies, ni espérer pouvoir y parvenir. »
Adapté et traduit de Sipourim Noraïm.
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