Ptolémée, roi d’Égypte, invita un jour soixante-dix Sages de Terre Sainte afin qu’ils fissent en langue grecque une traduction de la Bible.
Quand ils arrivèrent à Alexandrie, le souverain leur fit un accueil royal. Un grand festin eut lieu auquel les Sages d’Israël prirent part assise autour d’une table spéciale où seule la nourriture cachère leur était servie.
Ce festin dura sept jours au cours desquels le roi posa à chacun des Sages une question. Il commença par le plus âgé d’entre eux et lui demanda :
– Que conseillerait la Torah au roi de faire pour que toutes les années de son règne soient pleines de paix et de bonheur ?
Le Sage répondit : « Le roi devrait gouverner avec équité. Il ne devrait pas oublier qu’il y a un suprême Roi des rois qui règne sur le monde entier, qui est juste et miséricordieux, et que chaque roi se doit d’être Son serviteur. De la sorte, tous les sujets du roi aimeront le roi et son règne s’écoulera dans la paix et le bonheur. »
Au second Sage le roi demanda : « Que doit faire l’homme pour trouver le bonheur sur cette terre ? »
Et le Sage répondit : « Qu’il se souvienne que D.ieu sait tout ce qu’il fait, tout ce qu’il voit, tout ce qu’il pense. Qu’il soit bon et juste et qu’il adore D.ieu. »
Puis le roi dit au troisième Sage : « Que doit faire un homme pour avoir des amis ? »
Le Sage répondit : « Qu’il soit lui-même pour les autres un ami, s’efforçant toujours de leur rendre service sans rien attendre en retour, tout comme D.ieu est bon pour Ses créatures et ne leur demande pas de rétribution. »
La question suivante échut au quatrième Sage : « Que doit faire le roi à ceux qui réprouvent ses actes ? »
La réponse fut : « Que le roi soit patient et clément. Même dans ses moments de colère, qu’il s’efforce d’atténuer la sévérité de son jugement et qu’il soit toujours compatissant. Alors ses sujets ne pourront dire de lui que du bien. »
Au cinquième Sage le roi demanda : « Quelle devrait être la conduite du roi à l’égard de ses ennemis ? »
– Qu’il recherche toujours la paix, car la paix est plus forte que toutes les armées et que toutes les armes, fut la réponse.
– Mais les ennemis ne verront-ils pas là un signe de la faiblesse du roi ?, demanda-t-il au sixième Sage.
Le Sage dit : « Bien qu’il doive toujours rechercher la paix, le roi ne doit pas négliger son armée. Il faut qu’il soit toujours prêt à parer toute attaque d’un ennemi d’où qu’il vienne. »
Le roi se tourna alors vers le septième Sage et lui demanda : « Quel est le plus grand trésor du monde ? »
– La connaissance de D.ieu ; savoir que D.ieu est le Maître du monde et la Source de toute Vie et de tout Bien.
Au suivant, le roi posa cette question : « Quel est le plus grand trésor que nous puissions laisser à nos enfants ? »
À quoi le Sage répondit : « Leur apprendre à être humbles, à aimer D.ieu et à ne pas s’écarter de Lui. »
À un autre le roi demanda : « Que doit faire un homme quand il a des soucis ? »
Et la réponse fut : « Qu’il prie D.ieu de le secourir et, ce faisant, il doit avoir foi en le Tout-Puissant qui le délivrera de ses ennuis. Qu’il sache que tout homme sur terre connaît un jour ou l’autre le souci, mais que D.ieu vient en aide à chacune de Ses créatures. »
Enfin le roi dit : « J’ai posé assez de questions aujourd’hui. Je vois que la sagesse de D.ieu est en vous et vous suis reconnaissant d’être venus traduire la sainte Torah en notre langue. Grâce à votre travail, le reste du monde pourra lui aussi profiter de la sagesse de D.ieu. J’attends déjà avec impatience la suite du festin, demain, pour continuer à vous poser mes questions. »
Le jour suivant le festin recommença, et le roi se mit à interroger ses hôtes sur tous les sujets qui l’intéressaient. Leurs réponses le remplissaient d’aise. Jour après jour il revint, engageant à nouveau le dialogue. Et plus il s’entretenait avec les Sages, plus leur profonde sagesse le surprenait. Quand au bout de sept jours le festin prit fin, il se trouva que chacun d’eux avait répondu à une question posée par le roi.
Une fois les réjouissances terminées, l’on se mit à l’ouvrage. Les Sages furent installés chacun dans une pièce isolée des autres, et Ptolémée leur demanda de traduire la Torah, chacun à sa manière. Tant que dura leur travail, ils ne purent se voir ni communiquer les uns avec les autres. Chacun d’eux vécut dans une solitude totale.
Pourtant quand les soixante-dix versions individuelles furent achevées et que le roi les confronta les unes avec les autres, il ne fut pas peu surpris de les trouver toutes parfaitement identiques jusque dans leurs moindres détails !
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