Pirkei Avot (5:19) :
Quiconque a les trois traits suivants appartient aux disciples d’Abraham, notre père. S’il a trois différents traits, il est l’un des disciples du méchant Bilaam :
Les disciples d’Abraham observent toutes choses d’un bon œil, ils sont extrêmement humbles et modestes dans leurs désirs terrestres.
Les élèves de Bilaam considèrent tout d’un regard mauvais, ils sont orgueilleux et estiment que tout leur revient.
Quelle est la différence entre les disciples d’Abraham notre père et les disciples de Bilaam le méchant ?
Les disciples d’Abraham profitent dans ce monde et héritent du monde à venir, ainsi qu’il est écrit : « J’ai de quoi nourrir ceux qui M’aiment, et Je remplirai leurs trésors. »
Mais les disciples de Bilaam héritent du Guéhinom et descendent à la destruction, comme il est dit : « Et toi, D.ieu, Tu les feras descendre à la destruction. Ces hommes de sang et de connivence, leurs jours seront réduits de moitié. Mais moi, j’ai confiance en Toi. »
La question est bien connue : pourquoi la Michna demande-t-elle : « Quelle est la différence entre les disciples d’Abraham et les disciples de Bilaam ? » On nous l’a déjà dit : leurs caractères sont opposés. Et aussi : pourquoi faut-il nous dire que ceux-ci vont dans le monde à venir et ceux-là dans le Guéhinom ? Est-ce une surprise pour nous ?
Le Baal Chem Tov répondit à tout cela par une parabole :
Un roi avait un fils et désirait qu’il apprenne tout ce qu’un prince doit apprendre. Il engagea de nombreux tuteurs pour son fils, mais le prince ne manifesta aucun intérêt pour ces sujets. Un par un, ses professeurs l’abandonnèrent. Tous sauf un.
Mais il arriva un jour que le prince vit une jeune fille et il la désira. Pourquoi ? Seulement parce qu’elle semblait si jolie. Le précepteur du jeune prince protesta auprès du roi de ce comportement peu convenable du prince. Le roi, cependant, répondit que c’était bien.
« C’est bien qu’il ait envie de quelque chose, dit le roi, bien que ce soit un désir mal dirigé. Maintenant, nous pouvons le guider dans la bonne direction. »
Alors le roi ordonna que la jolie demoiselle soit amenée pour vivre dans le palais. Mais d’abord, elle fut amenée devant le roi dans la salle du trône. Là, le roi lui donna personnellement l’instruction suivante : « Si mon fils tente quoi que ce soit avec vous, répondez que vous n’avez aucun intérêt pour lui tant qu’il n’aura pas appris quelque chose. »
C’est ce qu’elle fit. Alors le prince se mit à étudier. Et une fois qu’il réussit à maîtriser un sujet, elle exigea qu’il en apprenne un autre. Alors le prince étudia encore. Et les choses se poursuivirent ainsi jusqu’à ce que le prince apprenne de nombreux sujets et acquière une grande sagesse.
C’est alors que le prince comprit que la beauté n’était pas tout, qu’il y avait de plus grandes choses à désirer et que tout ce que cette fille avait était une beauté superficielle et pas grand-chose d’autre. À présent il souhaitait épouser une femme avec qui il pourrait partager des questions de sagesse et parler des sciences et des beaux-arts.
Ainsi en est-il pour nous tous. Nous commençons tous avec une nature brute et des désirs tout à fait inappropriés. Mais cette nature peut être renversée pour le bien. Le mauvais penchant en nous peut devenir un trône pour le bien. Tout ce qui est nécessaire est un enseignant sage et patient qui a la perspicacité de voir les possibilités de l’avenir recelées dans le présent, de voir le bien qui se cache dans le mal – comme le roi le fit dans cette histoire.
Nous pouvons maintenant comprendre les mots de la Michna :
Les disciples d’Abraham ont en effet un sentiment de fierté qui est essentiellement le même que celui des étudiants de Bilaam. Et les disciples de Bilaam ont aussi un sentiment d’humilité. Il en résulte qu’il est effectivement difficile de les distinguer les uns des autres, et nous devons nous demander : « Quelle est la différence ? » Car superficiellement, ils peuvent sembler très similaires, étant animés par des esprits comparables.
Ce à quoi la Michna répond : les disciples d’Abraham, avec la puissance de leurs traits de caractère les moins nobles, « profitent dans ce monde » – ils s’élèvent de plus en plus haut dans ce monde dans leur stature spirituelle jusqu’à ce qu’ils « héritent du monde à venir ».
Ils ont également des yeux avares, mais ils utilisent cette qualité d’avarice pour se satisfaire de leurs maigres besoins matériels.
Ils ont aussi un sentiment de fierté, mais ils l’utilisent pour être fiers de leur mitsvas, comme le dit le verset : « Il a élevé son cœur dans les voies de D.ieu. »
Et ils ont aussi la passion d’acquérir, mais ils la consacrent à atteindre tous les délices spirituels qui peuvent être atteints dans le service divin.
Pendant ce temps, les disciples de Bilaam permettent à leurs pires traits de caractère de les amener de plus en plus bas et à leurs bons traits potentiels de les détruire. Oui, même un bon trait peut détruire une personne ! Comment ? L’humilité est un bon trait, mais les disciples de Bilaam, avec leur humilité, prétendent qu’ils ne sont pas dignes d’étudier les enseignements les plus profonds des sages ou de s’engager dans de nobles actes.
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