Extrait du Cantique des Cantiques (3,5) :

Sur mon lit, les nuits, je cherchais celui que mon âme aime. Je l’ai cherché, mais je ne l’ai pas trouvé.

Je vais donc me lever ! Je vais parcourir la ville, les places de marché, les rues. Je chercherai celui que mon âme aime !

Mais je ne l’ai pas trouvé.

Ils m’ont trouvée, les sentinelles qui surveillent la ville.

« Celui que mon âme aime, l’avez-vous vu ? »

À peine les avais-je quittés, quand j’ai trouvé celui que mon âme aime. Je l’ai serré fort. Je ne le lâcherai pas avant de l’avoir amené dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m’a mise au monde.

Je vous ai fait jurer, ô filles de Jérusalem, que vous deviendrez aussi impuissantes que les gazelles et les biches de la forêt si vous cherchez à susciter, à éveiller l’amour, jusqu’à ce qu’il désire.

Un grand et puissant roi construisit de nombreux murs et barrières, les unes à l’intérieur des autres, qui l’entouraient sous la forme d’un savant labyrinthe. Entre les murs, il creusa de profonds fossés, et il plaça des bêtes féroces et de nombreux gardes armés. Pourtant, ce labyrinthe ne nécessita aucune dépense, car tout était œuvre d’illusion.

Le roi envoya alors les gardes disperser des pièces d’or à l’entrée pratiquée dans chaque mur, augmentant leur montant à mesure que l’on s’approchait du roi. Tout cela pour tester l’enthousiasme et le désir ardent des citoyens du pays, pour savoir qui ferait l’effort de venir voir son roi.

Et, de fait, beaucoup entreprirent cet effort, mais peu s’approchèrent. Il y eut ceux qui rentrèrent chez eux dès qu’ils eurent ramassé quelques pièces à la première porte. D’autres prirent peur à la vue des bêtes féroces et des soldats armés et restèrent à l’écart. D’autres nagèrent dans les douves, combattirent les bêtes et ne craignirent pas les soldats, mais ils se contentèrent d’avoir pu s’approcher du roi, d’avoir contemplé une partie de sa gloire, et revinrent avec de l’or pour le prouver.

Mais le fils du roi s’étonna de tout ce qu’il voyait. Les barrières ne faisaient qu’amplifier la soif du fils envers son père. « Comment est-il possible, dit-il, qu’un roi si bon et si compatissant s’entoure de barrières aussi formidables ! »

Dans son grand désir, le prince franchit tous les obstacles et tous les dangers, sautant par-dessus les murs et ignorant les trésors de l’autre côté sans s’arrêter une seule fois. Car il n’était obsédé que par une chose : voir son père, le roi.

À ce moment-là, lorsque le roi vit les vaillants efforts de son fils bien-aimé, comment il risquait sa vie pour franchir toutes les barrières avec un désir ardent de retourner chez son père, il dissipa toutes les illusions. Le prince regarda autour de lui et vit qu’il n’y avait pas de murs, pas de barrières, pas de douves, pas de bêtes ni de soldats et pas de voiles. Seulement le roi.

Ainsi en est-il avec le grand et majestueux Roi des rois des rois, le Saint, béni soit-Il ! Il se cache derrière de nombreux voiles, barrières et murs de fer. Ce sont les barrières des pensées éparpillées, du temps perdu, des distractions matérielles et des plaisirs furtifs. Les barrières qui se dressent immédiatement quand on décide de s’élever et qui contrecarrent tout effort pour venir voir le vrai Roi.

Comme le dit le Zohar, le Bien Caché est entouré de ténèbres. Car il n’est pas de jour qui ne contient de bien, un bien caché dans les secrets de la Torah, dans l’attente de ceux qui le recherchent sans répit. C’est seulement que de nombreux obstacles sont dressés pour protéger ce bien, afin que seuls ceux qui chérissent vraiment le bien caché puissent l’atteindre.

Ceux qui pensent par eux-mêmes se rendent compte que toutes les barrières, les murs de fer, les voiles et les écrans ne sont rien d’autre que Lui-même, béni soit-Il. Telle une tortue qui se cache dans sa propre carapace, D.ieu se dissimule derrière Son propre monde. Les obstacles eux-mêmes sont aussi la sainte main du Roi. Car il n’est pas de lieu vide de Lui.

En réalité, de Son propre point de vue, Il ne se cache pas du tout.

Et quand on sait que D.ieu est partout et qu’il n’y a rien d’autre que Lui, alors on peut tout supporter.

Keter Chem Tov, simane 66. Voir aussi simane 51. Voir Deguel Ma’hané Ephraïm, fin de Parachat Ki Tavo.