La coutume dans les communautés ashkénazes est qu’à la conclusion de chacun des Cinq Livres de Moïse, la congrégation se lève et lance « ’Hazak, ‘hazak, venit’hazek ! » (« Soyons forts, soyons forts, et nous serons forts ! »),1 puis celui qui lit la Torah répète cette phrase. Dans la plupart des congrégations séfarades, la coutume est de dire « ’Hazak oubaroukh » (« Sois fort et béni ! ») à la fin de chaque aliyah à la Torah.

Tout a commencé avec D.ieu et Josué

Au début du livre de Josué, D.ieu encourage celui-ci en lui disant : « Mais tu devras être très fort et résolu (‘hazak veémats) pour observer fidèlement tous les enseignements que Mon serviteur Moïse t’a prescrits... Que ce livre de la Torah ne quitte pas ta bouche, mais récite-le jour et nuit afin que tu puisses accomplir fidèlement tout ce qui y est écrit... »2

Puisque les Écritures utilisent le terme « ce livre de la Torah », le Midrash comprend que Josué tenait le rouleau de la Torah entre ses mains et, lorsqu’il termina de le lire, D.ieu lui dit « ‘Hazak ».3 C’est pourquoi la coutume s’est développée de dire « ‘Hazak » à celui qui a fini de lire la Torah.4

Terminé quoi ?

Ainsi, les communautés séfarades disent « ‘Hazak » chaque fois que quelqu’un termine de lire une partie de la Torah. La coutume s’est ensuite développée de telle manière que les fidèles disent à la personne qui a été appelée à la Torah, ou à quiconque dirige la congrégation dans la prière ou récite le kaddish : « ‘Hazak oubaroukh » (« Sois fort et béni »), et la personne répond « ‘Hizkou véimtsou » (« Soyez fortifiés et vaillants »).

D’autre part, comme mentionné ci-dessus, les communautés ashkénazes ne disent « ’Hazak » que lorsqu’elles achèvent de lire un livre entier de la Torah.5

(En outre, la coutume ashkénaze répandue consiste à dire « ‘Hazak venit’hazek », expression tirée du livre de Samuel,6 au lieu de « ‘Hazak veémats », qui est la formule présente dans Josué. Bien que ces deux expressions aient un sens très similaire, il y a une différence essentielle à laquelle nous reviendrons plus tard.)

Maintenant, qu’est-ce que la force a à voir avec la Torah ?

La force de faire plus

Le Talmud nous enseigne que l’une des choses qui a constamment besoin de « renforcement » et d’amélioration est l’étude de la Torah.7 C’est pourquoi nous disons « ‘Hazak » pour nous renforcer dans l’étude de la Torah.8

Il est essentiel de revoir la Torah que nous avons apprise pour ne pas l’oublier. C’est pourquoi, après avoir terminé un chapitre ou un traité du Talmud, nous disons « Hadrane alakh », « Nous reviendrons vers toi ». De même, lorsque nous terminons un livre de la Torah, nous disons « ‘Hazak », autrement dit : « Puissions-nous avoir la force de réviser ce que nous avons appris. »9

De même, quand une personne fait une mitsva, nous lui disons « Yeshar koakh » (« Puisses-tu avoir plus de force »), ce qui signifie : « Tout comme tu as accompli cette mitsva, puisse D.ieu vouloir que tu en fasses beaucoup d’autres ! »10

Un élixir de vie

Selon son orthographe, le mot hébreu sam peut signifier « mettre » ou « potion ».11 Ainsi, Rabbi Yéhochoua ben Lévi a affirmé dans le Talmud :

Quelle est la signification du verset : « Et voici la Torah que Moïse a mise [sam] devant les enfants d’Israël » ?12 Si quelqu’un est méritant et étudie la Torah avec les bonnes intentions, la Torah devient pour lui une potion [sam] de vie. S’il n’est pas méritant, la Torah devient pour lui une potion de mort.13

Nous disons donc « ‘Hazak », exprimant notre souhait que la Torah apprise devienne un élixir de vie.14

Trois fois ‘Hazak

Certains ont coutume de prononcer le mot ‘hazak (חזק) trois fois, car il a pour valeur numérique 115 et 115 x 3 = 345, la valeur numérique de « Moïse » (משה) qui reçut la Torah.15 Cependant, la coutume veut que l’on dise : « ’Hazak, ‘hazak, venit’hazek » (« [Sois] fort, [sois] fort, et nous serons forts »). Le mot ‘hazak à lui seul signifie littéralement « fort » et peut faire référence au passé, tandis que venit’hazek se réfère à l’avenir. Ainsi, nous exprimons notre souhait que cette force se prolonge dans l’avenir.16

Le Rabbi de Loubavitch remarque que, bien que dans le livre de Josué, il soit écrit « ‘Hazak veémats », « Sois fort et résolu » (formule qui contient deux expressions de force), la coutume répandue est de dire « ’Hazak, ‘hazak, venit’hazek » (phrase qui comporte trois expressions de force). Pourquoi ? Parce que dans la loi juive, faire quelque chose trois fois est considéré comme un modèle établi ayant une force juridique.17

Qui dit ‘Hazak ?

Dans certaines communautés, la coutume veut que celui qui est appelé à la Torah ne dise pas « ‘Hazak ». L’une des raisons données à cela est qu’il n’est pas logique qu’il se bénisse lui-même en se souhaitant de la force.18 Cependant, la coutume est de dire « ’Hazak, ‘hazak, venit’hazek », ce qui signifie « Et nous serons forts » (par opposition à « ‘Hazak veémats », « Sois toi très fort et résolu »), ce qui implique que toute la congrégation est incluse dans la bénédiction. Ainsi, la coutume répandue19 (y compris la pratique ‘Habad) est que l’appelé à la Torah dise également « ’Hazak, ‘hazak, venit’hazek ! ».20

‘Hazak !