Bien que les sms et l’e-mail soient des inventions relativement nouvelles, la réponse à cette question nous ramène plus de mille ans en arrière à l’époque de Rabbénou Guerchom (960-1040), le plus ancien rabbin éminent du judaïsme ashkénaze. Rabbénou Guerchom est connu pour avoir promulgué plusieurs interdictions et règlements communaux, tels que l’interdiction de la polygamie (parmi les Ashkénazes). L’une des interdictions les plus connues est « de ne pas regarder une lettre qu’un ami a envoyée à un autre, à son insu. Si la lettre a été jetée, cela est permis. »1
Les raisons de l’interdiction
Un certain nombre de raisons ont motivé cette interdiction :
- Nous ne regardons pas la correspondance des autres pour ne pas en venir à propager des rumeurs ou à révéler des secrets, car cela constituerait de la rékhilout (colportage interdit).2
- Lire les écrits de quelqu’un d’autre sans permission est analogue à emprunter quelque chose sans permission, ce qui est une forme de vol.3
- C’est incompatible avec l’enseignement rabbinique : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait. »4
Qu’est-ce qui est inclus dans l’interdiction ?
Il existe un désaccord quant à savoir si l’interdiction inclut un message comme une carte postale, dont le contenu est clairement visible à l’extérieur et non protégé par une enveloppe ou un sceau. Certains sont d’avis que, dans la mesure où il a été envoyé ouvertement, c’est la preuve que la personne n’est pas gênée par le fait que d’autres le lisent.5 D’autres affirment que l’expéditeur peut ne pas se soucier qu’un facteur anonyme le lise, mais pourrait être dérangé si des personnes de son cercle social le lisent.6
Cependant, il semble clair que cette interdiction inclut les courriers électroniques, les sms et les messages directs,7 car elle concerne l’atteinte à la vie privée.
Qu’en est-il d’un conjoint ?
Selon la loi juive, quiconque confie des articles ou de l’argent à un collègue le fait en sachant que ses objets peuvent être confiés à la garde de l’épouse de son collègue, de ses enfants adultes ou d’autres membres de sa maisonnée.8
Du fait que l’une des raisons de l’interdiction de lire le courrier de quelqu’un est considéré comme un emprunt sans autorisation, certains rabbins expliquent que l’on devrait pouvoir lire le courrier de son conjoint, car il est analogue à un article prêté à celui-ci.9
L’hypothèse est que l’expéditeur sait qu’un conjoint peut voir la communication et que le destinataire (votre conjoint) n’a sans doute aucun problème avec cela. Cependant, dans un scénario dans lequel votre conjoint ne vous laisse pas voir ses communications privées, il peut (du moins en général) être problématique de le faire.
Si cela ne vous convient pas, je vous recommande de lire La confidentialité du téléphone portable dans le mariage, qui traite de cette question du point de vue relationnel.
De plus, si vous avez besoin de voir les communications de votre conjoint pour prévenir l’adultère, le vol, des dommages monétaires ou physiques, etc., parlez-en à un rabbin compétent. L’interdiction peut ne pas s’appliquer dans une telle situation, car son objectif est de minimiser le péché et non de le faciliter.10
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