[Dans les chapitres précédant le chapitre 32, l’Admour Hazakène a expliqué que lorsqu’un Juif ressent de la tristesse à cause de sa mauvaise situation spirituelle, il doit éveiller en soi une joie authentique en se disant qu’à travers l’accomplissement des commandements divins, il extrait son âme divine de son exil et se rapproche de D.ieu.]

La joie issue de la proximité de D.ieu

Une autre manière d’atteindre une joie de l’âme véritable est de se représenter avec clarté l’unité divine, c’est-à-dire que D.ieu n’est pas seulement « le seul D.ieu », mais que Son existence est la seule véritable existence, ceci s’exprimant :

Il est seul et unique comme avant d’avoir créé le monde
  1. dans la façon dont D.ieu est « immanent » à l’intérieur des mondes, accordant à chaque être créé une vitalité adaptée,
  2. dans la façon dont D.ieu « transcende » les mondes, Sa Lumière infinie étant partout présente dans son infinité, jusque dans notre monde matériel, et
  3. dans le fait que toute chose est comme insignifiante devant Lui, de sorte que, dans l’absolu, Il est seul et unique comme avant d’avoir créé le monde.

De cette annulation des créatures devant D.ieu, l’Admour Hazakène donne deux métaphores :

  1. Les créatures, dont l’existence est l’effet de la parole divine, sont comparables aux lettres de la parole et de la pensée alors qu’elles sont encore dans leur source, au sein de l’âme, où elles n’ont pas encore la forme de lettres.
  2. Les créatures sont comme le rayonnement de la lumière du soleil à l’intérieur même du globe solaire : bien que le rayonnement s’y trouve dans toute sa force, il n’a aucune existence propre, pas même comme l’expression de sa source. Seule sa source elle-même est exprimée.
D.ieu est présent ici avec lui, dans sa réalité, dans toute Son infinité

En méditant abondamment à cela, le Beinoni parviendra à une joie immense en considérant que telle est la raison d’être de l’homme, de l’univers et de « l’enchaînement des mondes » tout entier : que ce monde ici-bas soit une « demeure pour D.ieu » dans laquelle Il révèle son Unité. Et donc D.ieu est présent ici avec lui, dans sa réalité, dans toute Son infinité.

Une foi surhumaine

C’est ainsi qu’au début de nos prières quotidiennes nous manifestons une joie sans borne en nous exclamant sur « la beauté de notre héritage », car, tout comme quiconque se réjouirait de recevoir en héritage un trésor inestimable qu’il lui aurait été impossible d’amasser par ses propres forces, nous nous réjouissons d’avoir reçu en héritage de nos Patriarches la capacité de vivre dans ce monde matériel cette foi en l’unité divine absolue et donc de vivre consciemment dans la demeure de D.ieu, ce à quoi l’entendement humain ordinaire ne peut pas parvenir par ses propres forces.

Cette conscience et la joie qu’elle suscite cristallisent toute la motivation d’un Juif au service divin. Le Talmud dit en effet : « D.ieu a donné 613 commandements à Israël, et le prophète Habacuc les a fait tenir sur un seul, comme il est dit : “le Juste vivra par sa foi” (Habacuc 2,4). »

En effet, la joie ressentie à travers cette foi vitalise tellement l’âme que celle-ci peut alors s’élever au-dessus de tout ce qui se dresse devant l’accomplissement des 613 commandements, que cela vienne de l’intérieur (du corps et de l’âme animale) ou de l’extérieur, au point où même une personne totalement démotivée et déprimée, « morte » moralement, ressuscitera et « vivra » grâce à cette foi.

Une double joie

La joie du Juif qui vit la foi en l’unité divine perceptible en ce monde, permettant ainsi d’en faire une « demeure pour D.ieu, est redoublée, car il y a :

  1. la joie de l’âme consciente de la proximité de D.ieu qui réside avec lui, et
  2. la joie et le plaisir de D.ieu que « l’Autre côté » soit ainsi subjugué, puis que son obscurité soit transformée en lumière par les efforts de l’homme motivé par cette foi.
Chaque Juif, chaque Juive doit partager la joie de D.ieu qui se réjouit de Sa demeure en ce monde matériel

Cette joie de D.ieu d’avoir une « demeure ici-bas » est d’autant plus intense, telle « la lumière qui jaillit de l’obscurité », sachant que ce monde matériel est un lieu opaque à la sainteté du fait des kelipot (« écorces ») qui voilent la lumière divine, et ce, plus encore en dehors de la Terre Sainte (jusqu’à l’ère messianique où D.ieu fera disparaître l’esprit d’impureté et où « toute chair verra la gloire de D.ieu » – Isaïe 40,5).

C’est ainsi qu’il est dit : « Qu’Israël se réjouisse en son Créateur » (Psaumes 149,2 ; prière du matin), ce qui signifie que chaque Juif, chaque Juive doit partager la joie de D.ieu qui se réjouit de Sa demeure en ce monde matériel, lorsque Son unité fondamentale se révèle et s’exprime au sein de la diversité du monde.

Car par l’effet de cette foi de l’homme et des comportements qu’elle engendre, le « domaine de la multitude », l’espace « public », obscur du fait de ses divisions et de ses contradictions égoïstes, se transforme en « domaine de l’Unique », l’espace « privé » et intime de D.ieu, lumineux car les créatures, en harmonie au sein de leur diversité, y expriment l’unité intrinsèque sous-jacente de la création, reflet de l’unité divine.

Conclusion :
Dans ce chapitre, l’Admour Hazakène a expliqué qu’un Juif doit parfois raffiner son âme grâce deux joies : 1. la joie issue de la méditation sur l’unité absolue de D.ieu, devant qui toute la création est comme insignifiante et qui est donc présent auprès de lui ici-bas dans toute Son infinité, et ce, de façon révélée pour peu qu’il Lui y fasse une « demeure » en accomplissant Sa volonté. 2. Il doit aussi partager la joie de D.ieu qui résulte de la réalisation de cette « demeure ici-bas ».