Le maamar suivant, comprenant les chapitres 1 à 5 (c’est-à-dire la première partie) de la série de discours portant le titre général de Bati LeGani, fut publié à l’avance pour être étudié le Chabbat Parachat Bo, Youd Chevat 5710 (1950), en l’honneur du yahrtseit de la grand-mère de l’auteur, la sainte Rabbanit Rivka.

בס"ד, שַׁבָּת פָּרָשַׁת בֹּא יוּ"ד שְׁבָט, ה'תש"י

יָארְצַיְיט כְּבוֹד אִמּוֹ זְקֵנָתוֹ הָרַבָּנִית הַצִּדְקָנִית מָרַת רִבְקָה נִשְׁמָתָהּ עֵדֶן זְכוּתָהּ יָגֵן עָלֵינוּ

בָּאתִי לְגַנִּי אֲחֹתִי כַלָּה, וְאִיתָא בְּמִדְרָשׁ רַבָּה (בִּמְקוֹמוֹ) "לְגַן אִין כְּתִיב כָּאן אֶלָּא לְגַנִּי לְגִנּוּנִי, לְמָקוֹם שֶׁהָיָה עִקָּרִי בִּתְחִלָּה",

« Je suis venu dans mon jardin, Ma sœur, Mon épousée. » — Chir HaChirim 5,1

Le Cantique des Cantiques (Chir HaChirim), explique le midrash, ne doit pas être compris de façon littérale : c’est une métaphore décrivant la relation entre D.ieu et Son épousée, le peuple juif.

Le verset ci-dessus, par exemple, fait référence au temps de la construction du Sanctuaire, lorsque la Chekhinah entra dans Son jardin – car c’est à ce moment que la Présence Divine, qui S’était éloignée pour un temps, fut de nouveau révélée dans ce monde.

Le terme hébraïque signifiant « dans Mon jardin » est à présent expliqué.

Le Midrash Rabba (sur le verset ci-dessus) observe que le mot utilisé n’est pas LeGan qui signifierait « dans le jardin », mais LeGani qui signifie « dans Mon jardin » – et cela sous-entend LeGuinouni, ce qui signifie « dans ma chambre nuptiale. »

Car, comme l’expliquent les commentaires du Midrash, cette forme possessive implique un lieu privé, tel que la chambre dans laquelle l’union spirituelle de l’époux et de l’épouse est consommée.

La Présence Divine dit ainsi : « Je suis entré dans ma chambre nuptiale, dans le lieu où mon essence était révélée à l’origine. »

דְּעִקַּר שְׁכִינָה בַּתַּחְתּוֹנִים הָיְתָה, וְעַל יְדֵי חֵטְא עֵץ הַדַּעַת נִסְתַּלְּקָה הַשְּׁכִינָה מֵאֶרֶץ לָרָקִיעַ, וְעַל יְדֵי חֵטְא קַיִן וֶאֱנוֹשׁ נִסְתַּלְּקָה הַשְּׁכִינָה מֵרָקִיעַ א' לְב' וְג', וְאַחַר כָּךְ בְּדוֹר הַמַּבּוּל נִסְתַּלְּקָה מֵרְקִיעַ גּ' לְד', וְכִדְאִיתָא בְּמִדְרָשׁ רַבָּה עַל פָּסוּק "וְיִשְׁמַע אֶת קוֹל הֲוָיָ’ אֱלֹקִים מִתְהַלֵּךְ בַּגָּן", אָמַר רַבִּי אַבָּא "מְהַלֵּךְ" אִין כְּתִיב כָּאן אֶלָּא "מִתְהַלֵּךְ", קָפִיץ וְאָזֵיל קָפִיץ וְאָזֵיל,

Le Midrash continue : « Au début, l’essence de la Chekhinah était manifeste dans ce bas monde.

Cependant, à la suite du péché primordial de l’Arbre de la Connaissance, la Chekhinah s’éloigna de la terre et s’éleva dans les cieux.

Plus tard, à cause du péché de Caïn puis de celui d’Énoch, la Chekhinah se retira encore plus loin de ce monde, s’élevant du ciel le plus proche au deuxième, puis au troisième.

Plus tard encore, les péchés de la génération du Déluge la firent reculer du troisième au quatrième ciel, et ainsi de suite.

Le Midrash Rabba enseigne qu’il est fait allusion à ce recul progressif de la Présence Divine révélée dans la formulation du verset disant qu’Adam [et Ève] « entendit le son de D.ieu qui s’en allait dans le jardin ».1

R. Abba fait remarquer : « Le verset n’utilise pas la forme attendue du verbe, Mehalekh, mais plutôt Mithalekh, ce qui suggère qu’ils entendirent la Présence Divine qui se retirait en “sauts successifs”. »

וְאַחַר כָּךְ עָמְדוּ שִׁבְעָה צַדִּיקִים וְהוֹרִידוּ אֶת הַשְּׁכִינָה לְמַטָּה, אַבְרָהָם זָכָה וְהוֹרִיד אֶת הַשְּׁכִינָה מֵרְקִיעַ ז' לְו', וְיִצְחָק מִו' לְה', עַד כִּי מֹשֶׁה שֶׁהוּא הַשְּׁבִיעִי (וְכָל הַשְׁבִּיעִין* חֲבִיבִין) הוֹרִידוֹ לְמַטָּה בָּאָרֶץ.

Le Midrash poursuit en expliquant qu’après que les péchés des sept premières générations eurent amené la Présence Divine à Se rétracter de sept niveaux spirituels de Sa manifestation initiale dans ce monde, sept tsadikim [justes] se levèrent qui, par leur service divin, firent redescendre à nouveau la Présence Divine ici-bas, dans ce monde.

Grâce au mérite d’Abraham, la Chekhinah fut ramenée du septième ciel au sixième, grâce au mérite d’Isaac, la Chekhinah fut ramenée du sixième ciel au cinquième, puis par les mérites de Jacob, de Lévi, de Kehat, d’Amram, jusqu’à Moïse, le septième de ces tsadikim (et « tous les septièmes sont chéris »2 ), a fait redescendre la révélation de la Chekhinah à nouveau ici-bas dans ce monde.

וְעִקַּר גִּלּוּי אֱלֹקוּת הָיָה בְּבֵית הַמִּקְדָּשׁ, דִּכְתִיב וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ וְשָׁכַנְתִּי בְּתוֹכָם, בְּתוֹכוֹ לֹא נֶאֱמַר אֶלָּא בְּתוֹכָם בְּתוֹךְ כָּל אֶחָד וְאֶחָד,

À ce moment-là, la Divinité fut principalement révélée dans le Beth HaMikdach [le Temple], comme il est écrit : « Et ils feront pour Moi un sanctuaire et Je résiderai en leur sein. »3

Or, il n’est pas dit à la fin du verset, comme on s’y serait attendu,betokho qui signifie « en son sein », mais betokham, qui signifie « en leur sein » – car D.ieu aspire à demeurer au sein – à l’intérieur – de chaque Juif.

וְזֶהוּ "צַדִּיקִים יִירְשׁוּ אָרֶץ וְיִשְׁכְּנוּ לָעַד עָלֶיהָ", צַדִּיקִים יִירְשׁוּ אָרֶץ שֶׁהוּא גַּן עֵדֶן, מִפְּנֵי מָה? לְפִי שֶׁהֵם מַשְׁכִּינִים (הָיִינוּ מַמְשִׁיכִים) בְּחִינַת שׁוֹכֵן עַד* מָרוֹם וְקָדוֹשׁ, שֶׁיִּהְיֶה בְּגִלּוּי לְמַטָּה.

Ce concept peut nous amener à une compréhension plus profonde du verset : « Les justes hériteront de la terre et résideront sur elle pour toujours. »4

Le mot la-ad, traduit ici « pour toujours », évoque le mot « ad » dans la phrase : « Celui qui réside pour toujours, exalté et saint [est Son nom]. »5

Notre verset peut donc être compris comme suit :

Les justes hériteront de la terre, ce qui est une allusion au Gan Éden, pour quelle raison ? Du fait qu’ils font résider (c’est-à-dire qu’ils font descendre) « Celui qui réside pour toujours, exalté et saint », de sorte qu’Il soit révélé dans ce monde matériel ici-bas.

וְזֶהוּ "בָּאתִי לְגַנִּי לְגִנּוּנִי לְמָקוֹם שֶׁהָיָה עִקָּרוֹ בִּתְחִלָּה", דְּעִקַּר שְׁכִינָה בַּתַּחְתּוֹנִים הָיְתָה. וְהָעִנְיָן הוּא דְּהִנֵּה תַּכְלִית הַכַּוָּנָה בִּבְרִיאַת וְהִתְהַוּוּת הָעוֹלָמוֹת, דְּנִתְאַוָּה הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לִהְיוֹת לוֹ יִתְבָּרַךְ דִּירָה בַּתַּחְתּוֹנִים, שֶׁיִּהְיֶה גִּלּוּי אֱלֹקוּת לְמַטָּה עַל יְדֵי עֲבוֹדַת הָאָדָם, עַל יְדֵי אִתְכַּפְיָא וְאִתְהַפְּכָא, דִּנְשָׁמָה תֵּרֵד לְמַטָּה לְהִתְלַבֵּשׁ בְּגוּף וְנֶפֶשׁ הַבַּהֲמִית, וְהֵם יַעֲלִימוּ וְיַסְתִּירוּ עַל אוֹר הַנְּשָׁמָה, וּבְכָל זֹאת תִּפְעוֹל הַנְּשָׁמָה בֵּירוּר וְזִכּוּךְ הַגּוּף וְנֶפֶשׁ הַבַּהֲמִית, וְגַם חֶלְקוֹ בָּעוֹלָם.

En ayant ceci à l’esprit – à savoir la révélation de la Présence Divine dans le sanctuaire et, plus particulièrement, la révélation de la dimension divine en soi que chaque personne assure par la construction de son Sanctuaire personnel – nous pouvons mieux comprendre l’interprétation du verset : « Je suis venu dans Mon jardin », comme signifiant : « Je suis entré dans Ma chambre nuptiale », c’est-à-dire que la Chekhinah évoque Son retour à l’emplacement originel de Sa demeure essentielle : parmi les êtres inférieurs.

Le but ultime de la création des mondes spirituel et physique était que « D.ieu désirait avoir une demeure dans les mondes inférieurs »6 :

Il désirait que la Divinité soit révélée même dans la dimension matérielle ici-bas – au moyen du service divin de l’homme consistant à subordonner et à transformer sa nature physique ; Il désirait que l’âme divine descende de ses hauteurs spirituelles se revêtir dans un corps doté d’une âme animale, qui dissimuleraient et obscurciraient la lumière de l’âme divine ; et malgré tout cela, à travers l’étude de la Torah et le respect des commandements, l’âme divine raffinerait et purifierait le corps et l’âme animale, ainsi que sa part dans le monde, c’est-à-dire son environnement.

וְזֶהוּ וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ וְשָׁכַנְתִּי בְּתוֹכָם, בְּתוֹךְ כָּל אֶחָד וְאֶחָד, וְהוּא עַל יְדֵי הָעֲבוֹדָה בַּעֲבוֹדַת הַבֵּרוּרִים בִּבְחִינַת אִתְכַּפְיָא וְאִתְהַפְּכָא, וּכְמַאֲמָר "כַּד* אִתְכַּפְיָא סִטְרָא אַחְרָא אִסְתַּלֵּק יְקָרָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּכֻלְּהוּ עָלְמִין".

Tel est donc le sens du verset cité ci-dessus : « Et ils feront pour Moi un sanctuaire et Je résiderai en leur sein » – au sein de chaque Juif.

L’individu réalise cela, la révélation de la présence divine dans son Sanctuaire personnel, par son service divin consistant à raffiner la matérialité, en subordonnant et en transformant sa nature physique.

Dans cet esprit, il est écrit dans le Zohar7 : « Lorsque la sitra a’hara [lit., “l’autre côté”, c’est-à-dire la force cosmique s’opposant la sainteté] est soumise, la gloire de D.ieu s’élève et se diffuse dans tous les mondes. »

וְהִנֵּה מַה שֶׁנֶּאֱמַר "בְּכֻלְּהוּ עָלְמִין", הַכַּוָּנָה עַל מַדְרֵגַת הָאוֹר דְּהוּא בְּכֻלְּהוּ עָלְמִין בְּשָׁוֶה, וְהָיִינוּ אוֹר הַסּוֹבֵב כָּל עָלְמִין שֶׁמֵּאִיר בְּכָל הָעוֹלָמוֹת בְּשָׁוֶה,

Lorsque le Zohar emploie l’expression « dans tous les mondes », il entend évoquer un niveau de lumière divine diffusé de manière égale dans tous les mondes, c’est-à-dire l’illumination divine transcendante que la Kabbale appelle « Sovev kol almine » qui rayonne dans tous les mondes de façon identique.

La lumière de Sovev kol almine est, en effet, une.

דְּבָעוֹלָמוֹת הֲרֵי יֵשׁ חִלּוּקֵי מַדְרִיגוֹת, דְּאֵינוֹ דּוֹמֶה עוֹלָמוֹת עֶלְיוֹנִים לְעוֹלָמוֹת תַּחְתּוֹנִים, דְּבָעוֹלָמוֹת הָעֶלְיוֹנִים מֵאִיר הָאוֹר בְּגִלּוּי, וּבְעוֹלָמוֹת הַתַּחְתּוֹנִים הָאוֹר אֵינוֹ מֵאִיר בְּגִלּוּי כָּל כָּךְ, וְיֵשׁ שֶׁהָאוֹר בָּא בִּבְחִינַת הֶעְלֵם וְהֶסְתֵּר, וְיֵשׁ בְּזֶה חִלּוּקֵי מַדְרִיגוֹת, וּכְמוֹ שֶׁכָּתוּב "אַף יָדִי יָסְדָה אֶרֶץ וִימִינִי טִפְּחָה שָׁמָיִם", וְאִיתָא בַּמִּדְרָשׁ*: "נָטָה יְמִינוֹ וּבָרָא שָׁמַיִם וְנָטָה שְׂמֹאלוֹ וּבָרָא אָרֶץ", וְיָדוּעַ דְּיַד יָמִין מוֹרֶה עַל הָאוֹר וְהַגִּלּוּי יוֹתֵר, וְזֶהוּ וִימִינִוֹ טִפְּחָה שָׁמַיִם, דְּ"שָׁמִים" הַכַּוָּנָה עוֹלָמוֹת הָעֶלְיוֹנִים שָׁם הַגִּלּוּי בִּבְחִינַת יָמִין שֶׁהוּא גִּלּוּי הָאוֹר, וְהָאוֹר עַצְמוֹ הוּא בִּבְחִינַת גִּלּוּי, וְ"אֶרֶץ" הַכַּוָּנָה עוֹלָמוֹת הַתַּחְתּוֹנִים הֵם מִבְּחִינַת שְׂמֹאל שֶׁאֵין הָאוֹר בְּגִלּוּי כָּל כָּךְ, וְגַם הָאוֹר עַצְמוֹ בָּא בִּבְחִינַת הֶעְלֵם וְהֶסְתֵּר,

Les mondes spirituels se répartissent en différents niveaux, et les mondes supérieurs ne sont pas comparables aux mondes inférieurs : dans les mondes les plus élevés, la lumière divine rayonne de façon manifeste, tandis que dans les mondes inférieurs, la révélation n’est pas aussi apparente. À certains niveaux, la lumière est même cachée et obscurcie.

Le Midrash8 fait référence à cette variété de niveaux dans son commentaire sur le verset : « Ma main a fondé la terre, et Ma main droite a étendu les cieux. »9

Il déclare : « Il étendit Sa main droite et créa les cieux ; Il étendit Sa main gauche et créa la terre. »

Comme on le sait, la main droite désigne une plus grande lumière et une révélation plus manifeste que ne le fait la main gauche. Le sens de « Ma main droite a créé les cieux » est donc que dans « les cieux », c’est-à-dire les degrés spirituels supérieurs, la lumière divine est à la fois plus intense et plus révélée, et dans « la terre », qui désigne les degrés spirituels inférieurs qui relèvent du « côté gauche », celui de la rigueur et de la contraction [tsimtsoum], la lumière divine est à la fois moins révélée et plus dissimulée.

כַּיָּדוּעַ הַהֶפְרֵשׁ בְּד' עוֹלָמוֹת, דִּכְתִיב "כֹּל הַנִּקְרָא בִשְׁמִי וְלִכְבוֹדִי בְּרָאתִיו יְצַרְתִּיו אַף עֲשִׂיתִיו" שֶׁהֵם דּ' עוֹלְמוֹת אֲצִילוּת בְּרִיאָה יְצִירָה עֲשִׂיָּה, בָּזֶה הָאוֹר אֵינוֹ כְּמוֹ שֶׁהוּא בַּאֲצִילוּת, כְּמוֹ שֶׁהוּא בִּבְרִיאָה יְּצִירָה עֲשִׂיָה, דַּאֲצִילוּת הוּא* בִּבְחִינַת גִּלּוּי הַהֶעְלֵם, וַאֲצִילוּת מִלָּשׁוֹן אֶצְלוֹ וְסָמוּךְ, וְכֵן פֵּרוּשׁ אֲצִילוּת מִלְּשׁוֹן הַצָּלָה וְהַפְרָשָׁה, דַּאֲצִילוּת עִם הֱיוֹתוֹ בְּחִינַת עוֹלָם, אֲבָל בִּכְלָלוּתוֹ הוּא בִּכְלַל עוֹלָמוֹת הָאֵין סוֹף, מַה שֶׁאֵין כֵּן בְּרִיאָה שֶׁהוּא הַתְחָלַת הַמְּצִיאוּת בִּבְחִינַת יֵשׁ מֵאַיִן.

Ce concept peut être mieux appréhendé par la compréhension des différences entre les quatre mondes spirituels. En effet, le verset : « Tout ce qui est appelé par Mon nom, c’est pour Ma gloire que Je l’ai créé, formé et même fait »10 fait allusion (par ordre décroissant) aux quatre mondes, c’est-à-dire aux quatre étapes du processus de création, qui sont Atsilout, Briah, Yetsirah et Assiyah.

L’illumination dans Atsilout diffère de celle au sein des trois autres mondes Briah, Yetsirah et Assiyah, car dans Atsilout,11 l’énergie divine qui avait été dissimulée devient révélée. De manière significative, la racine (atsal) du mot hébreu Atsilout a deux sens très différents : (a) « à côté de » et (b) « séparation ».

D’un côté, Atsilout est suffisamment séparé de sa source pour être classé comme un monde ; mais d’un autre côté, il demeure l’un des mondes infinis de l’Eïn Sof.

Ce qui n’est pas le cas du monde de Briah, qui représente les prémices d’une existence apparemment indépendante : la création ex-nihilo, quelque chose à partir de rien.

וְזֶהוּ "כֹּל הַנִּקְרָא בִשְׁמִי וְלִכְבוֹדִי", דִּ"שְׁמִי וּכְבוֹדִי" הוּא הַמְּיֻחָד בִּי עֲדַיִן, שֶׁקָּאֵי עַל עוֹלָם הָאֲצִילוֹת שֶׁהוּא עוֹלָם הַיִּחוּד וְהַהִתְכַּלְּלוּת, שֶׁהָאוֹר שָׁם בְּתַכְלִית הַגִּלּוּי, דְּאֵינוֹ דּוֹמֶה כְּלָל לִכְמוֹ שֶׁהוּא בְּעוֹלָמוֹת בְּרִיאָה יְּצִירָה עֲשִׂיָּה, וּבְּבְּרִיאָה יְּצִירָה עֲשִׂיָה עַצְמָן יֵשׁ חִלּוּקֵי מַדְרֵגוֹת בְּהַגִּלּוּי אוֹרוֹת כְּמוֹ שֶׁהוּא בְּעוֹלָם הַבְּרִיאָה, וְעוֹלָם הַיְּצִירָה וַעֲשִׂיָה, אָמְנָם כָּל זֶה הוּא בְּהָאוֹר שֶׁבָּא לְהַחֲיוֹת אֶת הָעוֹלָמוֹת בִּבְחִינַת מְמַלֵּא כָּל עָלְמִין,

Dans le verset cité ci-dessus, les expressions « Mon nom » et « Ma gloire » signifient un état d’être qui ne fait toujours qu’un avec « Moi », avec sa source divine.

Ces termes se réfèrent ainsi au monde d’Atsilout, qui est toujours intégralement uni à sa source un monde dans lequel la lumière divine brille dans une révélation totale.

La révélation divine dans les trois autres mondes est très différente du fait qu’ils sont des créations et se perçoivent donc comme ayant une identité distincte de celle de leur source.

De plus, comme l’indiquent leurs noms respectifs, il y a dans Briah, Yetsirah, Assiyah mêmes des différences entre les degrés de lumière que ceux-ci reçoivent respectivement.

Cependant, cette différenciation qui varie selon la capacité d’absorption de chaque monde n’est vraie que de l’illumination divine qui anime les divers mondes de façon immanente. Ce genre de lumière s’appelleMémalé kol almine [littéralement : « ce qui remplit tous les mondes »].

אֲבָל בְּהָאוֹר שֶׁהוּא לְמַעְלָה מִשַּׁיָיכוּת אֶל הָעוֹלָמוֹת, וְהוּא בְּחִינַת אוֹר הַסּוֹבֵב כָּל עָלְמִין, שֶׁבָּא בִּבְחִינַת סוֹבֵב וּמַקִּיף לָעוֹלָמוֹת, הֲרֵי מֵאִיר בְּכָל הָעוֹלָמוֹת בְּשָׁוֶה. וְזֶהוּ "בְּכֻלְּהוּ עָלְמִין", וְהָיִינוּ שְׂאוֹר זֶה הִנֵּה אֹפֶן הַמְשָׁכָתוֹ הוּא בְּכָל הָעוֹלָמוֹת בְּשָׁוֶה.

Mais il existe un autre type de lumière, une lumière qui ignore les limitations particulières des différents mondes, appelée Sovev kol almine [littéralement : « ce qui englobe tous les mondes »]. En les transcendant tous, elle les illumine de manière égale.

Dans le passage du Zohar cité plus haut, lorsqu’il est question de la gloire de D.ieu qui s’élève et se diffuse « dans tous les mondes », c’est de ce type de lumière qu’il s’agit, qui est absorbée de manière égale par tous les mondes.

אָמְנָם בִּכְדֵי לְהַמְשִׁיךְ אוֹר זֶה בְּכֻלְּהוּ עָלְמִין, הוּא עַל יְדֵי הָעֲבוֹדָה בַּעֲבוֹדַת הַבֵּרוּרִים בִּבְחִינַת אִתְכַּפְיָא וְאִתְהַפְּכָא דַּוְקָא, וְזֶהוּ "כַּד אִתְכַּפְיָא סִטְרָא אַחְרָא", כַּאֲשֶׁר פּוֹעֵל בַּעֲבוֹדָתוֹ לִהְיוֹת אִתְכַּפְיָא סִטְרָא אַחְרָא וְאִתְהַפְּכָא חֲשׁוֹכָא לִנְהוֹרָא, הִנֵּה יִתְרוֹן הָאוֹר הוּא מֵהַחוֹשֵׁךְ דַּוְקָא, וְהָיִינוּ דְּכַאֲשֶׁר הַחוֹשֵׁךְ נֶהֱפַךְ לְאוֹר, הִנֵּה נַעֲשָׂה יִתְרוֹן הָאוֹר, שֶׁהָאוֹר מֵאִיר בְּגִלּוּי עַד אֲשֶׁר יָאִיר לְמַטָּה מַמָּשׁ, וְהָיִינוּ שֶׁנִּמְשַׁךְ הָאוֹר בְּאוֹפֵן כַּזֶּה, אֲשֶׁר אֹפֶן הַמְשָׁכָתוֹ הוּא בְּכָל הָעוֹלָמוֹת בְּשָׁוֶה.

Toutefois, pour que cette lumière soit suscitée et amenée dans tous les mondes, l’homme doit s’investir dans avodat habirourim, la tâche d’affiner la matérialité en subordonnant et en transformant sa nature physique.

C’est là le sens des termes du Zohar : « Lorsque la sitra a’hara est soumise » : à travers les efforts d’un Juif dans son service divin pour soumettre les forces du mal et transformer l’obscurité en lumière, cette lumière qui en résulte est alors supérieure du fait même qu’elle sort des ténèbres.

Lorsque les ténèbres elles-mêmes sont ainsi transformées en lumière, cette lumière est supérieure en ce que son illumination est manifeste même ici-bas dans ce monde physique, c’est-à-dire que cette lumière est suscitée de telle sorte qu’elle soit amenée dans tous les mondes de façon égale.

וְזֶהוּ "כַּד אִתְכַּפְיָא סִטְרָא אַחְרָא אִסְתַּלֵּק יְקָרָא דְּקֻדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּכֻלְּהוּ עָלְמִין", בְּחִינַת הָאוֹר, שֶׁנִּמְשַׁךְ* אוֹר הַסּוֹבֵב כָּל עָלְמִין שֶׁאוֹפֵן הַמְשָׁכָתוֹ בִּבְחִינַת סוֹבֵב וּמַקִּיף בְּכָל הָעוֹלָמוֹת בְּשָׁוֶה, וְאִם כֵּן מֵאִיר גַּם לְמַטָּה כְּמוֹ שֶׁהוּא לְמַעְלָה. וְזֶהוּ "וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ וְשָׁכַנְתִּי בְּתוֹכָם, בְּתוֹךְ כָּל אֶחָד וְאֶחָד", עַל יְדֵי הָעֲבוֹדָה דִּבְחִנַּת אִתְכַּפְיָא וְאִתְהַפְּכָא חֲשׁוֹכָא לִנְהוֹרָא, הִנֵּה נַעֲשָׂה עַל יְדֵי זֶה יִתְרוֹן הָאוֹר, דְּאִסְתַּלֵּק יְקָרָא דְּקֻדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּכֻלְּהוּ עָלְמִין שֶׁמֵּאִיר וּמִתְגַּלֶּה אוֹר הַסּוֹבֵב.

Nous pouvons désormais comprendre la phrase du Zohar citée ci-dessus : « Lorsque la sitra a’hara est soumise, la gloire de D.ieu s’élève et se diffuse dans tous les mondes. »

Cela fait référence au niveau transcendant de la lumière divine,celui qui est Sovev kol almine, dont la diffusion englobe de façon égale tous les mondes, et qui illumine donc en bas comme en haut.

C’est ce que l’on entend par le verset : « Et ils feront pour Moi un sanctuaire et Je résiderai en leur sein » – au sein de chaque Juif individuellement, par ses efforts dans le service divin de subjuguer sa nature physique et de transformer les ténèbres en lumière.

De cette manière, la lumière résultante est supérieure en ce que « la gloire de D.ieu s’élève et se diffuse dans tous les mondes », car la lumière transcendante de Sovev kol almine est ainsi révélée.

קִצּוּר. עִקַּר שְׁכִינָה בַּתַּחְתּוֹנִים. יְבָאֵר דְּכַוָּנַת בְּרִיאַת הָעוֹלָמוֹת שֶׁיִּהְיֶה דִּירָה בַּתַּחְתּוֹנִים, וְנַעֲשָׂה עַל יְדֵי אַתַּכְפְּיָא וְאִתְהַפְּכָא שֶׁמַּמְשִׁיךְ אוֹר הַסּוֹבֵב, שֶׁזֶּהוּ בְּכֻלְּהוּ עָלְמִין בְּשָׁוֶה.

Résumé :

L’essence de la Chekhinah était manifeste dans les mondes inférieurs. Le chapitre explique que le but ultime de la création du monde est le désir de D.ieu de demeurer dans les mondes inférieurs, ce qui est mené à bien par le service divin de l’homme de subjuguer et de transformer sa nature physique. Il suscite ainsi la lumière transcendante de Sovev kol almine, qui illumine de manière égale tous les mondes.