Introduction :

Dans les chapitres précédents, le Maamar explique comment le service divin dans le Michkane et le Beth HaMikdach impliquait la transformation des ténèbres en lumière à tel point que les ténèbres elles-mêmes deviennent lumineuses. C’est pourquoi le Michkane était fait en bois d’acacia (chittim), car dans ce Sanctuaire, la folie (chtout) du mauvais côté était transformée en folie de sainteté. Les planches dont le Michkane était construit sont appelées Kerech (Kouf-Rech-Chineקרש). Le Zohar explique que la lettre Kouf (ק) appartient au « mauvais côté », contrairement à la lettre (ה), qui est une lettre sainte.

Il a en outre été expliqué que la jambe gauche de la lettre Kouf est abaissée, car elle représente les actes indignes et profanes d’une personne, qui l’entraînent au plus profond du mal. Alors que le a sa jambe gauche de taille égale à celle de droite, car les actions du juste sont bien équilibrées et ne l’attirent pas vers le bas.


ט) וְהִנֵּה בַּמִּשְׁכָּן וּמִקְדָּשׁ שֶׁהָיָ' הָﬠַבוֹדָה לְאַהַפְּכָא חֲשׁוֹכָא לִנְהוֹרָא בְּﬠַבּוֹדַת הַבִּרוּרִים דְקָרְבָּנוֹת,

9. Le but du service divin dans le Michkane et dans le Beth HaMikdach était de transformer les ténèbres en lumière à travers le travail de raffinement du monde matériel, au moyen de sacrifices.

[Lié à cela est le rôle spirituel des planches verticales du Michkane – les krachim, un mot dont l’orthographe a été discutée dans le chapitre 6.]

לָכֶן כְּתִיב "וְﬠָשִׁיתָ אֶת הַקְּרָשִׁים כוּ' ﬠוֹמְדִים", שֶׁנִּקְרָאִים "קְרָשִׁים" בְּשֶׁם "ﬠוֹמְדִים", וְהוּא ﬠל דֶּרֶךְ מַה שֶׁהַמִצְוֹת נִקְרָאִים "ﬠַמוּדִים",

À ce propos, la Torah déclare : « Et tu feras des planches debout pour le Sanctuaire en bois d’acacia. »1 Le fait que ces planches soient appelées omdim – « debout » est lié (et pas seulement étymologiquement) au fait que les mitsvot sont appelés amoudim – des « piliers ».

דְתַּרְיָ"ג מִצְוֹת דְּאוֹרַיְתָא וְז' מִצְוֹת דַּרַבָּנָן הֵם תַּרָ"ךְ ﬠַמוּדֵי אוֹר, וּכְּמוֹ הָﬠַמוּד הֲרֵי הוּא מְחַבֵּר הַגַּג וְהַרִצְפָּה לִהְיוֹתָם כְּאֶחָד מַמָּשׁ, הֵנָּה כְּמוֹ כֵן הַמִּצְוֹת הֵם ﬠַמוּדִים שֶׁהֵם הַמַּמְשִׁיכִים וּמְחַבְּרִים אוֹר אֵין סוֹף בָּרוּךְ הוּא ﬠִם הָﬠוֹלָמוֹת.

Les 613 Mitsvot de la Torah et les sept Mitsvot ordonnées par les Sages sont appelées les « 620 piliers de lumière ». Ce total est la valeur numérique des lettres épelant le mot Keter, désignant un état d’être dans lequel la lumière transcendante de D.ieu est révélée.2 Tout comme un pilier relie le toit au sol de sorte qu’ils soient unifiés, les mitsvot font descendre la Lumière Infinie de D.ieu et la relient aux mondes inférieurs.

וְזֶהוּ גַּם כֵּן מָה שֶׁקְּרָשֵׁי הַמִּשְׁכָּן הֵם ﬠַצֵי שִׁיטִים ﬠוֹמְדִים דַּוְקָא, לְפִי שֶׁהֵם הַמְּחַבְּרִים אוֹר אֵין סוֹף בָּרוּךְ הוּא ﬠִם הָﬠוֹלָמוֹת.

Pour cette raison, les planches d’acacia du Michkane étaient précisément disposées debout : elles étaient des piliers qui reliaient la Lumière Infinie aux mondes inférieurs.

וְהַﬠִנְיָן הוּא דְהִנֵה כְּתִיב "גְּעַר חַיַּת קָנֶה". וְהִנֵּה קָנֶה הוּא דֶכֶר דְקְלִיפָּה, וְחַיַּת קָנֶה הוּא נוּקְבָא דְקְלִיפָּה, וְ"גְּעַר חַיַּת קָנֶה" שֶׁצְּרִיכִים לְהַכְרִית אֶת הַקָנֶה, שֶׁהוּא הַקָּנֶה דְקוּ"ף, וְכַאֲשֶׁר כּוֹרְתִים אֶת הַקָּנֶה שֶׁל הַקוּ"ף אָז נַﬠַשֶׂה הֵ"א, וְהוּא ﬠַל דֶּרֶךְ דְכְּתִיב "קָנֶה וָסוּף קָמֵלוּ".

Cela peut être mieux compris à travers l’interprétation du Zohar sur le verset : « Détruisez [littéralement : “Réprimandez”] la bête sauvage des roseaux. »3 Le « roseau » est l’élément masculin du mal ; la « bête sauvage des roseaux » est l’élément féminin du mal. « Détruire la bête sauvage des roseaux » signifie qu’il faut couper la hampe, [le mot kané-קנה signifie à la fois « roseau » et « hampe »] qui est la hampe descendante de la lettre Kouf-ק. Or, lorsque l’on coupe la hampe du Kouf-ק, celui-ci devient un Hé-ה. Ceci l’idée exprimée dans le verset : « Les roseaux et les joncs se décomposeront. »4

וּבְתֵּבַת קָנֶה, שֶׁמִקוּ"ף נַﬠַשֶׂה הֵ"א, אָז הוּא תֵּיבַת "הִנֵה". דְ"הִנֵה" מוֹרֶה ﬠלְ הַגִּלוּי, וּכְּמוֹ שֶׁנֶּאֱמַר "וְאָמַר בַּיּוֹם הַהוּא הִנֵּה אֱלֹקֵינוּ זֶה". וְהַיְנוּ הַגִּלוּי אוֹר שֶׁיָּאִיר וְיִתְגַּלֶּה לְﬠָתִיד, דְּהַגִּילוּי דְלְﬠָתִיד הוּא ﬠַל יְדֵי הָﬠַבוֹדָה דְﬠַכְשָׁיו דַּוְקָא.

Et dans le mot kané-קנה, quand le Kouf-ק est transformé en Hé-ה, le mot devient hiné-הנה (« voici »), un mot qui implique une révélation, comme dans le verset : « Et il sera dit en ce jour-là : “Voici, c’est notre D.ieu.” »5 Ce verset fait référence à la révélation de la lumière dans le futur, à l’époque messianique, révélation qui dépend de notre service de D.ieu dans le présent.

וְלָכֵן ﬠִיקָר גִלוּי הַסּוֹבֵב (דְּאֹפֶן הַמְשָׁכָתוֹ שֶׁמֵּאִיר בְּכָל הָﬠוֹלָמוֹת בְּשָׁוֶה), יִהְיֶה בְּגוּף דְלְﬠָתִיד לָבֹא, שֶׁזֶּה בָּא ﬠַל יְדֵי ﬠַבוֹדַת הַבִּרוּרִים דﬠַכְשָׁיו.

Pour cette raison, à l’ère messianique, la lumière transcendante deSovev kol almine (qui illumine tous les mondes de la même manière) sera révélée principalement dans le corps.6 Cette révélation sera le résultat de nos efforts actuels dans le raffinement de la matérialité de ce monde.

דְבָּזֶה שֶׁנְּשָׁמָה יוֹרֶדֶת לְמַטָּה וּמִתְלַבֶּשֶׁת בְּגוּף וְנֶפֶשׁ הַבַּהֲמִית, וְיֶשְׁנָם כַּמָה מְנִיﬠוֹת וְﬠִיכּוּבִים רַחֲמָנָא לִצְּלַן ﬠַל לִמוּד הַתּוֹרָה וְקִיּוּם הַמִּצְוֹת וְהַרַﬠ מִתְגַּבֵּר בָּﬠוֹלָם הַתַּחְתּוֹן, וְﬠִם כָּל זֶה אֵינוֹ מִתְפָּﬠֵל מִזֶּה כְּלָל וְﬠוֹסֵק בְּﬠַבוֹדָתוֹ בְּלִמּוּד הַתּוֹרָה וְקִיּוּם הַמִּצְוֹת, וְאַדְּרַבָּא הוּא מִתְחַזֵּק בְּזֶה בְּיִתְרוֹן כֹּחַ בְּדֶרֶךְ מִלְחָמָה וְﬠַבוֹדָה רַבָּה (אֲשֶׁר יָדוּﬠ שֶׁזֶּה ﬠִיקָר הַנִּצוּחַ, שֶׁהוּא הַתֹּקֶף וּזְרִיזוּת בַּﬠַבוֹדָה כוּ'), הִנֵּה ﬠלְ יְדֵי זֶה הוּא יִתְרוֹן הָאוֹר הַנַﬠַשֶׂה מֵבִּרוּר וְזִכּוּךְ הַחֹשֶׁךְ כוּ'.

Car le fait qu’une âme divine descende ici-bas où elle est revêtue dans un corps et dans une âme animale, et où elle est confrontée à de nombreux empêchements et obstacles – que D.ieu nous en préserve – à son étude de la Torah et à son observance des mitsvot, dans ce bas monde où le mal prévaut, et pourtant elle ne se laisse nullement ébranler par cela et elle persévère dans son service de D.ieu en étudiant la Torah et en accomplissant les commandements, et au contraire, cette épreuve la conduit à se renforcer comme le fait un soldat en guerre qui fait des efforts prodigieux (car, comme on le sait, la victoire va du côté le plus fort et énergique), grâce à ces efforts, une telle personne génère la lumière supérieure qui émane du raffinement et de l’élévation des ténèbres.

וְזֶהוּ דְﬠַל זְמַן דְלְﬠָתִיד לָבוֹא כְּתִיב "וְﬠָמְדוּ רַגְלָיו", שֶׁהוּא הַקִּימָה בְּב' רַגְלַיִם, דְאוֹת קוּ"ף הֲרֵי יֵשׁ לוֹ רַק רֶגֶל א', וְהוּא הַקָּנֶה שֶׁל הקוּ"ף, דְּקִיּוּמוֹ הוּא בְּחַד סַמְכָא וְאֵינוֹ קִיּוּם, וְהוּא דְּשִׁקְרָא לֹא קָאֵי, אֲבָל אוֹת הֵ"א הֲרֵי יֵשׁ לוֹ ב' רַגְלַיִם, שֶׁהוּא מַה דְּקוּשְׁטָא קַאֵי, וְזֶהוּ "וְﬠָמְדוּ רַגְלָיו" בְּב' רַגְלַיִם.

Et cela nous permet de mieux comprendre la prophétie sur les temps futurs, dans laquelle il est écrit au sujet de Machia’h : « Et ses jambes se tiendront debout [ce jour-là sur le mont des Oliviers]. »7 Cela évoque une posture ferme, où il se maintient sur ses deux jambes – contrairement à la lettre Kouf-ק, qui n’a qu’une seule « jambe » qui est la hampe du Kouf-ק, son maintien sur un seul appui est aussi instable8 que le mensonge qu’elle symbolise. En revanche la lettre Hé-ה possède deux « jambes », elle est donc aussi stable que la vérité qu’elle symbolise, c’est pourquoi il est écrit que Machia’h se tiendra sur ses deux jambes, tout comme la lettre Hé-ה.

וּבָא ﬠַל יְדֵי הָﬠַבוֹדָה לְהַפֵךְ מְאוֹת קוּ"ף דְקְלִיפָּה הַנַﬠַשֶׂה מְרֵי"שׁ הַנִּזְכָּר לְעֵיל להֵ"א דִּקְדוּשָׁה.

Et cet état dépend à son tour du service divin de l’homme par lequel il transforme le mal de la lettre Kouf-ק (qui avait été formée à partir de la lettre Rech-ר, comme mentionné précédemment dans le Maamar) en Hé-ה de la sainteté.

וְזֶהוּ הָﬠַמִדָּה דְﬠַצֵי שִׁיטִים, דְּﬠַמִדָּה מוֹרֶה ﬠַל הַקִּיּוּם וְהֶﬠֶדֶר הַשִּׁנוּי, וְהַיְנוּ שֶׁﬠַל יְדֵי זֶה מִתְגַּלֶּה ﬠִנִיָּן "אֲנִי הֲוָיָ' לֹא שָׁנִיתִי", דְנִרְאֶה בְּמוּחָשׁ שֶׁהָﬠוֹלָם וְכָל אֲשֶׁר בּוֹ חַיּוּתוֹ מְאֶלֹקוּת.

Ceci explique le commandement que les planches d’acacia devaient se tenir debout, car cette position symbolise une existence inaltérable, c’est-à-dire qu’à travers cela se révélera la source ultime de ce potentiel, à savoir, D.ieu, comme dans le verset : « Je suis D.ieu : Je ne change pas. »9 En ce temps-là, nous verrons physiquement que le monde et tout ce qu’il contient tirent leur énergie vitale de D.ieu.

קִצּוּר. קְרָשִׁים ﬠוֹמְדִים שֶׁמְּחַבְּרִים אוֹר אֵין סוֹף וְﬠוֹלָמוֹת. יְבָאֵר דְﬠַל יְדֵי הָﬠַבוֹדָה לְמַטָּה כּוֹרְתִים הַקָּנֶה דְק' וְנַﬠַשֶׂה "הִנֵּה", גִּלּוּי אוֹר, "אֲנִי הֲוָיָ' לֹא שָׁנִיתִי".

Résumé :

Les planches dressées debout du Michkane sont des piliers qui connectent la Lumière Infinie de D.ieu aux mondes inférieurs. Le chapitre ci-dessus explique comment, à travers le service divin de l’homme ici-bas, la hampe (kané-קנה) de la lettre Kouf-ק est coupée, transformant kané-קנה en hiné-הנה, ce qui implique une révélation de lumière transcendante, la révélation de « D.ieu, qui ne change pas ».