Qu’est-ce que la première coupe de cheveux ?

C’est une antique tradition juive que de laisser les cheveux d’un garçon pousser pendant les premières années de sa vie.1 À l’occasion de son troisième anniversaire, les amis et les membres de la communauté sont invités à une cérémonie festive de coupe de cheveux : le upshernish (« coupe ») en Yiddish ou la ‘halakah en hébreu. Les péoth (mèches des tempes) ne sont pas coupées à ras, respectant ainsi le commandement biblique selon lequel les hommes juifs ne doivent pas « arrondir les coins de leur tête »2 Certaines communautés, en particulier certaines communautés séfarades, retardent la première coupe de cheveux jusqu’à quatre, cinq, six et même sept ans.

Au-delà de la coupe de cheveux, l’upshernish comprend certaines coutumes :

  • L’enfant porte une kippa et des tsitsit tout au long de la cérémonie. Il continuera à les porter régulièrement à partir de ce jour.3
  • L’enfant récite le verset Torah tsiva lanou Mocché moracha kehilat Yaakov : « La Torah que Moïse nous a commandée est un héritage pour la communauté de Jacob. »4
  • L’enfant reçoit de l’argent à mettre dans une boîte de charité.5
  • Dans l’idéal, la cérémonie doit se tenir, au moins partiellement, dans un lieu saint tel qu’une synagogue ou une maison d’études.

Les origines

Crédit photo: Bureau de presse du gouvernement israélien
Crédit photo: Bureau de presse du gouvernement israélien

Bien que l’on ne trouve aucune mention de la première coupe de cheveux dans le Talmud ou le Choul’hane Aroukh (le Code de Loi juive), cette pratique a été observée dans les communautés juives depuis de nombreuses générations.6

Le moment exact où cette coutume a débuté n’est pas clair. La plus ancienne mention de celle-ci se trouve dans les très respectées responsa de Rabbi David Ibn Zimra (le Radbaz), autorité rabbinique du XVIe siècle.7 Il y parle de la coutume de se faire couper les cheveux près du tombeau du prophète Samuel.

Quelques décennies plus tard, Rabbi ‘Haïm Vital témoigne que son maître, le Arizal, avait conduit son fils de trois ans à la sépulture de Rabbi Shimon Bar Yo’haï à Mérone pour lui couper les cheveux pour la première fois.8 Il ne parle pas de cette acte du Arizal comme d’une innovation, mais comme l’observance d’une coutume ancienne et vénérée.9

La première coupe de cheveux : une fondation

La première coupe de cheveux marque le début du parcours de l’enfant dans sa vie de juif pratiquant. Arborant ses péoth nouvellement formées, ainsi que la kippa et les tsitsit qu’il portera désormais, il devient identifiable comme juif.

Pourquoi spécifiquement à trois ans ?

Lorsqu’un enfant atteint l’âge de trois ans, son père à le devoir de lui apprendre à lire la Torah et à suivre ses directives.10 L’upshernish est également une cérémonie éducative, guidant l’enfant dans l’observance d’une nouvelle mitsva. Ainsi, le troisième anniversaire de l’enfant marque le début de son éducation juive formelle, un moment propice à la cérémonie de la coupe de cheveux.11

Certains voient une allusion à l’âge de trois ans comme étant le moment idéal pour la première coupe de cheveux dans le fait que le mot vehitgala’h – « Et il se rasera les cheveux »12 est écrit dans la Torah avec une lettre guimel agrandie, puisque la valeur numérique de la lettre guimel est trois.13

Un enfant fructueux

D’autres citent une source midrashique.14 Lorsqu’un Juif plante un arbre fruitier, la Torah enseigne qu’il ne peut prendre aucun de ses fruits pendant les trois premières années de sa croissance. Les fruits de la quatrième année doivent être sanctifiés et apportés à Jérusalem pour y être consommés.15 Cette interdiction est appelée orlah, ce qui signifie « incirconcis » ou « dissimulé ». Au cours de ces premières années, les qualités nutritives contenues dans le fruit ne sont pas encore apparentes. ; elles sont cachées dans le fruit et il nous est interdit d’y accéder.

Le Midrash explique que cette loi peut être appliquée à un enfant juif,16 car la Torah compare l’homme à un arbre.17 Les premières années de sa vie, un enfant ne peut pas parler clairement ni comprendre tout à fait. Pendant ce temps, les efforts d’un parent sont peu rentables. Quand l’enfant atteint l’âge de trois ans et est maintenant capable de communiquer et de comprendre, nous le sanctifions (comme les fruits de la quatrième année) en le sensibilisant à l’observance de la Torah et des mitsvot.18 Nous inaugurons ce processus en lui coupant les cheveux et en laissant les péoth, accomplissant ainsi une mitsva qui servira de tremplin pour accomplir de nombreuses autres mitsvot dans sa vie.

La première coupe

D’autres comparent la première coupe de cheveux à la mitsva de réchit haguez,19 le commandement biblique de donner aux prêtres (cohanim) la première tonte de son mouton.20

Comme nous l’avons dit, à l’âge de trois ans, un enfant commence à produire. Les paroles de Torah qu’il commence à prononcer à cet âge sont sa première « tonte » qui est sanctifiée pour D.ieu. Nous marquons cela en coupant les cheveux de l’enfant pour la première fois à son troisième anniversaire.

Pourquoi les péoth ?

Un groupe de garçons ‘hassidiques © Mushka Lightstone
Un groupe de garçons ‘hassidiques © Mushka Lightstone

La Torah décrète que les hommes juifs doivent laisser pousser leur péoth et ne pas les raser. Le Sefer Ha’hinoukh explique que les prêtres païens avaient pour habitude de se raser complètement la tête21 afin de ressembler aux idoles qu’ils vénéraient qui, pour des raisons évidentes, étaient sans cheveux.22 C’est pourquoi la Torah nous commande spécifiquement de laisser les péoth pour manifester notre rejet de ces croyances et notre engagement envers D.ieu.

C’est le message que nous transmettons à l’enfant alors qu’il commence sa vie en tant que Juif pratiquant. Nous l’éduquons à rester attaché au mode de vie juif et l’encourageons à ne pas se laisser influencer par des forces extérieures. Les péoth renforcent visuellement cette idée.23

L’approche kabbalistique

Comme nous l’avons dit, la première coupe de cheveux est liée au commandement biblique de donner aux prêtres la première tonte d’un mouton. Les mystiques juifs associent les moutons et la blancheur de leur laine à l’attribut de la miséricorde divine – la qualité de bonté non mitigée. Les cheveux, en revanche, représentent l’attribut du jugement divin. En coupant les cheveux de l’enfant lors de l’upshernish, nous éliminons l’élément de jugement et laissons l’attribut de bonté rayonner sur l’enfant.24

En célébrant la première coupe de cheveux avec une joyeuse fête, nous montrons à l’enfant qu’une vie dirigée par la Torah et les mitsvot est une vie joyeuse. Nous espérons et prions pour que cela nous conduise à l’accomplissement du verset suivant : « Éduque un enfant selon sa voie, de sorte que même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera pas. »25