Le 20 ‘Hechvane marque l’anniversaire de la naissance d’un grand dirigeant juif qui, par sa vie et son travail, fut une grande source d’inspiration pour notre peuple. Il s’agit de Rabbi Chalom Dovber Schneersohn, qui fut le cinquième Rabbi de la dynastie ‘Habad-Loubavitch, en ligne directe de succession de Rabbi Chnéour Zalman, auteur du célèbre « Tanya » et de nombreux autres ouvrages et fondateur du ‘hassidisme ‘Habad. Rabbi Chalom Dovber était le fils de Rabbi Chmouel et le père du sixième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn.
L’histoire de la vie de Rabbi Chalom Dovber est décrite en détail dans le journal de son fils. Nous allons rapporter ici quelques faits intéressants au sujet d’un rêve devenu réalité et sur la vie d’un petit garçon qui allait devenir un grand Rabbi et un grand leader.
La Rabbanit Rivka, l’épouse de Rabbi Chmouel, était une femme d’une grâce et d’un charme rares. Elle était très pieuse et possédait un caractère des plus nobles. Elle connaissait et appréciait la grande sainteté de son mari. Il arriva une fois, alors qu’elle quittait le bureau de celui-ci, que l’ourlet de sa robe s’attrapa dans la porte. Celle-ci ne pouvait être ouverte que de l’intérieur et, pour pouvoir libérer sa robe, elle aurait dû frapper à la porte et la faire ouvrir par son mari. Mais elle ne voulait pas l’interrompre et l’obliger à se lever de son bureau. Elle resta donc silencieusement près de la porte pendant très longtemps, jusqu’à ce que son mari, le Rabbi, sortit du bureau. Tels étaient les parents de Rabbi Chalom Dovber.
Une nuit de 10 Kislev (jour de la libération du grand-père de Rivka, Rabbi Dovber, fils de Rabbi Chnéour Zalman, et lendemain de la date anniversaire de la naissance et aussi du décès de Rabbi Dovber), Rivka fit un rêve. Dans celui-ci, elle vit sa mère et son grand-père avec des visages souriants. Sa mère lui dit : « Rivka, ton mari et toi devriez faire écrire un rouleau de la Torah. » Et son grand-père ajouta : « Vous serez bénis d’avoir un bon fils. » Rivka se réveilla en sursaut.
Elle pensa à son rêve toute la journée, mais décida de ne pas en faire part à son mari. Puis, dans la nuit du 19 Kislev (le jour de la libération de son arrière-grand-père, Rabbi Chnéour Zalman), le rêve se répéta. Cette fois, son arrière-grand-père apparu également. Une fois de plus, il fut dit à Rivka de faire écrire un Sefer Torah et qu’elle aurait prochainement un bon fils. Puis sa mère se tourna vers le vieil homme, son grand-père, et lui dis : « Zeïdé, bénis-la. » Ce qu’il fit, et Rivka répondit d’une voix forte et claire : « Amen », ce qui la réveilla.
Son mari lui demanda alors pourquoi elle avait crié « Amen ! » Rivka se leva, se lava les mains puis raconta à son mari ses deux rêves. Rivka avait entendu son mari dire une fois qu’il y avait deux opinions sur les rêves, l’une croyant aux rêves et l’autre non, mais qu’un bon rêve vaut toujours la peine d’être matérialisé. Elle se demandait maintenant ce qu’il dirait.
« C’est un bon rêve, dit-il, et il devrait être réalisé. » Des préparatifs furent faits pour obtenir le plus beau parchemin pour le Sefer Torah, et un scribe pieux fut engagé pour l’écrire. À Roch Hachana, le Sefer Torah était achevé et on en célébra le siyoum (conclusion) le lendemain de Yom Kippour. Quarante jours plus tard, le 20 Mar’Hechvane 5621 (1861), Rivka donna naissance à un garçon qui fut nommé Chalom Dovber à sa Brith Mila.
Quand Chalom Dovber eut 3 ans, il fut amené au ‘Heder, qui se tenait dans le Beth Hamidrach du grand-père du garçon, Rabbi Mena’hem Mendel de Loubavitch (le célèbre auteur du « Tsema’h Tsedek »). Chaque jour, le garçon rendait visite à son grand-père qui prenait du temps pour jouer avec lui et l’interroger sur ce qu’il avait appris ce jour-là au ‘Heder. Le garçon aimait beaucoup son père et son grand-père et, à la mort de ce dernier, il fut rempli de chagrin et devint encore plus attaché à son père.
Nombreuses sont les histoires sur la piété et les qualités inhabituelles du petit garçon. L’une des histoires qui mérite d’être rappelée est la suivante :
Chalom Dovber avait alors environ quatre ans. Il se trouvait avec sa mère lorsque le tailleur lui apporta un vêtement qu’il lui avait fabriqué. Le garçon s’approcha du tailleur et, sans aucune pensée particulière, tira un morceau de tissu de la poche de ce dernier.
Le tailleur rougit et commença à balbutier qu’il avait vraiment eu l’intention de rendre le morceau de tissu qui restait, mais qu’il avait oublié de le faire.
Quand il fut parti, la mère dit à son garçon : « Tu vois ce que tu as fait à ce pauvre homme ; tu lui as fait honte et tu l’as rendu malheureux. Tu dois faire attention à ne jamais faire honte à qui que ce soit, même si tu ne le fais pas exprès. »
Le garçon se sentit très désolé et pleura amèrement. Pendant plusieurs semaines, il porta le fardeau de son péché, puis un jour il demanda à son père : « Père, comment peut-on réparer le péché d’avoir fait honte à quelqu’un ? » Son père lui dit quoi faire et lui demanda ce qui s’était passé. « Je voulais juste savoir », répondit le garçon.
Plus tard, sa mère lui demanda pourquoi il ne voulait pas dire à son père ce qui s’était passé. À quoi le garçon répondit gravement : « N’est-il pas suffisant que j’ai péché en faisant honte à quelqu’un ? Voudrais-tu que je pèche à nouveau en racontant des mauvaises choses sur quelqu’un ? » Raconter toute l’histoire à son père aurait signifié lui parler aussi de la malhonnêteté du tailleur, ce qu’il ne voulait pas faire.
Chalom Dovber adorait ses études et, au moment où il devint Bar Mitsva, il était déjà un grand érudit. Plus il grandissait, plus il consacrait de temps à ses études pour lesquelles il avait un appétit insatiable.
En l’an 5640 (1880), lorsqu’il avait 19 ans, son père commença à faire appel à lui dans le cadre de ses engagements communautaires. Il y avait beaucoup à faire, car la position des Juifs sous les tsars de Russie était très difficile. Il était constamment nécessaire de rencontrer des personnalités influentes, aussi bien en Russie qu’à l’étranger, pour qu’elles interviennent pour protéger la vie et les biens des Juifs et pour alléger leurs difficultés économiques. C’est à cette époque que naquit son fils, Rabbi Yossef Its’hak, qui allait lui succéder par la suite (le 12 Tamouz 5640).
Après la mort du père de Rabbi Chalom Dovber (en 5643-1883), celui-ci se retira pendant une année entière pour étudier et prier. Plusieurs années durant, il dut recevoir des soins médicaux dans des stations thermales car sa santé n’était pas très bonne. Au cours de ses voyages à l’étranger, il eut l’occasion de rencontrer des personnalités importantes et de servir la cause de ses frères opprimés. Il continua également d’écrire de profonds enseignements ‘hassidiques, dont de nombreux volumes furent publiés et sont encore étudiés par les étudiants des yéchivot ‘Habad.
Malgré sa santé fragile, il se consacra à son travail communautaire, aidant matériellement et spirituellement ses frères, mais c’est seulement environ dix ans après la mort de son père qu’il accepta officiellement la direction du mouvement, lui succédant ainsi officiellement.
En 5657 (1897), il fonda la célèbre yéchiva Tom’hei Temimim à Loubavitch, en Russie, qui fut plus tard transférée en Pologne, puis aux États-Unis, et dont de nombreuses branches furent créées dans diverses parties du monde.
Le deuxième jour de Nissan, en 5680 (1920), il quitta ce monde et fut inhumé dans la ville de Rostov-sur-le-Don, en Russie.
Nombreux sont les ‘hassidim et les étudiants du monde entier à être inspirés par son dévouement désintéressé pour son peuple, par sa piété et sa sainteté, qui, en tant que rabbins et dirigeants de leurs propres communautés, s’efforcent de perpétuer la tradition dont ils furent imprégnés sous sa direction. Ils sont les « lampes éclairantes » qui illuminent les endroits obscurs de la terre, comme le voulut le grand Rabbi Chalom Dovber.
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