Question :

Dans mes cours de Kabbale, nous discutons des noms de D.ieu et j’ai quelques questions : combien de noms D.ieu a-t-il ? Pourquoi D.ieu doit-Il avoir un nom, et pourquoi autant? Quand puis-je et ne puis-je pas utiliser les noms de D.ieu ?

Réponse :

Vous avez raison. Dans Son essence, D.ieu n’a pas de nom. Il est infini et on ne peut lui attribuer aucun titre ni description. On peut dire que, par définition, Il n’a pas de définition.

Mais alors vient la création. D.ieu choisit de s’impliquer dans Sa propre pensée d’un monde physique, descendant, pour ainsi dire, en son sein. Et dans Sa relation avec nous, créatures de ce monde, Il assume maintenant de nombreuses descriptions : Créateur, Juge, Miséricordieux, Maître...

En termes simples, chaque nom est une manière différente dont nous faisons l’expérience de la présence de D.ieu. En voyant le Grand Canyon, nous admirons le chef-d’œuvre qu’Il a créé. En lisant l’histoire de l’Exode, nous évoquons Sa main forte. En priant à Yom Kippour, nous pensons à Son puissant jugement.

Dans les mots du Midrash : « Vous voulez connaître mon nom ? Je suis appelé selon Mes actions. »1

La Kabbale développe le concept des noms. Vous connaissez probablement le terme Or Eïn Sof, la Lumière Infinie, qui est la source de toute existence. Mais pour qu’une énergie si intense puisse se traduire en vitalité pour nous, elle doit d’abord être filtrée à travers des kélim ou « réceptacles » finis. Évidemment, ce ne sont pas des contenants dans un sens spatial. Considérez-les comme des modalités ou des aspects variés d’un même ensemble. Les noms de D.ieu se réfèrent à la lumière telle qu’elle est canalisée à travers ces kélim/modalités. La loi juive énumère sept « Noms de D.ieu que l’on n’est pas autorisé à effacer » en raison de leur sainteté, qui correspondent aux sept dernières parmi les dix séfirot (« attributs » divins). Parfois, nous énumérons dix noms, correspondant à toutes les dix séfirot.2

Mais à ce stade, il est fondamental de faire les deux précisions suivantes :

1) Nous prions D.ieu – pas les séfirot, D.ieu nous en préserve (ni même à la lumière investie dans les séfirot). Ces séfirot ne sont que des instruments – ou, comme nous disons dans la prière, « une hache entre les mains du bûcheron ». Comme je l’ai écrit ci-dessus, elles ne sont rien d’autre que les modalités par lesquels D.ieu est en relation avec nous. Lorsque nous souhaitons évoquer D.ieu tel qu’Il est miséricordieux, nous employons le nom approprié. Quand nous Lui demandons d’exercer Sa modalité de justice, nous utilisons le nom qui fait appel à ce mode. Il en est de même de toutes les prières : les prophètes et les sages qui les ont composées savaient précisément quels noms utiliser pour ce qui était recherché.

2) D.ieu n’est lié par aucune règle ou système. « La lumière et les réceptacles » sont simplement la manière dont D.ieu a décidé de générer et de maintenir un monde. À tout moment, Il peut atteindre tous les objectifs qu’Il souhaite, avec ou sans les moyens qu’Il a mis en place.

Combien de noms y a-t-il ? Les kabbalistes traitent de centaines de noms. Les noms utilisés dans le langage courant comptent aussi. En fait, selon nombre d’autorités halachiques, l’interdiction « de ne pas prononcer le nom de D.ieu en vain » s’applique à n’importe quel nom utilisé pour désigner D.ieu.3 Dans cette optique, dire négligemment des expressions telles que « oh-my-god » serait considéré comme une transgression de cette sérieuse interdiction.

Comme mentionné ci-dessus, cependant, la tradition juive traite de sept noms de D.ieu particulièrement saints qui ne peuvent pas être effacés et doivent être écrits avec une concentration spéciale. En raison de la sainteté de ces noms, leur utilisation est limitée à la prière. En dehors d’un contexte liturgique, nous pouvons lire ces noms simplement comme Hachem, ce qui signifie « le nom ». Ou nous substituons certains sons pour modifier la prononciation d’un nom, par exemple en remplaçant le « h » par un « k » dans les noms de D.ieu tels que « Kel » et « Elokim ».

Voici un tableau des dix noms divins, basé sur le Chnei Lou’hot Habrit cité plus haut. Il s’agit d’un ouvrage classique, principalement anthologique, de Rabbi Yeshaya Horowitz, un grand halakhiste et kabbaliste du 16ème siècle. J’ai évité d’écrire les noms réels, puisqu’il est interdit de les effacer ou de les jeter. La translittération des noms est interpolée avec « k » et d’autres moyens pour éviter la prononciation réelle, car les noms ne doivent être prononcés que dans un contexte approprié.

Nom

Séfira

Attribut

Ekya

Keter

Désir

Kah

‘Hokhma

Sagesse

YHVH vocalisé comme Elokim

Bina

Compréhension

Kel

‘Hessed

Gentillesse

Elokim

Guevoura

Puissance

YHVH vocalisé comme Tsevaot

Tiféret

Compassion

YHVH Tsevaot

Netsa’h

Victoire

Elokim Tsevaot

Hod

Gloire

Shakkaï

Yessod

Fondation

Adnai

Malkhout

Royauté