Dans la loi et la tradition juives, l’âge de treize ans marque le début de l’âge adulte et l’obligation d’accomplir les préceptes de la Torah. Au treizième anniversaire d’un garçon, il devient « Bar Mitsva », ce qui signifie littéralement « celui qui est commandé ».

Selon le récit de la mère du Rabbi, la Rabbanit ‘Hanna Schneerson, aussi bien son mari que son fils prenaient la Bar Mitsva de Mena’hem Mendel très au sérieux. Le Bar Mitsva prononça une dissertation savante – une dracha – devant les invités rassemblés, comme le veut la tradition, et ils furent impressionnés par son éloquence et son érudition. Mais ce qui est plus mémorable encore est le fait qu’après la dracha, il éclata en sanglots. Certains invités furent si affectés qu’ils ne purent retenir leurs larmes. La Rabbanit ‘Hanna expliqua que son mari avait demandé à son fils de s’engager envers lui à quelque chose par une promesse solennelle. Mais ce qu’était cette promesse, elle ne le savait pas. Tout ce qu’elle savait, c’est que lorsque son fils prit finalement l’engagement voulu par son père, R. Levi Its’hak célébra cela avec une joie immense, dansant et chantant jusque tard dans la nuit.1

Quand son fils prit finalement l’engagement voulu par son père, R. Levi Its’hak célébra cela avec une joie immense, dansant et chantant jusque tard dans la nuit.

Une idée de la solennité avec laquelle le jeune Mena’hem Mendel aborda sa Bar Mitsva peut être glanée d’une lettre qu’il écrivit à l’occasion de la Bar Mitsva de son cousin en 1929. S’adressant au jeune homme, R. Mena’hem Mendel commence par une question rhétorique : pourquoi le jour de sa Bar Mitsva n’est-il pas marqué par une sainteté festive semblable à celle du Chabbat ou d’un jour de fête ?

R. Mena’hem Mendel poursuit en expliquant : « La raison de ce phénomène est que chacun de nous n’a pas été créé pour les célébrations et les fêtes, mais pour le travail et l’industrie, “l’homme est né pour le labeur”. Le monde n’est pas un lieu de fête, l’homme n’est pas un invité revêtu d’habits de Chabbat pour participer à un festin, et les jours de sa vie ne sont pas des Chabbats et des fêtes.... Quand il devient astreint au joug de la Torah et des commandements, il ne devrait pas en faire une fête, mais un jour d’activité et de travail effectif. »2

À la fin de cette lettre, telle qu’elle apparaît dans le journal personnel du Rabbi, il y a quelques lignes de citations cryptiques et des notes à moitié terminées. L’une des références est celle d’un débat talmudique sur la question de savoir si un garçon qui devient Bar Mitsva après Pessa’h est tenu d’apporter un sacrifice pascal un mois plus tard, lors du « Second Pessa’h »3 Des années plus tard, le Rabbi développa ce thème, soulignant l’approche apparemment contradictoire de Maïmonide sur cette question et offrant une explication qui devint la pierre angulaire de ses enseignements sur l’obligation, l’éducation et l’action4 :

La responsabilité d’ouvrir la voie à l’accomplissement des obligations futures s’étend au-delà du domaine de l’éducation dans le domaine de l’action.

Nos obligations envers D.ieu, envers la société et envers nous-mêmes, affirma le Rabbi, ne prennent pas effet dans le vide, mais dans le contexte plus large de la responsabilité et de l’éducation. Le fait même que vous soyez obligé de suivre les commandements de la Torah dès l’âge de treize ans, a-t-il soutenu, implique que même avant cette date, vous devez entreprendre ce qui est nécessaire pour vous assurer que vos responsabilités seront remplies. La responsabilité de préparer l’accomplissement des obligations futures s’étend au-delà du domaine de l’éducation dans le domaine de l’action. En conséquence, expliqua le Rabbi, avant même d’avoir atteint l’âge de treize ans, vous êtes habilité à offrir un sacrifice lors du premier Pessa’h, vous acquittant ainsi d’une obligation qui ne prendra pas effet avant un mois.

Une personne responsable prend soin de se renseigner sur ses obligations de sorte qu’elle puisse prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que ses responsabilités seront accomplies.5 De plus, si quelque chose de bien peut être accompli, cela devrait être fait directement. Si quelque chose est véritablement important, cela ne devrait jamais être laissé à plus tard. « Chaque instant de perdu dans ce monde, enseigne le Rabbi, est une perte qui ne peut jamais être compensée... Si vous n’avez pas utilisé ce moment pour ce qu’il aurait pu accomplir, vous l’avez perdu... ce moment est vide, et vous ne l’avez pas vécu comme vous l’auriez dû. De plus, si vous ne saisissez pas une opportunité et n’agissez pas directement, il n’y a aucune garantie que, plus tard, il y aura le temps de le faire. »6 Chaque moment détient le potentiel du bien éternel, et il est de notre responsabilité de l’actualiser.7