Le Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, naquit le vendredi 18 avril 1902 (le 11 Nissan, dans le calendrier hébraïque) dans la ville ukrainienne de Nikolaïev.1 Son père, le Rav Levi Its’hak Schneerson, était un érudit versé aussi bien dans l’étude du Talmud que dans celle de la Kabbale.2 Sa mère, la Rabbanit ‘Hanna, était une femme intelligente et aristocratique et la fille du rabbin de la ville.3
Socialement et politiquement, ces temps étaient turbulents, et les Juifs étaient sujets à la persécution et aux pogroms. La Rabbanit ‘Hanna se souviendra plus tard de la présence d’esprit de son jeune fils lors du pogrom de Nikolaïev en 1905 : « Mes enfants et moi, avec d’autres mères et enfants, nous sommes cachés dans une pharmacie. De manière naturelle en de tels moments de chaos, les enfants ont beaucoup pleuré. Le pharmacien craignait que le bruit ne révèle la protection qu’il offrait aux Juifs, mettant ainsi sa propre vie en danger. Mon fils alors âgé de trois ans parcourut la pièce et calma tous les enfants. Ce fut une scène remarquable. Nous ne pouvions pas parler parce que les voix pouvaient être entendues à l’extérieur, alors il leur faisait silencieusement des signes avec ses mains et tranquillisait chaque enfant d’une manière différente. »4
« Un enfant tranquille, avec un front haut, un visage sérieux, et des yeux brillants et lumineux... qui s’intéressait à tout. »En 1909, Rabbi Levi Its’hak fut nommé rabbin de la communauté ‘hassidique de Yekaterinoslav (aujourd’hui Dniepropetrovsk), un grand centre urbain dont la communauté juive comptait des dizaines de milliers d’âmes. Bien qu’il fût officiellement seulement le rabbin ‘hassidique, il gagna le respect des autres rabbins de la ville et fut universellement respecté parmi les Juifs de toutes obédiences, y compris ceux qui s’étaient initialement opposés à sa nomination. L’accueil bienveillant que le Rabbi réservait aux gens de tous les milieux refléta l’influence formatrice de son père.5 Plus tard, pendant la période soviétique, quand les autres rabbins étaient décédés ou avaient quitté le pays, Rabbi Levi Its’hak resta le seul rabbin de Yekaterinoslav.6
Parmi les camarades du Rabbi à Yekaterinoslav se trouvait son cousin, Avraham Shlonsky. La jeune sœur d’Avraham, Verdina, décrivit plus tard l’atmosphère dans la maison des Schneerson comme distinctement majestueuse. Le rabbin et sa femme étaient « comme un roi et une reine – si beaux, esthétiques, musicaux et purs... » Elle était « belle, élégante et sociable », il était « majestueux et magnifique », et leurs enfants aussi étaient « tous beaux et purs ». Selon les Shlonsky frère et sœur, les portes et les fenêtres de la maison Schneerson étaient grandes ouvertes sur le monde, et pourtant elle restait un bastion de piété ‘hassidique. Verdina se souvenait en particulier du garçon aîné comme d’« un enfant tranquille, avec un front haut, un visage sérieux, et des yeux brillants et lumineux... qui s’intéressait à tout ».7
Cet enfant allait devenir le Rabbi, un leader qui voyait dans les yeux brillants de chaque enfant le potentiel de transformer positivement le monde entier. Les enfants, observe le Rabbi, ont un fort sentiment d’eux-mêmes en tant que centre de l’univers. Ils sont convaincus que toute chose et toute personne, y compris leurs propres parents, existent uniquement pour les servir. L’égocentrisme a souvent des implications négatives. Mais le Rabbi souligna son essence positive : le sentiment que chaque individu joue un rôle absolument central dans le but de la création. Le but de l’éducation, enseigna le Rabbi, est de diriger cette conviction innée vers sa bonne expression. Rien n’est dénué d’importance. Tout a un effet réel, voire cosmique. En tant que fondement d’une responsabilité absolue, plutôt que d’un dû absolu, la vision égocentrique de l’enfant est quelque chose que chaque adulte doit imiter.8 Comme les sages ont enseigné : « Chaque personne a le devoir de dire : “C’est pour moi que le monde a été créé.” »9
En tant que fondement d’une responsabilité absolue, plutôt que d’un dû absolu, la vision égocentrique de l’enfant est quelque chose que chaque adulte doit imiter.Dès le début de son leadership, le Rabbi a insisté sur le fait que l’avenir du peuple juif résidait au sein des cœurs et des esprits des enfants et des jeunes, et a également souligné de nombreux autres domaines dans lesquels les enfants excellent.10 Beaucoup de ses initiatives s’adressaient spécifiquement aux enfants, pour les inspirer en tant qu’individus et les habiliter à inspirer à la fois leurs pairs et leurs aînés. En 1980, le Rabbi encouragea l’établissement de Tsivot Hachem – « L’Armée d’Hachem », une organisation d’enfants ayant pour mission d’amener la rédemption au monde.11 Plusieurs fois par an, il s’adressait à des rassemblements d’enfants. Avec un sérieux absolu, il leur parlait leur langage, exprimant son respect pour eux en tant que participants à part entière au grand projet de la vie humaine.12
Les persécutions que connut le Rabbi dans sa propre enfance ne brisèrent pas son sens de soi, mais nourrirent sa détermination à forger un avenir incommensurablement meilleur. « Dès le jour où je suis allé à l’école, et même plus tôt, écrivait-il plus tard, une vision de la rédemption future a commencé à se former dans mon imagination – la rédemption du peuple juif de son exil final ; une rédemption à travers laquelle tous les tourments de l’exil, les persécutions et les massacres seraient compris... » La rédemption ultime, conclut le Rabbi, nous libérera des contraintes de la perception humaine par la révélation d’un bien inimaginable.13
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