On ne peut minimiser l’importance et la sainteté de la langue hébraïque. C’est le langage de la création, de la prophétie et de toute énergie spirituelle. De plus, c’est en hébreu que les prières ont été composées par les Hommes de la Grande Assemblée, et aucune traduction ne peut se substituer parfaitement à l’original. Donc, si vous comprenez l’hébreu, il convient de prier en hébreu. Et si vous ne comprenez pas l’hébreu, il convient d’essayer au moins d’apprendre la signification des prières pour que vous sachiez ce que vous dites.

Mais si quelqu’un ne comprend pas encore les prières, devrait-il malgré tout prier en hébreu ?

Il semble y avoir deux écoles de pensée.

Prier en hébreu

Beaucoup de décisionnaires, notamment Rav Yisrael Méir Kagan (dans son œuvre Michna Beroura), estiment qu’en raison de la sainteté de la prière dans sa version hébraïque originelle, si l’on est capable de prier en hébreu, il convient de le faire même si l’on ne comprend pas ce que l’on dit.1

Comprendre ce que l’on dit

D’autres, parmi lesquels le Maguen Avraham2 et Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi (dans son Choul’hane Aroukh Harav), adoptent une approche différente. Tout en admettant que la coutume commune est de prier en hébreu indépendamment de la compréhension, Rabbi Chnéour Zalman écrit que si l’on ne comprend pas le sens de la Grâce après les Repas (Birkat Hamazone), du Chéma, de la Amida et du Hallel, l’on ne devrait pas les réciter dans la langue sainte mais dans une langue que l’on comprend. Et bien que l’on puisse permettre la récitation d’autres bénédictions dans la langue sainte, il reste préférable de les réciter dans une langue que l’on comprend parce qu’« une prière sans concentration n’est pas considérée comme une prière ».3

Ce point de vue suit celui des premiers mystiques, notamment Rabbi Yéhouda Ha’Hassid (« le Pieux »), qui écrit concernant les personnes qui ne comprennent pas l’hébreu : « Apprends-leur à prier dans la langue qu’ils comprennent, car “la prière est seulement dans le cœur”, et donc si le cœur ne comprend pas ce qui sort de la bouche, quel avantage y a-t-il ? Par conséquent, il est bon qu’ils prient dans la langue qu’ils comprennent. »4

De fait, ce fort accent mis sur la prière comme étant « le service du cœur » et non pas un simple ânonnement est ce qui a conduit Rabbi Dovber (fils de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi) à écrire une œuvre du nom de Pirouch Hamilot, une explication des mots de la prière basée sur les enseignements ‘hassidiques. Ceci en plus d’avoir mis en page les discours de son père autour du texte de son Sidour et de les avoir publiés sous le nom de « Sidour im Da’h ».

Puissent les paroles de notre cœur transpercer les cieux et toutes nos prières être exaucées, y compris la prière ultime pour la venue de Machia’h rapidement et de nos jours !