Je vous salue et vous bénis.
C’est avec un plaisir mêlé de reconnaissance, que j’ai pris connaissance de votre action en faveur de nos frères se trouvant en prison, et concernant les Mitsvot de Michloa’h Manote, et de Matanote Laévionim. (Échanges de présents, et dons aux pauvres à l’occasion de Pourim. N.d.t.).
Il y a là un grand mérite, qu’il n’est certes pas nécessaire d’expliquer à un homme comme vous. J’exprimerai à cet égard, mon souhait de voir le succès obtenu par le passé, vous encourager encore davantage dans ce domaine, lors des jours qui s’annoncent.
Nos frères, fils d’Israël, sont juifs perpétuellement, et partout où ils se trouvent, et leur essence et leur vie ne peut provenir que du Judaïsme, de l’étude de la Torah, et de la pratique des Mitsvot — dont il est dit « ... parce que l’homme qui les pratique obtient par eux la vie » — conformément aux injonctions de D.ieu, dans Sa « Torah de vie », dont les enseignements régissent la vie de tous les jours. La portée de ces enseignements est, elle aussi, éternelle et s’étend à chaque endroit et à tous, y compris ceux qui se trouvent dans un double exil : celui des prisons.
Un lien tout particulier existe à cet égard entre ce qui précède et les jours proches de Pessa’h, qui est « l’époque de notre liberté », selon l’expression consacrée dans les prières et bénédictions de cette fête.
L’un des enseignements attachés à la fête est constitué par l’insistance avec laquelle est répétée l’expression « époque de notre liberté » tout au long de Pessa’h, d’autant que ces mots sont à chaque fois précédés de l’expression « époques de joie, fêtes et temps d’allégresse ». En effet, bien que nous nous trouvions en exil, nous pouvons dans ce même exil — décrit par la prière comme ayant été causé par nos fautes, c’est-à-dire qui permet d’expier celles-ci — célébrer la fête de notre liberté, une liberté véritable (surtout sur le plan spirituel, lequel constitue l’aspect essentiel du Juif1 et qui plus est, la célébrer dans la joie et l’allégresse.
Il en est de même au niveau individuel, qu’à l’échelle collective. Aussi, ce qui vient d’être exprimé vaut pour celui qui, en prison, expie sa propre faute. Celui-là aussi a la possibilité de se libérer spirituellement en s’attachant à la Torah et à ses Mitsvot, car elles seules peuvent conférer à l’homme sa vraie liberté, quand bien même il se trouverait physiquement prisonnier. Une telle réflexion ne peut qu’éveiller la joie, et permettre ainsi d’accomplir le verset : « Servez D.ieu dans la joie » (Ps. 100).
Nos Sages affirmant que l’essentiel est dans les actes, le but de la présente lettre ne saurait être que d’encourager les activités visant à ce que le plus possible de nos frères puissent fêter Pessa’h. Ces activités doivent être menées à leur terme et se concrétiser dans toutes les sphères de la communauté, et en particulier chez ceux qui se trouvent, pour l’instant du moins, en prison. La possibilité qu’ont ces derniers de pouvoir célébrer Pessa’h intégralement, et qui plus est, dans la joie, dépend en effet dans une large mesure de l’aide qu’ils recevront de l’extérieur.
Fort de l’assurance donnée par nos Sages selon laquelle « Si tu peines tu réussiras » (yagata oumatsata), et du fait que D.ieu agit à notre égard de la façon dont nous-mêmes agissons envers le prochain, il est certain que le fait d’aider ceux qui se trouvent dans un double exil à s’en libérer (dans toute la mesure du possible) permettra d’autant plus, à ceux qui s’y seront employés, d’en faire de même à leur propre égard, dans l’exil où eux-mêmes se trouvent.
Et puisse cette délivrance individuelle hâter la délivrance collective, la délivrance complète et véritable, qui verra la libération de tous nos frères juifs, partout où ils se trouvent, par le Machia’h, très prochainement.
Avec mon respect et ma bénédiction, pour une réussite dans toutes les activités liées à Pessa’h, et concernant tout ce qui en a été évoqué, et pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse.
(Extrait d’une correspondance datée de la veille du Chabbat Haggadol 5736 - [1976])
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