Rabbi Yé’hiel ben Joseph naquit à Meaux, en France, il y a environ 800 ans et mourut à un âge avancé à ‘Haïfa en Terre d’Israël, en l’an 5046. Il était un disciple de Rabbi Judah ben Isaac (Sire Léon) à qui il succéda à la tête de la yéchiva (école talmudique) de Paris en l’an 4985 (1225).

La Yéchiva de Rabbi Yé’hiel était l’une des plus grandes de son genre. Il y avait environ trois cents étudiants, et beaucoup d’entre eux devinrent plus tard auteurs des « Tossefoth » (commentaires médiévaux du Talmud). L’un de ses élèves les plus célèbres fut Rabbi Méir de Rothenburg.

C’étaient des jours difficiles pour le peuple juif, car les Juifs souffrirent durement des persécutions pendant les Croisades. Le maintien de sa grande académie fut une responsabilité difficile pour Rabbi Yé’hiel, car ses coreligionnaires étaient pauvres et nécessiteux et ne pouvaient guère soutenir les nombreux étudiants de la yéchiva. Rabbi Yé’hiel envoya donc un délégué en Terre d’Israël et dans les pays de l’Est, où la position des Juifs était meilleure, pour collecter des fonds pour sa yéchiva.

La position de la yéchiva était particulièrement difficile en raison des attaques fréquentes contre le Talmud par les ennemis des Juifs, et par diverses machinations montées contre les Juifs eux-mêmes.

En l’an 5000 (1240), le roi Louis IX de France ordonna qu’il soit tenu un débat religieux entre les représentants des religions chrétienne et juive sur le sujet du Talmud. Rabbi Yé’hiel dirigea la délégation juive qui défendit le Talmud contre les attaques de l’apostat Nicolas Donin qui était le porte-parole en chef des théologiens chrétiens. Rabbi Yé’hiel répondit à chaque accusation de l’apostat, et prouva qu’elles étaient toutes sans aucun fondement. Aussi bien le roi et la reine que tous les notables présents à cette disputation furent grandement impressionnés par la sagesse de Rabbi Yé’hiel. Mais la haine des Juifs était si intense à cette époque qu’il fut décrété que tous les manuscrits du Talmud disponibles seraient brûlés sur la place publique, un acte de vandalisme qui ne fut répété que par les hitlériens de notre temps. Le vendredi erev-Chabbat ‘Houkat en l’an 5004 (le 17 juin 1244), 24 charrettes de manuscrits talmudiques furent publiquement brûlées à Paris.

Rabbi Yé’hiel continua de nombreuses années à enseigner le Talmud dans son académie de Paris. Il écrivit des « Tossafoth » et servit comme la principale autorité en matière de Talmud. Ses décisions sur divers points de la loi juive furent mises par écrit par son disciple Maharam de Rothenburg ainsi que par le célèbre codificateur Rabbi Mordekhai ben Hillel, et par d’autres.

Rabbi Yé’hiel était considéré comme un saint homme, et de nombreux actes miraculeux lui sont attribués. (Une histoire raconte comment un jour on fut à court d’huile d’éclairage à la Yéchiva de Rabbi Yé’hiel. Il restait seulement un peu d’huile dans un petit pot que Rabbi Yé’hiel gardait pour Chabbat. Mais un miracle se produisit, comme aux jours des Hasmonéens, et l’huile dura toute une semaine jusqu’à ce que l’on en obtienne en suffisance pour que les élèves puissent étudier la Torah nuit et jour !).

Quand Rabbi Yé’hiel ne put plus supporter les persécutions dans son pays natal, il émigra en Terre d’Israël, accompagné de plusieurs de ses disciples. C’est là-bas qu’il mourut et il fut enterré au pied du mont Carmel.