Un célèbre mashpia (mentor ‘hassidique) raconta l’histoire suivante :
Le Kaiser d’Autriche rendit une fois visite au Tsar de Russie. Un somptueux dîner d’État fut servi. Parmi les divers mets, le menu comportait du kishké, c’est-à-dire des boyaux farcis. Le véritable kishké n’a rien à voir avec ce que votre épicerie locale vous propose. Le vrai kishké est fait avec les intestins de l’animal farcis avec de la farine, de l’huile et toutes sortes d’épices. Je n’en ai mangé qu’une seule fois dans ma vie, quand j’ai visité Israël. Je me demande même si ce n’est pas illégal aux États-Unis.
Mais assez de ma rubrique culinaire. Tout cela pour dire que du kishké fut servi et le Kaiser en raffola tellement qu’il demanda au Tsar d’envoyer la recette à ses cuisiniers. Le Tsar promit gracieusement de le faire. Après le départ du Kaiser, les cuisiniers russes rédigèrent la recette et la firent parvenir par courrier diplomatique aux chefs des cuisines du Kaiser.
Le jour arriva enfin où il fut annoncé au Kaiser qu’il lui serait servi du kishké. Il se mit à table avec avidité. Un plateau arriva, mais, beurk ! Quelle puanteur ! Le Kaiser souleva le couvercle de son assiette et prit une bouchée. Il recracha immédiatement le morceau et ordonna qu’on retire le plateau et qu’on jette le kishké.
Une lettre officielle de protestation fut envoyée sur-le-champ au Tsar. Comment osait-il envoyer une recette pour une préparation aussi abominable ! Le Tsar reçut la lettre et appela son personnel de cuisine pour trouver une explication.
Au départ, le personnel de la cuisine impériale était perplexe. Ils relurent attentivement la recette et ne voyaient pas quel pouvait être le problème. Mais, au bout d’un certain temps et dans un moment d’inspiration, l’un des cuisiniers s’exclama : « Mais bien sûr ! Nous lui avons dit comment farcir et épicer le kishké, mais nous n’avions pas pensé à lui dire de le nettoyer avant de le farcir ! »
Cette histoire est une parabole de la téchouva, le repentir. Il nous arrive souvent de prendre de fermes résolutions pour l’avenir, en particulier avant les Jours Redoutables. À mesure que Roch Hachana approche, nous pensons de plus en plus aux manières dont nous pouvons nous améliorer. Cette histoire nous enseigne que les bonnes actions sont certes importantes, mais que les résolutions gagnent à être précédées d’un bilan honnête afin de corriger tous les aspects de notre comportement qui ont besoin de l’être. Car autrement, même avec toutes les épices (les bonnes résolutions) du monde, une personne peut demeurer un kishké puant...
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