Question :
Quand nous faisons une mitsva, la faisons-nous pour nous-mêmes ou pour D.ieu ? Par exemple, si je donne une pièce à un sans-abri, le fais-je pour moi-même – parce que ce geste me fait me sentir heureux et compatissant – ou pour D.ieu ? Les mitsvot me rapprochent-elles de D.ieu ou du bonheur ?
Réponse :
J’ai apprécié la lecture de votre question intéressante et bien pensée !
J’aime comparer une mitsva à une échelle aux multiples barreaux. Tous les échelons sont là, et tous ensemble ils constituent l’échelle ; la question est seulement sur quoi nous choisissons de mettre l’accent.
Le mot mitsva a une double signification : « commandement » et « lien ». À son niveau essentiel, une mitsva est une connexion avec D.ieu créée par l’accomplissement de Son commandement. C’est l’aspect le plus profond d’une mitsva, le plus haut échelon de l’échelle.
Cela dit, une chose qui est essentiellement bonne le sera également sur tous les échelons de l’échelle.
Prenons comme exemple le fait de manger casher. Lorsque l’on mange casher, 1) on est physiquement renforcé 2) et spirituellement raffiné, 3) on augmente sa satisfaction et sa perception du sens de la vie, 4) on gagne une récompense dans le monde à venir, 5) on fait de ce monde un endroit meilleur et 6) on se connecte à D.ieu.
Et tous ces aspects sont vrais. Mais en tout premier lieu, cela commence par le fait que manger casher est accompli en tant que commandement établissant une connexion avec D.ieu. Le reste suit automatiquement.
La Torah nous enseigne qu’une mitsva doit être accomplie lichmah (pour elle-même), sans considérations personnelles. Elle doit être faite simplement parce que telle est la volonté de D.ieu. Pourtant, un tel niveau d’accomplissement ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Les Sages ont donc enseigné que l’on peut commencer par servir D.ieu par intérêt personnel. De fait, la Torah elle-même mentionne les récompenses qui rétribuent l’accomplissement des commandements. Cependant l’objectif est d’atteindre le niveau où l’on sert D.ieu d’une manière purement altruiste.
Cela est tout aussi valable pour la charité. La mitsva essentielle est de donner la charité parce que c’est ce que D.ieu a commandé. Sera-t-elle gratifiante pour celui qui l’accomplit ? Lui vaudra-t-elle une immense récompense ? Bien sûr ! Le Talmud enseigne que l’on est même autorisé à dire : « Je donne la charité pour que mon fils guérisse. » Après tout, ce qui compte le plus est que la chose soit faite. Néanmoins, il est préférable que la mitsva soit faite lichmah.
Paradoxalement, toutefois, en ce qui concerne la charité, le Rabbi explique qu’elle doit être donnée avec sentiment. Il ne suffit pas de donner une somme simplement parce que c’est ce que D.ieu a commandé ; il nous est également commandé d’avoir de l’empathie vis-à-vis de notre prochain dans la détresse et de véritablement désirer lui être utile. Et ce sentiment, lui aussi, doit émaner de notre désir de suivre les instructions de D.ieu.
Bien à vous,
Rav Yisroel Cotlar
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