En 1967, avant la Guerre des Six Jours, le Rabbi présenta ce qui devait être la première des dix « Campagnes des mitsvot » (les « mivtsaïm ») : celle de mettre les téfilines à tous les Juifs. À l’époque, une connaissance m’avait demandé pourquoi le Rabbi avait choisi spécifiquement les téfilines. « Pourquoi pas une mitsva plus universelle, comme de manger casher ? » demanda-t-il.
Plus tard cette année-là, lorsque j’étais en yé’hidout (c’est ainsi qu’on appelle une audience privée avec le Rabbi), j’ai demandé au Rabbi pourquoi il avait choisi les téfilines. Le Rabbi m’a dit qu’il y avait deux raisons à son choix. La première est qu’il y a un passage dans le traité talmudique de Roch Hachana selon lequel une fois qu’un Juif a porté les téfilines sur sa tête – même une seule fois dans sa vie – il entre dans une catégorie différente en tant que Juif. La deuxième raison que le Rabbi a donnée était que, « Quand un Juif à Miami voit des photos de Juifs au Mur occidental qui mettent les téfilines, il ressent une envie de mettre lui-même les téfilines. »
En 1974, je reçus un appel d’un Américain qui, de nombreuses années auparavant, avait fait des affaires en Angleterre et avait été client de mon cabinet d’expertise comptable. Il était désormais à Miami et le comptable de son entreprise voulait discuter de certains aspects de leur affaire avec moi. M’était-il possible de venir à Miami pour le rencontrer ?
J’ai été d’accord et, quelques semaines plus tard, je partis pour Miami. J’y suis arrivé très tard dans la nuit ; nous avions prévu une réunion lors du petit déjeuner tôt le lendemain matin. J’ai séjourné dans un appartement qui jouxtait celui de mon client si bien que, le lendemain matin, son associé qui craignait que je ne me réveille pas à cause du décalage horaire a frappé à ma porte pour me réveiller et, ne recevant pas de réponse, il est entré. Lorsqu’il me vit prier avec sur moi mon talith (châle de prière) et mes téfilines, il sortit.
Le comptable américain, qui était juif, est arrivé à la réunion et nous avons entamé le petit-déjeuner. Ne me voyant prendre que du jus d’orange, le comptable a demandé pourquoi je ne mangeais pas. Mon client répondit que c’est parce que je mangeais casher. Le comptable américain exprima sa surprise et alors l’associé raconta comment il était venu me trouver pour la réunion et m’avait trouvé en train de prier dans un châle de prière et avec des « choses » sur ma tête.
– Vous mettez les téfilines? me demanda le comptable américain.
– Oui ! répondis-je. Pas vous ?
– Je n’avais pas mis les téfilines depuis ma Bar Mitsva à New York il y a cinquante ans, dit-il. Mais récemment, j’ai vu une photo de Juifs au Mur occidental qui mettait les téfilines et cela m’a donné envie de mettre moi-même les téfilines.
Presque mot pour mot ce que le Rabbi m’avait dit plus de sept ans plus tôt.
Après la réunion, il est venu dans mon appartement mettre les téfilines.
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