Dans le second chapitre de son œuvre séminale, le Tanya, le fondateur du ‘hassidisme ‘Habad, Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi (1745-1812), cite un verset du livre de Job décrivant l’âme comme « une partie de D.ieu en haut », à laquelle il ajoute un mot qui a révolutionné notre vision de nous-mêmes et de nos vies : mamach.

Mamach est l’un de ces riches mots hébraïques que le dictionnaire peine à confiner dans une définition simple. Parmi ses sens, on trouve « littéralement », le « vraiment ? » interrogatif, et même le matérialiste « tangible », mais il y en a bien d’autres, chacun d’entre eux étant nuancé par le contexte et l’inflexion de la voix.

Personne, et certainement pas les masses, n’osait suggérer que chaque âme est effectivement une partie de D.ieu !

Un peu d’histoire : à la fin des années, 1790 Rabbi Chnéour Zalman prit la décision audacieuse de publier la pensée ‘hassidique, la rendant accessible même aux non-initiés et, ce qui était peut-être encore plus risqué, au public non instruit. Cette initiative suscita le scepticisme chez beaucoup et lui valut même des ennemis. Certains furent suffisamment irrités pour le calomnier auprès du tsar et le faire emprisonner et c’est seulement par miracle que sa vie fut épargnée et que son enseignement put se développer. (Voir l’histoire du 19 Kislev).

Revenons maintenant à cette citation de Job. Celle-ci semble plutôt bénigne ; pourquoi fallait-il lui adjoindre cet emphatique mamach ? Qu’est-ce que ce mot lui ajoute-t-il ? Et pourquoi était-il nécessaire d’« améliorer » le texte de l’Écriture ?

C’est avec ce mot que Rabbi Chnéour Zalman a changé le monde.

Avant l’introduction de la pensée ‘hassidique au grand public, les gens se contentaient de comprendre ce verset comme une vague référence aux similitudes de l’âme et de son Créateur. Personne, et certainement pas les masses, n’osait suggérer que chaque âme est effectivement une partie de D.ieu ! Ni le simple ouvrier, ni le marchand prospère n’auraient osé penser qu’il contenait en lui une véritable parcelle de D.ieu. Peut-être que l’arrogant parmi les savants pouvait se considérer comme étant un cadeau du ciel, mais assurément était-ce quelque chose de mérité et non d’inné.

Mamach enrichit notre compréhension de la citation, modifiant radicalement son interprétation ainsi que son application. Il est « littéralement » – mamach – vrai que chaque âme est une partie de D.ieu Lui-même. L’infinité de D.ieu empêche toute notion de diminution du Divin et communique un lien universel entre tous ceux qui le partagent. Et ainsi le monde fut éclairé.

Tout d’abord, avec l’éradication de l’idée que les accomplissements d’une personne donnaient la mesure de sa relation essentielle avec D.ieu, ainsi que des divisions qui en découlaient et minaient la communauté. Toutes les âmes sont une partie de D.ieu Lui-même et, comme Il est indivisible, de même le sont les investissements de Lui-même dans Sa création. Ni l’érudition, ni l’échec ne peuvent constituer l’essence de l’identité.

Et puis vint le défi : avec mamach, viennent des attentes. Fini la résignation à la médiocrité. À sa place, on trouve opportunité et exigence. Vous allez équilibrer vos comptes, vous allez perdre du poids, vous aller assainir vos relations ; oui, vous le ferez mamach. Tous les problèmes pour lesquels nous nous réfugiions derrière le prétexte de notre propre médiocrité doivent maintenant être affrontés et résolus.

Fini la résignation à la médiocrité. À sa place, on trouve opportunité et exigence

Si nous sommes seulement comme le Divin et non mamach divins, il ne peut nous être reproché de ne pas tenter l’impossible. Selon les anciennes règles, « faire de son mieux » était tout ce qui était attendu, le succès était relatif et réservé aux chanceux et aux talentueux. Rabbi Chnéour Zalman a effacé cette défense pratique et confortable, nous mettant au défi et nous donnant les moyens de mettre en œuvre les changements nécessaires aussi bien à l’intérieur de nous-mêmes que dans le monde.

Aussi, voici un bon conseil : si votre but dans la vie est simplement d’atteindre le titre de « juste », alors n’étudiez pas le Tanya. Tenez un livre de comptes, et tant que vous aurez une ligne de plus dans la colonne des succès, vous êtes bon.

Le Tanya place la responsabilité et l’opportunité devant nous. Abandonnez les titres concurrentiels. Exprimez votre véritable identité en vous intégrant à quelque chose de plus élevé que juste vous-même, à votre parcelle de D.ieu – mamach.

Alors que nous nous approchons de la ligne d’arrivée et que nous diffusons cet appel, nous avons été témoins de beaucoup de changement. Nous avons vaincu le communisme, éradiqué les anciennes maladies biologiques et sociales et alerté le monde sur son pouvoir inhérent de faire le bien. Ensemble, nous allons changer le monde, préfigurant annonçant l’arrivée de Machia’h, rapidement et de nos jours... mamach.