Maintenir la vie juive dans le cœur de l’Amazonie est tout sauf simple pour le rav Arieh et Dvorah Lea Raichman, installés à Manaus au Brésil depuis 2009. Comme leurs homologues dans tout le pays, ils déploieront tout leur savoir-faire et leurs ressources pour accueillir les nombreux visiteurs juifs qui afflueront dans leur ville lors de la Coupe du Monde de football 2014 qui se tiendra dans 12 villes éparpillées à travers le Brésil de la mi-juin à la mi-juillet.
Inaccessible par la route, située au milieu de la jungle amazonienne où le fleuve Negro et le fleuve Solimões se rejoignent pour former l’Amazone, la ville a attiré des explorateurs et des entrepreneurs juifs au 19ème siècle, en particulier en provenance du Maroc.
En 1910, Rabbi Chalom Mouyal, qui avait voyagé du Maroc jusqu’en Amazonie pour renforcer l’observance juive parmi les colons, décéda de maladie et fut enterré dans le cimetière municipal de Manaus. Il en vint à être considéré comme un saint par une grande partie de la population non-juive locale qui fait régulièrement des pèlerinages sur sa tombe.
Aujourd’hui, le rav Raichman estime qu’il y a moins de 1000 Juifs à Manaus, pour la plupart descendants des commerçants séfarades. Pendant les 99 ans qui suivirent le décès de Rabbi Mouyal, ils demeurèrent sans rabbin jusqu’à ce que le natif de Houston arrive avec son épouse, native de Belem au Brésil, et leur fils nouveau-né. Ils eurent depuis trois autres enfants.

En dehors de l’isolement, Rav Raichman dit qu’un autre défi de la vie à Manaus est le climat étouffant, difficile même pour quelqu’un élevé dans la chaleur du Texas. Le climat fut d’ailleurs la cause d’un petit scandale l’année dernière quand le sélectionneur de l’équipe nationale d’Angleterre, Roy Hodgson, exprima ses réserves sur le fait de faire jouer son équipe dans les conditions tropicales de Manaus. Finalement, les matches ont été reprogrammés en soirée, ce qui devrait alléger la difficulté.
En prévision des quatre matchs qui s’y tiendront, les autorités municipales ont fait construire la nouvelle « Arena da Amazonia » pouvant contenir 46 000 spectateurs. Avec des équipes représentant l’Angleterre, les États-Unis et l’Italie au programme, les fans juifs sont sûrs de suivre.

Du fait de l’isolement de Manaus, le rabbin explique que la nourriture casher est amenée par bateau le long du fleuve Amazone depuis Belem, ce qui prend une semaine dans un conteneur réfrigéré, ou envoyée par avion depuis São Paulo, la plus grande ville du Brésil et la plus grande ville au sud de l’équateur. Il passe généralement une commande casher toutes les deux semaines pour lui-même et les neuf autres familles qui mangent casher.
En prévision de la Coupe du Monde, le rav Raichman a passé une commande de nourriture exceptionnelle et emploiera un cuisinier à temps plein dans son Beth ‘Habad – Habad-Loubavitch de Manaus – pour assurer à tous les visiteurs qui souhaitent manger casher la possibilité de le faire.
Avec un déluge d’invités attendus dans la ville fluviale, le rabbin dit qu’il est extrêmement sollicité par des personnes en quête d’une chambre d’hôtel : « Je les aide de mon mieux à trouver où se loger, et ceux dont l’hébergement sera trop loin pour venir ici à pied assister aux offices de Chabbat seront nos invités. »


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