Le comte Lipsky montrait à Jacob-Isaac le même respect et la même considération qu’il avait témoignés à son père. Jacob-Isaac était compétent et digne de confiance, et le comte était content de ses services. Quand le comte mourut, Jacob-Isaac continua à travailler pour son héritier et fut traité avec le même respect qu’auparavant.
Jacob-Isaac n’aurait pu être heureux s’il n’avait trouvé le temps d’étudier la Torah. Aussi, il fit en sorte qu’une partie de sa journée soit réservée à son étude personnelle de la Torah et, de plus, il donnait un chiour pour les habitants de Yanovitch qui voulaient y assister.
Étant donné sa richesse et sa situation, il était considéré comme le chef de la ville et on le consultait dans toutes les affaires concernant la communauté juive.
Bien qu’il fût respecté, et même craint par certains, il ne jouissait certainement pas de l’affection de la population comme l’avait fait son père avant lui !
Même quand il s’agissait de charité qu’il distribuait de manière très généreuse, il était évident qu’il portait secours parce qu’il considérait que c’était son devoir, et il ne prenait apparemment aucun plaisir à donner. Dès lors, il ne pouvait y avoir aucun plaisir dans le cœur de ceux qui recevaient son aide. Il oubliait que la manière de donner vaut parfois mieux que ce que l’on donne.
Vingt ans environ après la mort de Chimchone-Élie, un différend s’éleva entre les héritiers du comte Lipsky, de sorte que Jacob-Isaac pensa qu’il vaudrait mieux pour lui de ne pas y être mêlé.
Il régla toutes les affaires de la propriété et fit vérifier et contrôler les comptes par les autorités gouvernementales afin de pouvoir tout laisser en ordre parfait. Il se mit alors à faire le commerce du lin et ses affaires prospérèrent d’heureuse façon. Jacob-Isaac était très satisfait de sa réussite. Il goûtait sa richesse et la place d’honneur qu’il occupait dans la communauté. Il ne se souciait pas d’être moins aimé que ne l’avait été son père, car il ne voyait pas la nécessité de rechercher la popularité parmi ces gens que, dans sa fatuité, il considérait comme étant ses inférieurs.
C’est pourquoi il pensa que c’était une bonne plaisanterie de se moquer du pauvre et humble boulanger Chlomoh quand celui-ci répondit à la « aliyah » au milieu du Chéma.
Combien Abraham-Isaac était différent de Jacob-Isaac !
Barou’h fut si touché par la façon dont Abraham-Isaac traita le boulanger qu’il décida de l’observer, de voir comment il vivait, comment il occupait ses journées, et ce qu’il pouvait apprendre de lui et sur lui. Car il pensait que c’était un jeune homme qui valait la peine qu’on s’intéressât à lui.
Tout ce qu’il découvrit le convainquit une fois de plus, que c’était là un autre exemple d’un homme qui estimait que servir les gens modestes et simples était plus important que tout !
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