Question :
J’ai acheté une collection des livres de la Torah et des Prophètes avec tous les commentaires classiques et j’aime beaucoup les étudier. Je suis toutefois perplexe face aux grandes divergences d’opinions concernant chacun des récits bibliques. Il est fréquent que les commentateurs se contredisent entre eux.
Comment puis-je apprécier l’étude de ces commentaires quand seulement l’un d’entre peut être juste ?
Réponse :
C’est une question fréquemment posée. Elle est fondée sur l’hypothèse que le but de la Torah est de nous raconter l’histoire de notre peuple, sachant que l’histoire n’a pu se dérouler que d’une seule manière.
Mais c’est méconnaître le but de la Torah. Certes, elle est en majorité composée d’histoires. Et il est vrai également que ces épisodes se sont concrètement déroulés d’une manière donnée. Néanmoins, lorsque nous étudions la Torah, nous sommes censés aller au-delà de « ce qui s’est passé » et considérer ces histoires comme un moyen pour D.ieu de nous transmettre un message, une leçon pour notre vie actuelle.
D’ailleurs, il suffit de se pencher sur la traduction du mot « Torah » lui-même pour se rendre compte que celle-ci n’est pas un simple guide de l’histoire juive. Torah signifie « enseignement » et non pas « livre d’histoire ». Cela ressort également de l’approche historique étrangement sélective de la Torah, de ses écarts occasionnels de l’ordre chronologique des événements et de la sémantique mystérieuse dont elle fait parfois usage dans ses récits.
Car, au-delà de l’histoire, chaque épisode, chaque verset, chaque mot et chaque lettre de la Torah est un aperçu d’une vérité supérieure. C’est la sagesse infinie de D.ieu concentrée dans des histoires que l’esprit humain est à-même d’appréhender.
Cette vérité peut être observée à partir de quatre dimensions principales appelées pshat (simple), remez (allusion), drouch (recherche) et sod (secret). Et il y a d’innombrables perspectives de compréhension au sein de chacune de ces approches.
Le pshat est l’interprétation simple de la Torah, suivant le cheminement le plus lisse et le plus élégant des mots et du contexte. Le remez révèle les allusions et les sens allégoriques contenus dans ces mots. Le drouch (ou midrach) recherche le sens profond du verset. Et le sod est la partie mystique et ésotérique de la Torah, le sens qui ne peut être connu que de ceux à qui il a été révélé. Lisez cet article pour en savoir plus sur ces quatre modalités, avec des exemples de chacune d’elles.
Quand nos saints commentateurs ont étudié une histoire dans la Torah, ils ont chacun remarqué un aspect différent de cette vérité. Et c’est pourquoi nous les chérissons tous.
Et si vous demandez : « Alors, lequel est vrai ? Lequel s’est réellement passé ? » La réponse est que, tout simplement, tous sont vrais, tous se sont réellement passés.
Pourquoi nous est-il difficile d’avaler cela ? Parce que nous croyons qu’il n’y a qu’une seule réalité, et donc qu’une seule histoire. La Torah, cependant, connaît de nombreuses réalités, toutes vraies, contenant chacune une leçon différente pour nous dans cette réalité ici et maintenant. Il y a des mondes où le pshat est réel, différents mondes pour différents pshatim. Ensuite, il y a des mondes de remez, de drouch et de sod.
Par exemple, dans notre monde physique, Moïse peut avoir mesuré, disons 1,80 m. Mais dans un certain monde de drach, il faisait 10 amot de haut, soit environ 4,5 m. Qu’est-ce qui est « plus vrai » ? Cela dépend. Cherchez-vous sa taille ou sa stature ? Mesurez-vous le Moïse qui s’inscrivait dans un corps physique au sein d’un monde physique, ou mesurez-vous le véritable Moïse, l’âme de cet homme et son vrai caractère, afin de savoir comment le considérer et apprécier son caractère ?
Une stature de 10 amot implique que cette personne est complète dans tous les sens, car il y a 10 aspects de la personnalité humaine. C’est ce que Moïse était vraiment : une personne accomplie et équilibrée au sens le plus profond de ces termes. Notre monde matériel ne peut soutenir un être humain d’une telle envergure, et donc nous percevons la vérité à travers un prisme de compromis. Mais dans un monde qui n’a pas nos limites physiques, Moïse fait 10 amot de haut.
Tout dépend en fait de ce que nous retirons de l’histoire, ce que nous devons en apprendre. Et chaque différente approche de la Torah fournira une leçon différente, tout aussi précieuse, tout aussi vraie.
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