Quand Barou’h disparut de Lyozna sans laisser de trace derrière lui, Abraham fut très intrigué et inquiet. Pourquoi Barou’h avait-il fait cela ? Était-ce parce qu’il n’avait pas voulu manger à sa table ? Abraham avait observé Barou’h et, sachant quel jeune homme bon et vertueux il était, espérait faire de lui son gendre. Sa fille Rivkah était une jeune fille très jolie et très douée, et Abraham ne pouvait penser à un meilleur parti pour son enfant bien aimée que Barou’h. Il avait déjà appris tout ce qu’il y avait à savoir à propos de Barou’h par ses rapports avec lui. Il savait qu’il venait d’une famille distinguée originaire de Posen et qu’il était lui-même né à Vitebsk et avait été élevé dans une maison des faubourgs de la ville, près des rives de la Dvina.

Il découvrit tout ceci peu à peu (car Barou’h parlait très peu) et il mit ces renseignements bout à bout jusqu’à ce qu’il obtint un tableau de Barou’h et de son entourage avant sa venue à Lyozna.

Quant au personnage de Barou’h et sa manière de vivre originale, il les comprenait et estimait mieux que quiconque.

Abraham avait particulièrement souhaité que Barou’h demeure chez lui pour Pessa’h, afin qu’il fasse la connaissance de sa famille, y compris sa fille Rivkah et il espérait qu’il lui serait plus facile de proposer à Barou’h d’épouser Rivkah.

Barou’h avait-il pu deviner les intentions d’Abraham et s’être enfui à cause de cela ? Abraham espérait que ce n’était pas la raison du départ de Barou’h et décida de ne pas avoir de repos qu’il ne l’ait retrouvé. C’était comme chercher une aiguille dans une meule de foin. Où commencer ?

Cet été là, Abraham loua à nouveau des vergers, cette fois avec un nouvel associé. Un de ces vergers était à une bonne distance de Lyozna. Quand vint l’époque de la cueillette des fruits, son associé suggéra qu’Abraham ferait bien de porter les fruits à Vitebsk, la seule grande ville des environs, où il était sûr qu’ils pourraient obtenir un meilleur prix pour leurs produits.

Il pensait qu’il serait obligé d’user de quelque persuasion pour obtenir le consentement d’Abraham et fut quelque peu surpris quand ce dernier se déclara tout à fait disposé à partir. Sachant que Vitebsk était la ville natale de Barou’h et son foyer, Abraham espérait qu’il aurait assez de chance pour obtenir quelque indice quant à sa résidence actuelle.

Abraham réussit parfaitement en ce qui concernait la vente des fruits, car il obtint vraiment de très bons prix. Mais, sans perdre de temps après avoir conclu son marché, il se mit à la recherche de Barou’h. Il commença dans les faubourgs de la ville près de la Dvina, et puis à travers la ville, mais malgré tous ses efforts – et il questionna un grand nombre de personnes – on ne semblait pas savoir où l’on pourrait trouver Barou’h. Abraham s’en retourna fort déçu.

Cependant Abraham refusait de désespérer, bien qu’il se rendît à Vitebsk plusieurs fois durant l’été sans approcher de la solution du mystère de la disparition de Barou’h.

Finalement, Abraham décida d’aller voir son ancien maître Rabbi Abraham-Zéev à Bieshenkovitch et demander ses conseils pour savoir s’il devait continuer à chercher Barou’h ou trouver un autre parti pour sa fille.

Rabbi Abraham-Zéev était plus qu’un maître pour lui. Il l’avait élevé et plus tard, l’avait aidé à se marier et à s’établir.

Rabbi Abraham-Zéev conseilla à Abraham d’attendre encore un peu et, s’il ne trouvait toujours pas Barou’h, d’abandonner alors ses recherches et trouver quelqu’un d’autre pour sa fille.

Tandis qu’il était à Bieshenkovitch, Abraham fit la connaissance d’un étudiant de la Yechivah de Vitebsk, et, au cours de leur conversation, celui-ci parla avec enthousiasme du jeune doyen de cette Yechivah, Rabbi Joseph-Isaac. L’étudiant ne savait pas qu’Abraham recherchait désespérément le beau-frère de Rabbi Joseph-Isaac et, pas plus qu’Abraham, il ne connaissait les liens de parenté qui les unissaient. Abraham aima ce qu’il avait entendu dire de Rabbi Joseph-Isaac et décida de lui rendre visite lorsqu’il reviendrait à Vitebsk et de faire sa connaissance.

Et c’est ce qu’il fit quand, au cours de l’hiver, il eut l’occasion de se rendre à Vitebsk. Tandis qu’il était toujours à l’affût de toute information qui pourrait l’amener à retrouver Barou’h, il pensait que ce serait une bonne idée de saisir l’occasion de rencontrer Rabbi Joseph-Isaac. Naturellement, il ignorait les liens qui unissaient ce dernier à Barou’h, mais au cours de leur conversation, son nom fut évoqué et, à la joie d’Abraham, il apprit qu’il était le beau-frère de Barou’h et, mieux encore, que Barou’h demeurait dans cette même ville.

La joie d’Abraham fut indescriptible ! Il conta à Rabbi Joseph-Isaac ses longues recherches et son désir et son espoir ardents de faire de Barou’h son gendre. Rabbi Joseph-Isaac pensa qu’il serait mieux qu’Abraham aborde ce sujet délicat lui-même avec Barou’h, et lui conseilla d’être très prudent dans sa façon d’exposer la chose afin de ne pas effrayer ce dernier.

Mais où était Barou’h ?