La présente lettre du Rabbi de Loubavitch, en date du 12 Nissan 5734 (1974), a été écrite à l’occasion de l’inauguration d’une Arche Sainte offerte en l’honneur de son 72ème anniversaire.

Un être humain est appelé « un monde en miniature ». Nos Sages nous apprennent qu’il ne s’agit pas d’une simple expression, mais que cette analogie est réelle à beaucoup d’égards. L’idée sous-jacente à cette analogie, c’est que l’homme et le monde dans lequel il vit sont intimement liés et agissent l’un sur l’autre. Qu’est-ce qu’un Arone HaKodech, une « Arche Sainte » ? C’est un objet matériel, fait de bois, de métal ou de quelque autre matériau, destiné à accueillir un rouleau de Torah qui est lui-même fait à partir d’objets matériels : du parchemin sur lequel on écrit avec une plume et de l’encre. Et cet objet est saint parce qu’on y a inscrit les paroles de D.ieu, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré. Comme l’Arche est sainte parce qu’elle contient les objets les plus saints, les Sifrei Torah, on a l’habitude de la faire très belle, comme c’est en effet le cas de celle qui a été inaugurée aujourd’hui. Et lorsque l’Arche comporte une partie basse, on s’en sert seulement pour y déposer des objets sacrés.

Un être humain peut être comparé à une Arche. Le corps qui est fait de chair et d’os, etc., est matériel, mais il renferme une âme qui est d’essence spirituelle et sainte. En conséquence, le corps lui aussi, doit rester saint comme l’Arche qui contient le Sefer Torah.

De même, l’analogie peut être étendue au monde entier, dans lequel D.ieu nous ordonna de construire un Mikdache, un Sanctuaire d’où la lumière et la sainteté divines se répandraient à travers le monde entier. De la même façon, une personne doit faire en sorte que son cœur et son esprit, bien que physiques, soient des « sanctuaires », c’est-à-dire des réceptacles sacrés dont le contenu est encore plus sacré, en harmonie avec la sainteté suprême et la perfection que D.ieu a révélée dans Sa Torah et Ses mitsvot. À tel point que « les parties basses », c’est-à-dire lorsque le cœur et l’esprit s’impliquent dans des domaines aussi matériels que les affaires ou le travail, ne doivent pas être une fin en soi, mais un moyen pour parvenir à un niveau spirituel meilleur et plus élevé. Ainsi, les occupations matérielles ont un caractère différent, un sens et une valeur plus élevés. Ceci correspond au Sanctuaire que D.ieu a demandé de construire dans le monde matériel, et les Juifs ont contribué à l’érection de ce Sanctuaire en apportant des objets matériels tels que de l’or, de l’argent et du cuivre, tandis qu’ils élevaient pour les sanctifier, non seulement leurs dons, mais aussi les efforts qu’ils avaient fournis pour acquérir ces objets, et même la partie importante qui est consacrée aux besoins personnels et familiaux.

Les deux Sanctuaires – le « Sanctuaire » à l’intérieur de chaque Juif, homme ou femme, et le Sanctuaire que D.ieu nous a demandé de construire afin qu’il ait une résidence en ce monde – sont mentionnés en une seule et même phrase dans la Torah : « Ils Me feront un Sanctuaire et Je résiderai en eux », c’est-à-dire en chacun d’entre eux, ainsi que nos Sages interprètent ce verset. En d’autres termes, la finalité de la construction du Sanctuaire pour D.ieu, c’est de faire en sorte que chaque cœur et chaque esprit juif soient une résidence appropriée pour que D.ieu puisse S’y établir.

La leçon immédiate de tout ce qui précède, c’est que, bien que le Sanctuaire, le Temple, ne soit pas encore une réalité – il sera reconstruit lorsque Machia’h viendra – le Sanctuaire qui est en chaque Juif, homme ou femme, existe toujours, et nous avons toujours la possibilité de le développer et de le rendre effectif en sanctifiant toute notre vie.