Quelle était l’idée derrière l’invention des parades de Lag BaOmer ? De quoi s’agit-il ? Eh bien vous avez pratiquement tous les enfants juifs de la ville qui chantent faux à tue-tête tout en défilant nonchalamment dans l’artère principale. Des fourgons de police et des camions de pompiers les accompagnent dans une cacophonie de sirènes tandis que des fanfares représentant tous les corps de l’armée la disputent à une procession de chars décorés. Des parades de Lag BaOmer de mon enfance à New York, je me rappelle aussi d’élus et de dignitaires qui parlaient trop longtemps, et que, lorsque nous arrivions enfin au parc, il n’y avait pas toujours suffisamment de sandwiches au salami détrempés et de canettes tièdes pour le déjeuner...
Au moins, mes parents n’étaient pas des fanatiques de l’appareil photo ; j’avais des amis dont les parents étaient prêts à stopper tout le cortège pour qu’ils puissent prendre encore quelques dizaines de photos de leurs précieuses têtes blondes brandissant bien haut des banderoles sur lesquelles on pouvait lire Jewish Pride ou Torah: It’s The Real Thing, alors que la pluie, fidèle au rendez-vous, commençait à battre sérieusement.
Cela vaut-il vraiment toute cette peine et toutes ces dépenses ?Mais cela vaut-il vraiment toute cette peine et toutes ces dépenses ? Ne serait-il pas plus judicieux de rassembler les enfants autour d’un feu de joie, de leur raconter l’histoire de Lag BaOmer, de leur faire jouer à quelques jeux puis de les renvoyer chez eux heureux et satisfaits ? Ils seraient tout aussi contents, la communauté économiserait une fortune et d’innombrables heures de préparation et puis les routes resteraient libres à la circulation.
Fierté juive
Dans les années 50, lorsque le Rabbi a inventé les parades de Lag BaOmer, la conception de la pratique religieuse qui prévalait était celle d’une affaire éminemment privée. Pas besoin de faire étalage de croyance ou de mettre votre cœur à votre boutonnière. Vous faites ce que vous avez à faire, mais pourquoi les voisins devraient-ils être au courant ?
A priori, une telle attitude se comprend parfaitement : ma foi et mes sentiments sont une affaire entre mon Créateur et moi. Si quelqu’un s’intéresse à moi, je serais heureux de lui faire part de mes convictions, mais le choix de ce rapprochement lui appartient et il serait déplacé de ma part de l’amener à l’abreuvoir s’il n’a pas encore soif.
Un de mes amis, un des Juifs les plus fiers et des plus dévoués que j’ai connus, était de cet avis. Il aimait notre synagogue, il voulait qu’elle se développe, mais il n’arrivait pas à approcher d’autres personnes pour les inviter à rejoindre notre communauté. La première fois que je l’ai invité à faire du porte-à-porte avec moi, il a eu des sueurs froides rien qu’en y pensant. Il ne pouvait tout simplement pas comprendre « ces exhibitionnistes qui pensent que leur vocation dans la vie est de jeter leurs convictions au visage de tout le monde ».
Pourtant, s’agissant de sa profession, il n’avait pas de tels scrupules. Il était prêt à décrocher le téléphone à n’importe qu’elle heure et à manifester toutes les marques de sympathie imaginables s’il pensait que cela ferait avancer ses affaires. Il était tout sauf timide, seulement réticent quand il s’agissait de religion.
Que se passe-t-il si on annonce une parade et que tout le monde vient ?
La place du village aurait tout à gagner d’une démonstration de foiLorsque nous faisons marcher nos enfants sur la route, nous leur apprenons qu’il n’y a pas de honte à affirmer publiquement notre foi. Nous sommes fiers de notre passion et désireux de la partager. La place du village aurait tout à gagner d’une démonstration de foi ; pourquoi la publicité devrait elle être l’apanage des mauvaises langues et des boites de pub ? Les fans de football accrochent fièrement leurs écharpes aux vitres de leurs voitures et, moi aussi, je veux laisser mes fils de tsitsit battre au vent.
Ceux qui entendront passer la parade et sortiront pour participer à la fête seront accueillis par un monde de judaïsme vivant et de Juifs engagés. Leurs enfants verront que l’authenticité n’a rien à cacher et tout à enseigner. En définissant ces parades comme « un salut au judaïsme », on a fait sortir celui-ci des contre-allées, on l’a amené sous les projecteurs et on nous a donné un droit de cité pour marcher fièrement au cœur de la ville.
Commencez une discussion