À cette époque vivait à Loubavitch un certain Chalom-Guerchon qui gagnait sa vie en faisant du commerce dans les villages voisins. De plus, il était boucher. Tout le monde reconnaissait en lui un Juif honnête et craignant D.ieu et c’était vraiment un homme de grande vertu.
Pour cette raison, ses clients étaient sûrs qu’ils pouvaient se fier à la cacherouth de la viande que Chalom-Guerchon leur vendait. Chalom-Guerchon prospérait, ce qui lui permettait de faire généreusement la charité. Tous les vendredis matins, il apportait de la viande au rabbin, Rabbi Benjamin et au prédicateur Rabbi Joseph.
Il distribuait la charité parmi les pauvres et les nécessiteux d’une main généreuse. À certains, il envoyait de la viande, à d’autres, des secours en argent. De nombreuses années s’écoulèrent ainsi jusqu’à ce que Chalom-Guerchon ait atteint un âge avancé. Cependant, il continuait à faire son commerce dans les villages et tenait sa boucherie comme il l’avait toujours fait.
Pendant l’hiver de 5512 (1752), il tomba malade et mourut en l’espace de quelques semaines. Tout Loubavitch pleura sa mort et assista à son enterrement.
Après l’enterrement, tout Loubavitch fut étonnée d’apprendre que le boucher Chalom-Guerchon avait laissé une grande fortune. Rabbi Benjamin, le rabbin de Loubavitch, demanda qu’un minyane prie trois fois par jour dans la maison de Chalom-Guerchon, jusqu’à la fin des trente jours de deuil. Pendant les sept premiers jours de deuil (« Chivah »), Rabbi Benjamin révéla que le boucher avait laissé un coffre contenant de l’argent et un testament. Le moment était venu d’ouvrir le coffre et de prendre connaissance du contenu du testament. Chalom-Guerchon n’avait pas d’héritiers. Pendant toutes les années où l’avaient connu les habitants de Loubavitch, il avait vécu seul. La seule personne qui avait été spécialement liée d’amitié avec lui était le scribe Rabbi Zebulon, son voisin.
Naturellement, tout le monde était curieux de savoir à qui Chalom-Guerchon avait laissé son argent. Aussi le rabbin rassembla les chefs de la communauté et lut le testament en leur présence. Le testament stipulait : a) qu’il y aurait trois exécuteurs testamentaires. Deux d’entre eux seraient Rabbi Benjamin, rabbin de la communauté, et Rabbi Joseph le prédicateur, et ils devraient ensemble nommer un troisième exécuteur testamentaire ; b) qu’à l’endroit où étaient situés la maison et le jardin de Chalom-Guerchon devrait être élevé un Beth-Hamidrache, pour la ‘Hevrath Poalei-Tsedek ; c) qu’un érudit serait nommé professeur pour enseigner Midrache et Michnayoth aux ouvriers, ainsi que d’autres sujets semblables, dans le Beth-Hamidrache ; son salaire de trois ans serait payé sur les fonds de l’héritage.
Quand vint le mois d’Eloul, le Beth-Hamidrache était terminé et sa consécration fut célébrée dans la joieLa troisième personne choisie par Rabbi Benjamin et Rabbi Joseph comme exécuteur testamentaire fut Zebulon le scribe. Les trois hommes se mirent bientôt à appliquer les dispositions du testament du boucher. Maintenant que tous savaient quel homme juste avait été Chalom-Guerchon, il n’était pas difficile de trouver des gens disposés à venir pour le minyane.
Nombre des personnes les plus importantes de la ville, parmi lesquelles Rabbi Benjamin et Rabbi Joseph vinrent prier dans la maison du défunt. Sachant que, lorsque le testament serait mis à exécution, il y aurait un Beth-Hamidrache à la place de la maison de Chalom-Guerchon, il était aisé aux fidèles de sentir que la maison était en fait une Maison de Prières. Non seulement on y célébrait des offices trois fois par jour, mais les fidèles restaient pour étudier le Talmud avec un grand zèle. De pieux Juifs y venaient avant l’aube et étudiaient ou lisaient les Psaumes jusqu’à l’heure de l’office du matin. Entre les offices de l’après-midi et du soir, l’étude continuait. Après l’office du soir, d’autres fidèles se rendaient là pour étudier. De sorte que la maison de Chalom-Guerchon devint un véritable makom kadoche (un endroit saint).
Avant que les trente jours se fussent écoulés, un comité fut constitué pour veiller à la construction du Beth-Hamidrache, conformément aux termes du testament. Pendant les mois d’été, la vieille maison fut rasée et un nouveau et magnifique Beth-Hamidrache commença à s’élever à sa place. Quand vint le mois d’Eloul, le Beth-Hamidrache était terminé et sa consécration fut célébrée dans la joie. On nomma un professeur pour enseigner aux fidèles Michnayoth et Midrache.
Le prédicateur, Rabbi Joseph, qui avait toujours fait preuve d’un tel amour envers les simples travailleurs, prit l’habitude de venir prier dans le nouveau Beth-Kamidrache. En fait, il répartissait également ses visites entre l’ancien Beth-Hamidrache et le nouveau.
Mais Zebulon le scribe qui était membre de « Poalei-Tsedek » venait régulièrement au nouveau Beth-Hamidrache. Là, dans une petite salle, Rabbi Joseph et Zebulon se retrouvaient de temps à autre pour étudier en tête à tête.
Pendant deux ans ils étudièrent ensemble de la sorte.
Il est aisé d’en déduire que leur étude était liée à la Kabbalah et au ‘Hassidisme.
Une fois, un certain matin, Rabbi Joseph et Zebulon quittèrent Loubavitch, apparemment pour un exil volontaire. En réalité, leur destination était Medziboz, résidence du Baal Chem Tov. Rabbi Joseph avait attiré Zebulon aux nouveaux enseignements du ‘Hassidisme et l’avait emmené rendre visite au Baal Chem Tov. Tous deux furent absents de Loubavitch pendant trois ou quatre mois. Quand ils revinrent à Loubavitch, leurs visages radieux reflétaient une étrange joie intérieure, indiquant clairement qu’ils n’avaient souffert aucune tribulation durant leur soi-disant « exil ».
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