Le Baal Chem Tov ne se fit pas reconnaître dès l’abord, si ce n’est d’un petit nombre d’élus. Cependant, ses élèves et ses compagnons étaient secrètement en train de porter ses enseignements à un nombre de plus en plus grand de leurs frères Juifs. Dissimulant leur véritable identité, les disciples du Baal Chem Tov voyageaient de ville en ville et, quand ils rencontraient une âme élevée et réceptive, ils essayaient de la gagner aux nouveaux enseignements du Baal Chem Tov. Au cours de ses voyages, un de ces Mystiques arriva à Loubavitch alors que Rabbi Joseph, encore un tout jeune homme, se consacrait entièrement à ses études talmudiques et au service de D.ieu. Son père occupait alors le poste de rabbin. Le nouveau venu fit la connaissance de Rabbi Joseph et s’intéressa beaucoup à lui.

Rabbi Joseph avait déjà cherché une nouvelle manière de vie juive. Il désira ardemment approfondir ce que le Mystique lui avait révélé du Baal Chem Tov et de ses enseignements ‘hassidiques. Pendant tout un mois, le Mystique, qui semblait un voyageur ordinaire, demeura à Loubavitch, passant son temps à révéler à Rabbi Joseph les enseignements du Baal Chem Tov. Quand il fut prêt à quitter Loubavitch, Rabbi Joseph avait décidé de partir avec lui.

Nul ne connaissait les rapports qui existaient entre les deux hommes, personne non plus ne fit le rapprochement entre leur départ simultané. Cependant, en réalité, le Mystique avait emmené Rabbi Joseph avec lui auprès du Baal Chem Tov, et Rabbi Joseph devint immédiatement un ardent et enthousiaste fervent des enseignements ‘hassidiques.

Rabbi Joseph demeura éloigné de Loubavitch pendant une année tout entière et, à son retour, ne dit à personne où il avait passé ce temps. Il ne parla à personne de la nouvelle doctrine du Baal Chem Tov. Le temps n’était pas encore venu où Rabbi Joseph pourrait révéler le secret de ses rapports avec le Baal Chem Tov et ses disciples.

C’est en 5495 (1735) que Rabbi Joseph fut amené pour la première fois devant le Baal Chem Tov et il fallut quinze ans, jusqu’en 5510 (1750), avant que le Baal Chem Tov lui confie une mission spéciale à accomplir alors que Rabbi Joseph était déjà prédicateur de Loubavitch.

Ce Mena’hem Mendel était précisément celui qui devint plus tard l’une des lumières du ‘Hassidisme.

C’était la fête de Chavouot. Rabbi Joseph passa la fête chez le Baal Chem Tov, ayant quitté Loubavitch pour l’une de ses randonnées habituelles. Il n’avait donné ni indice quant à sa destination, ni raison pour son départ. Le Baal Chem Tov appela Rabbi Joseph auprès de lui et lui dit qu’au cours de son voyage de retour à Loubavitch il devrait s’arrêter à Smargon et se rendre à la yechivah de cette ville, alors célèbre. Il y trouverait un étudiant de la bourgade de Kobilnick, près de Minsk. Son nom était Issakhar-Dov. Le Baal Chem Tov conseilla à Rabbi Joseph de prendre cet étudiant de yechivah comme époux pour sa fille unique.

Naturellement, Rabbi Joseph suivit cet avis. En arrivant à Smargon il se conforma au protocole habituel et se fit présenter à Issakhar-Dov de Kobilnick par le directeur de la yechivah et proposa à Issakhar-Dov la main de sa fille. Issakhar-Dov était heureux de devenir le gendre du prédicateur de Loubavitch et tout fut conclu. Ils décidèrent qu’Issakhar-Dov resterait encore un an à la yechivah de Smargon. Pendant cette année Issakhar-Dov s’était fait un grand ami et camarade d’un brillant étudiant de Minsk, nommé Mena’hem Mendel. Cet étudiant avait parfois remplacé le directeur de la yechivah, Rabbi Zera’h-Eliah Krittinger. Ce Mena’hem Mendel était précisément celui qui devint plus tard l’une des lumières du ‘Hassidisme.1 Au début du mois d’Eloul 5511 (1751) Rabbi Issakhar-Dov arriva à Loubavitch, et devint le gendre de Rabbi Joseph, le prédicateur de Loubavitch.

Rabbi Issakhar-Dov habita chez Rabbi Joseph et put ainsi continuer à se consacrer à l’étude de la Torah.

À cette époque, le nombre de jeunes hommes instruits vivant à Loubavitch était faible. Ceux qui désiraient étudier la Torah ne restaient pas à Loubavitch. Ils allaient plutôt dans les diverses fameuses yechivoth de cette époque. L’une d’elles se trouvait à Vitebsk. Pour les plus jeunes étudiants, Loubavitch avait huit professeurs, trois pour les élèves de niveau élémentaire et cinq pour les étudiants du Talmud.

Quand Rabbi Issakhar-Dov arriva à Loubavitch, une discussion intervint entre le rabbin de la ville, Rabbi Benjamin et son beau-frère, Rabbi Wolf. À l’époque où Rabbi Benjamin était rabbin, son beau-frère Wolf avait décidé de gagner sa vie par un travail manuel et, dans ce but, acheta un petit moulin hors de la ville.

Il devint bientôt évident que Rabbi Wolf avait l’intention de suivre les traces de son père martyr. De temps à autre, il quittait son foyer et partait en exil. Il était alors père de deux fillettes. Tandis qu’il était en exil, la charge de leur entretien retombait sur sa femme Sarah, sœur de Rabbi Benjamin. C’est pourquoi Rabbi Benjamin était extrêmement mécontent du comportement de Rabbi Wolf, et c’est ainsi qu’advint la rupture entre eux. Apprenant le différend, Rabbi Issakhar-Dov prit la défense de Rabbi Wolf qui, disait-il, avait parfaitement raison.

Une amitié naquit entre le gendre du prédicateur Rabbi Issakhar-Dov et le beau-frère du rabbin, Rabbi Wolf. Le premier fixa une heure où ils pourraient étudier ensemble.