Les élèves du Maguid de Mézéritch avaient organisé un Farbrenguen – un rassemblement ‘hassidique – afin de revoir ensemble les enseignements du maître. Aussi, les paroles de Torah étaient entrecoupées par des nigounim – des chants – et par des lé’haïm.

Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi – le plus jeune de la Sainte Confrérie – leva son verre et dit : « Lé’haïm ! Lé’haïm, mes amis ! Que D.ieu nous donne la réussite dans le domaine matériel et dans le domaine spirituel ! »

Ses camarades furent étonnés de la formule employée : « Comment peux-tu mettre le matériel avant le spirituel ? »

– Ne soyez pas étonnés ! répondit Rabbi Chnéour Zalman. Jacob, notre Patriarche, n’a-t-il pas formulé ainsi sa requête à D.ieu : « S’il me protège dans la voie où je marche, s’Il me donne du pain à manger et des vêtements pour me couvrir ; si je retourne en paix à la maison paternelle, le Seigneur sera un D.ieu pour moi ! »1 N’évoque-t-il pas les besoins matériels avant les spirituels ?!

Ses amis le reprirent aussitôt : « Oui, mais le matériel de notre saint Patriarche Jacob n’a pas la même valeur que le nôtre, il est bien plus élevé ! »

– Ne croyez-vous pas, répliqua Rabbi Chnéour Zalman, que le spirituel de Jacob était à l’échelle de son matériel, c’est à dire bien supérieur ? Malgré cela, Jacob donna la priorité dans sa prière aux besoins matériels !