Question :

Selon la loi juive, comment doit-on réagir face à des sentiments homosexuels ? Les homosexuels ont-ils une place dans la communauté juive ?

Réponse :

Votre question porte sur les sentiments au regard de la loi. Mais les sentiments ne relèvent pas du domaine de la loi. Une personne ressent ce qu’elle ressent. Ensuite elle a le pouvoir de décider si elle va agir selon ces sentiments... ou pas. Telle est l’expérience humaine : le désir, l’envie, le manque... et la loi. Une des étapes de notre passage de l’enfance à l’âge adulte est d’acquérir une boussole morale. Un sens intérieur de ce qui est bien et de ce qui est mal. Et si cette boussole morale est certes composée d’éléments multiples, elle doit toutefois être solidement ancrée, toujours, dans un système d’absolus. Une loi absolue. Des valeurs absolues. La Torah. Depuis notre toute petite enfance, nous apprenons : « C’est ce que tu ressens, mais tu ne peux pas agir comme cela. » Considérez un enfant de trois ans qui veut faire du trampoline sur le divan sa grand-mère, pensez à ce que sa mère va lui dire. Nous ressentons ce que nous ressentons. Et nous agissons conformément à la loi : la loi de la Torah, ou la loi du pays, ou les lois de la bienséance. Et à mesure que nous grandissons, et que nos idées sont claires au sujet des lois absolues, nous développons notre propre boussole morale.

Nous ressentons ce que nous ressentons. Et nous agissons selon la loi.

Alors, que devons-nous faire quand notre désir a pour objet des actes clairement interdits ? En excluant fermement le passage à l’acte, on constate souvent qu’en redirigeant constamment ces émotions, avec persévérance, celles-ci se modèrent petit à petit et finissent par changer. Parfois, cela demande juste un peu de travail sur soi, parfois cela prend de nombreuses années. Certains sentiments ne disparaissent jamais. C’est le challenge de la condition humaine.

La loi juive interdit catégoriquement l’acte homosexuel. Tout comme l’acte hétérosexuel est interdit en dehors du mariage, indépendamment des désirs, des attractions ou des penchants que l’on peut avoir, de même l’acte homosexuel est interdit.

Mais peut-être votre question porte-t-elle sur la façon dont nous devrions réagir face aux sentiments homosexuels des autres ? Ou comment nous devrions réagir face à quelqu’un qui mange le jour de Yom Kippour ? Ou face à une femme qui aspire à une relation avec un autre homme que son mari ? Sur ce point, l’ouvrage classique connu sous le nom de Tanya fournit un puissant conseil : considérez ce que cela représente d’avoir de telles passions brûlantes pour un fruit défendu ; considérez le combat acharné et implacable qu’il est nécessaire de mener au quotidien pour surmonter de telles passions ; considérez qu’une personne qui éprouve de tels sentiments et qui échoue ne serait-ce qu’une fois dans son combat commet un péché. Et ensuite demandez-vous : « Ai-je jamais à livrer une telle bataille sur mon propre terrain ? En quoi suis-je meilleur(e) que cette personne ? »

Le Tanya poursuit en illustrant les nombreux domaines dans lesquels nous pouvons tous nous améliorer en menant au moins une petite bataille sur notre propre terrain.

Sur votre question au sujet de la communauté : la place d’un Juif est au sein d’une communauté juive. Il n’y a pas de formulaires d'inscription ni de qualifications requises. Un Juif est juif et sa place est là, point. Nous avons tous nos épreuves, nos faiblesses, nos sentiments... et aussi nos échecs dans la bataille... et avec tout cela, nous sommes une communauté de Juifs.

Je vous souhaite tout le meilleur,

Bronya Shaffer pour Chabad.org