Au cours du dernier siècle, la science a mis à nu la complexité et l’immensité du monde physique d’une façon qui aurait été inconcevable auparavant. Nous avons découvert une fascinante harmonie à travers laquelle tout l’univers physique est considéré comme une seule entité, chaque particule étant intégralement reliée à chaque autre particule ; une harmonie par laquelle même la matière et l’énergie ne forment essentiellement qu’une seule dynamique.
La Kabbale a le potentiel de combler le fossé entre le monde extérieur froid que nous observons et le monde intérieur chaleureux de l’observateur.La technologie nous a donné des moyens de partager et d’examiner cette connaissance qui étaient inimaginables il y a à peine une génération. La programmation de nos propres environnements virtuels nous enrichit de la métaphore par laquelle nous pouvons imaginer ce que cela signifie de créer un monde et de maintenir son existence à chaque instant.
L’humanité devrait être pénétrée de crainte et d’émerveillement, mais au lieu de cela, nous avons été laissés dehors dans le froid. Paradoxalement, dans notre recherche de l’unité des lois physiques, nous nous sommes coupés de cette unité en creusant un fossé considérable entre le dur monde matériel qui nous entoure et le doux monde humain qui brûle à l’intérieur de nous. En négociant ce divorce, nous nous sommes rendus nous-mêmes orphelins.

La Kabbale guérit cette blessure. Elle décrit le monde qui nous entoure dans le langage de notre propre psyché. Elle nous met en contact avec un monde composé non pas de matière muette, mais d’esprit insondable.
Le scientifique décrit l’univers au sein des dimensions du temps et de l’espace, en termes quantifiables et mesurables. Pourtant, tout ce qui compte ne peut pas toujours être compté. Une des œuvres les plus anciennes de la Kabbale, le Sefer Yetsira (« Livre de la Formation »), décrit une autre dimension : celle de la vie, de la conscience et de l’âme. Tout ce qui existe dans le temps et l’espace, nous dit-on, est d’abord présent au plus profond de cette dimension intérieure.
C’est une dimension qui nous est intimement familière.
L’artiste regarde un arbre et ne voit pas une structure cellulaire de carbone, mais la beauté, la vie et la magnificence. Le mélomane entend, dans un quatuor à cordes, non pas les vibrations de cordes métalliques et leurs harmonies, mais la quête de rédemption dans l’âme du compositeur. Le critique littéraire lit entre les mots du roman les pensées de l’auteur, entre les pensées, les attitudes, entre les attitudes, la perception du monde qui génère de telles attitudes, et au sein de cette perception, la personne de l’auteur elle-même.
De la même façon, le kabbaliste voit dans chaque occurrence de la réalité non pas sa présence palpable et définie, mais une énergie divine qui soutient toute existence, toujours nouvelle tout comme l’eau des rapides est renouvelée à chaque instant, générant et régénérant chaque détail de la création à partir du vide absolu, conférant à chaque chose ses qualités propres et sa force vitale, chaque situation de l’existence selon sa modalité particulière. Et au sein de cette dynamique de création, le kabbaliste voit D.ieu Lui-même.
De fait, nous avons une ressemblance avec cet univers qui nous entoure. Tout comme nous percevons en nous-mêmes des degrés successifs de personnalité, des strates de plus en plus profondes de conscience, mais aussi, au cœur de tout cela, une essence indéfinissable de l’être, nous pouvons aussi percevoir qu’au plus profond de l’existence de l’univers se trouve une conscience infiniment plus grande que la nôtre, et une essence qui transcende totalement la connaissance et le connaître.
Nous sommes les enfants de cette essence inconnaissable. Nos esprits sont un pâle reflet de sa lumière au sein des eaux boueuses du monde matériel ; nos âmes, son souffle même au sein de ces limites corporelles.
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