5728 – (1967-1968)
Monsieur... Chicago, Illinois
C’est avec une agréable surprise que j’ai reçu votre lettre, après un si long silence, et que j’y ai appris de bonnes nouvelles de tous les membres de votre famille ainsi que l’annonce de prochains événements heureux – puissent-ils avoir lieu en un moment favorable et propice.
L’usage des ‘hassidim est d’avoir leur nom mentionné à la sainte demeure où repose mon beau-père, de sainte mémoire, et il conviendrait que vous me fassiez parvenir les noms hébreux des dames appelées à mettre au monde, ainsi que les noms de leurs mères respectives, en sorte qu’elles soient mentionnées dans la prière. En outre, le mérite que vaut la Tsedaka vous assistera pour vous valoir le meilleur.
Le Juif est censé sanctifier tous ses actes, y compris les actes routiniers comme le manger, le boire, et même le dormirJ’ai lu avec un intérêt tout particulier que vous vous êtes rendu en Erets Israël. Je suis certain que vous avez rapporté un peu de la sainteté du pays, laquelle vous sera une source d’inspiration. Car si les Juifs sont un peuple saint partout où ils se trouvent, il existe cependant divers degrés de sainteté, ce qui se conçoit bien, dans la mesure où, la sainteté étant issue du D.ieu infini, elle tend à son tour vers l’infini.
La terre d’Israël nous livre un enseignement particulier au sujet de la sainteté, à savoir que celle-ci, contrairement à une conception erronée, ne saurait être reléguée au monde de l’émotion et de l’intelligence et demeurer défaite des préoccupations quotidiennes. Et quand bien même certains admettraient que la consommation de la Matsah à Pessah constitue une éminente Mitsva, les mêmes ne sauraient déceler le caractère de sainteté que peut revêtir le simple fait de se nourrir quotidiennement. Israël illustre à merveille ce dernier point. Bien que ce pays soit apparemment un pays comme les autres, que ni la faune, ni la flore ne distinguent des pays avoisinants, il n’en est pas moins appelé la Terre sainte, et ce, non seulement au titre d’un prestigieux passé biblique marqué par le Temple et d’autres éléments analogues, mais également de par la vie de son sol et de sa végétation lesquels impliquent de nombreuses Mitsvot comme l’Année sabbatique, et les divers prélèvements telles la teroumah et la dîme.
De façon analogue, les Juifs sont un peuple saint, car le Juif est censé sanctifier tous ses actes, y compris les actes routiniers comme le manger, le boire, et même le dormir (Lévitique 19,2), lesquels doivent tous témoigner qu’ils sont ceux d’une personne qui emprunte un chemin de vie sanctificateur ; un chemin qui débute le matin par la récitation du modé ani, le mise des tsitsit, la récitation de la prière, etc. Il n’est probablement pas nécessaire d’en dire davantage à une personne comme vous.
Je suis certain que lors de votre visite au Mur Occidental vous n’avez pas manqué de voir les membres du mouvement Loubavitch qui se consacrent à la Campagne des Tefilines. Aussi, lirez-vous probablement avec intérêt les documents ci-joints qui ont trait à ce sujet.
Vous me soupçonnerez – à juste titre je dois le dire – de nourrir l’espoir que vous ne vous contentiez pas de la seule lecture de ces documents, mais que vous vous efforciez de les porter à l’attention des cercles les plus larges que votre influence est en mesure d’atteindre, en sorte de sensibiliser nos frères juifs à l’importance vitale de la Mitsva des Tefilines. De plus, par-delà sa signification propre, cette Mitsva peut constituer le ferment de l’observance de nombreuses autres Mitsvot selon l’assurance donnée par nos Sages (Pirké Avot 4,2) : « Chaque Mitsva accomplie en entraîne une autre dans son sillage. »
J’ai bien noté que vous-mêmes et surtout votre épouse avez profité de cette occasion de promouvoir davantage la cause des handicapés visuels et je suis certain que des aboutissements tangibles ont vu le jour dans ce domaine.
Je regrette cependant de dire que les efforts que j’ai déployés dans ce sens il y a quelque temps en écrivant en Erets Israël, après notre entretien, n’aient pas abouti en leur temps et n’aient ainsi pas connu de suite.
Je conclus en vous adressant mes souhaits sincères que vous n’ayez toujours à faire part que de bonnes nouvelles pour ce qui vous concerne et ce qui concerne chacun des membres de votre famille, y compris dans le domaine des activités déployées par vous dans le cadre de votre synagogue et dont vous m’avez fait part ici. J’espère que celles-ci ont porté de bons fruits, dans de bons domaines, c’est-à-dire qu’ils ont forgé une meilleure adhésion aux voies de notre tradition... Puissiez-vous poursuivre dans ce sens avec joie et le cœur serein.
Avec ma bénédiction.
M. Schneerson
P.-S. Pour ce qui est des points que vous abordez dans votre lettre, au sujet de l’augmentation de la productivité des sols au moyen de courants électriques, etc., je désirerais faire la remarque suivante – bien que ces aspects techniques ne relèvent pas de mon domaine. Je dois dire mon étonnement que nul n’ait jusqu’à présent eu l’idée d’effectuer quelques recherches élémentaires relatives aux caractéristiques nutritives des plantes et des récoltes dont la croissance a été affectée de façon artificielle à travers divers procédés, électroniques, radioélectriques ou même hydroponiques. Mon avis est qu’il est grand temps que soient menées des études relatives aux effets de telles nourritures sur tous les humains et en particulier sur ceux qui sont en période de croissance : les enfants et les jeunes. Il semble inconcevable même au profane que je suis, que des méthodes d’accélération de la croissance des plantes procédant de techniques inappropriées à la vie des végétaux soient sans effets sur la nourriture administrée aux humains, lesquels ont été, depuis des milliers d’années accoutumés à consommer exclusivement de la nourriture naturelle, et ce d’autant plus que de tels effets ne peuvent être que cumulatifs.
Comme je l’ai dit précédemment, la chose ne relève pas le moins du monde de mon domaine, mais il me semble procéder du simple bon sens qu’un problème comme celui-ci éveille l’attention d’un simple profane.
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