Le don d’un rein par un rabbin ‘Habad du New Jersey à un Israélien vivant dans un moshav laïque en Israël n’a pas fait les gros titres : cette nouvelle ne traitait pas des tensions actuelles entre Juifs religieux et laïques, sujet prisé des médias, mais à propos du geste de vie et d’amour inconditionnel d’un rabbin ‘hassidique envers un frère juif.

Le 3 janvier 2012, le Rav Avi Richler, 29 ans, co-directeur du centre ‘Habad du comté de Gloucester a subi avec succès l’extraction d’un de ses reins qui fut ensuite greffé à un Juif souffrant d’une maladie rénale en phase terminale. Au moment où nous publions ces lignes, le donneur comme le receveur se portent bien.

Le Rav Richler avait lu l’histoire du receveur, qui préfère conserver l’anonymat, dans un article publié sur le site de l’organisation Ahavas Chesed Medical and Emergency Lifelines, basée à Brooklyn. Les deux hommes sont juifs, chacun père de trois enfants, et cela constitua un lien suffisant aux yeux du Rav Richler pour le motiver à contacter l’organisation et à s’inscrire à un test de compatibilité.

Plusieurs rabbins ‘Habad ont donné un de leurs reins ces dernières années, parmi lesquels le Rav Ephraïm Simon de Teaneck, New Jersey, le Rav Mendy Mathless d’Albany et le Rav Boruch Wolf de Brooklyn, dans l’État de New York.

« Notre idée est que chaque Juif est notre frère, a déclaré le Rav Richler. Ce sens de la fraternité ne se limite pas à aider un autre Juif à mettre les téfilines ou à cachériser sa maison. »

Quand son épouse – et codirectrice du centre ‘Habad de Gloucester – Mina entendit pour la première fois son mari dire qu’il était prêt à passer sous le bistouri pour sauver une vie, elle n’a pas été surprise et a soutenu sa décision.

« Certaines personnes sont bénies financièrement, et elles donnent la charité. D’autres donnent de leur temps. Nous avons été bénis avec une bonne santé », et avec un rein sain à donner à autrui.

Le fait que le receveur ne partage pas leur mode de vie était-il important à leur yeux ? Pas le moins du monde. Lire des articles sur les frictions entre Juifs religieux et laïques ne fit que renforcer la détermination du Rav Richler à « montrer que nous sommes sérieux quand nous disons que nous nous soucions de tous les Juifs. »

Ils se sont documentés sur les risques associés à ce don. Ils ont demandé à la tante de Mme Richler qui avait fait don d’un rein à son mari sur ce que c’est que vivre avec un seul rein, et quand ils apprirent qu’un receveur compatible avait été trouvé – la veille de Kippour dernier – ils engagèrent le processus.

Le Rav Richler fit l’aller-retour en voiture à New York – un voyage de six heures – pour subir des tests préalables : radiographies, électrocardiogrammes, IRM, scanners, prises de sang et évaluations psychologiques. Un donneur doit être capable de soutenir le stress opératoire et être dépourvu de toute infection avant de céder un rein.

Les activités au centre ‘Habad de Gloucester se sont poursuivies normalement à mesure que la date de l’opération approchait. Fondé il y a cinq ans, « Chabad of Gloucester » tient un Talmud Torah pour les enfants, assure des cours de Torah réguliers et organise des célébrations à l’occasion des fêtes juives. Il y a neuf mois, le centre a acquis un nouveau bâtiment sur un terrain de 2000 m² qui est actuellement en cours de rénovation pour répondre aux besoins d’une communauté grandissante.

Les quelques membres de la communauté à Gloucester qui étaient au courant du don de rein de leur rabbin ont appelé les Richler pour offrir leur aide et exprimer leurs vœux de prompt rétablissement. Ce n’était pas quelque chose que le rabbin voulait faire savoir, mais quand l’autorisation de publier l’histoire lui fut sollicitée, il a accepté, dans l’espoir que cela encouragera d’autres à faire de même.

Shaï Amram, un membre de la communauté né en Israël, ne fut pas surpris que son rabbin donne de lui-même à quelqu’un d’autre de cette façon. « Le Rav Richler, dit-il, est toujours en train de faire des grandes choses, ce don de rein en est juste une de plus. » Il n’est pas non plus surpris que le rabbin n’ait pas été soucieux du fait que le destinataire soit ou non pratiquant.

«J’ai demandé une fois à Rav Avi s’il est religieux, et il m’a dit : “Non, je suis juste un Juif.” J’ai pour lui la plus haute estime. »

Après plusieurs jours au Mount Sinai Hospital à New York, le rabbin Richler est rentré chez lui, reprenant ses activités à un rythme plus souple qu’avant son intervention. Le rétablissement complet prend environ six semaines. Mais il s’apprête à retourner bientôt à l’hôpital : Mme Richler doit accoucher incessamment de leur quatrième enfant.

Par R. C. Berman
Lubavitch.com