Question :

Moïse a épousé la fille d’un prêtre non-juif. Et, bien qu’il semble qu’elle se soit convertie plus tard, elle n’était pas juive au moment où Moïse l’a prise pour épouse, bien qu’elle ait pu adhérer à sa foi et à ses convictions. En revanche, les enfants de Moïse étaient clairement juifs.

Bien que cela puisse heurter votre sensibilité, il me semble que les règles aient été différentes aux temps bibliques. Les hommes pouvaient perpétuer la lignée juive sans pour autant avoir une épouse juive.

Réponse :

Moïse ne fut pas le seul à se marier hors de la tribu. Joseph a épousé une Égyptienne, et (selon certains avis) ses frères ont épousé des Cananéennes. Du reste, qu’est-ce qui rendit Rachel, Léa ou Rebecca plus juives que n’importe quelle autre ?

La réponse est : absolument rien. Parce qu’il n’y avait pas de peuple juif à cette époque.

La nation juive fut formée lors de l’événement du Sinaï. Avant cela, ils étaient les descendants d’un ancêtre commun, Jacob, accompagnés de ceux, nombreux, qui avaient souhaité se joindre à eux ou avait épousé l’un des leurs. Devant le mont Sinaï, ils furent choisis et nommés « un royaume de prêtres et une nation sainte ». Ils devinrent un peuple.

En d’autres termes, à ce moment-là, tous ceux qui étaient présents, y compris Tsipporah, la femme de Moïse, y compris même Moïse lui-même, tous devinrent juifs.

Depuis lors, si une personne désire rejoindre le peuple juif, il ou elle doit subir cette même expérience du Sinaï, sans les feux d’artifice. C’est-à-dire : accepter la Torah et toutes ses mitsvot, comme cela est exigé d’un peuple saint qui est supposé être une lumière pour les nations.

De même que le peuple au Sinaï dut aussi s’immerger dans l’eau (c’est la compréhension traditionnelle des instructions données à Exode 19,10), le candidat à la conversion doit également s’immerger dans un mikvé. De même que les hommes furent circoncis avant de recevoir la Torah, un homme qui désire se convertir doit être circoncis. La dernière chose requise est d’apporter un sacrifice animal comme ils le firent alors, mais sans Temple actuellement à Jérusalem, ceci devra attendre.

Il y a des épisodes, plus tard dans l’histoire, à l’époque des Juges et des Rois, où des hommes juifs prirent des femmes d’autres peuples. Dans la plupart des cas, rien n’est mentionné au sujet de leur acceptation des mitsvot ou sur leur immersion dans un mikvé.

Ceci, toutefois, est tout à fait compréhensible. C’est une évidence pour le lecteur. C’est comme si j’écrivais : « Et puis Vicki York alla à Harvard et obtint son doctorat en sociologie. » Je n’ai pas besoin d’écrire que Vicki a écrit une thèse et l’a soutenue ; le lecteur contemporain considère cela comme allant de soi. De même, il serait superflu de la part de la Bible de nous rendre compte de tous les détails de la conversion de tel ou tel personnage féminin.

Toute cette confusion sur l’importance respective de la lignée maternelle ou paternelle résulte d’une incompréhension générale de l’identité juive. Comme je l’ai écrit plusieurs fois, être juif n’est pas une question de croyance, mais d’appartenance. Un Juif est quelqu’un qui appartient à un peuple qui a une alliance avec D.ieu. Dans ce sens, nous sommes bien mieux définis comme une tribu que comme une religion. Et, en termes tribaux, quand un homme épouse une femme qui n’est pas de la tribu, il est clair pour tous qu’à travers cela il la fait entrer dans la tribu, et qu’elle doit donc effectuer les rites relatifs à cette entrée.

J’espère que ce qui précède vous a éclairci un peu plus les choses.