Le Siddour est notre Livre de Prières traditionnel, contenant les trois prières quotidiennes, de même que celles du Chabbat, de Roch 'Hodech et des Fêtes. Siddour signifie « ordre », car dans le Siddour, nous trouvons nos prières dans l'ordre fixé. Parfois, par commodité, les prières du Chabbat et de Roch 'Hodech sont imprimées dans un volume à part. Les prières de Roch Hachana et de Yom Kippour font habituellement l'objet de volumes séparés appelés Ma'hzor (« cycle »). Quelquefois les prières des Trois Fêtes (Chaloch Regalim) – Pessa'h, Chavouot et Souccot – sont également imprimées dans des volumes à part.
Le Siddour le plus ancien qui soit parvenu jusqu'à nous est celui de Rav Amram Gaon, recteur de la Yechiva de Soura (en Babylonie) il y a environ 1100 ans. Il l’avait préparé à la requête des Juifs de Barcelone en Espagne. Il contient les arrangements des prières pour toute l'année, et comprend aussi quelques lois relatives à la prière et aux coutumes. Il fut copié et utilisé non seulement par les Juifs d'Espagne, mais aussi par les Juifs de France et d'Allemagne et a été, en fait, l'exemple du livre de prières pour toutes les communautés juives. « Sédère Rav Amram Gaon » connut la forme manuscrite durant dix siècles environ, jusqu'à sa première impression à Varsovie, en 1865.
Rav Saadiah Gaon, qui dirigea la Yechivah de Soura moins d'un siècle après Rav Amram Gaon, arrangea un Siddour pour les Juifs des pays arabes avec des explications et des instructions en langue arabe. Le Rambam, Rabbi Moché ben Maïmon (connu aussi sous le nom de Maïmonide), dans son célèbre Code de la Loi judaïque, prépara lui aussi l'ordre des prières pour l'année entière (y compris la Haggadah de Pessa'h) suivant la section relative aux Lois de la Prière. Un autre parmi les Siddourim anciens qui mérite d'être mentionné est le Ma'hzor Vitry, composé par Rabbi Sim'hah de Vitry, un disciple du grand Rachi.
Le « Noussa’h »
Noussa’h signifie « texte » ou « forme » ; on s'y réfère parfois sous le nom de « Minhag », qui veut dire « coutume » ou « rite ». Quand nous ouvrons un Siddour à la page de garde, nous y trouvons indiqué à quel Noussa’h ou Minhag le Siddour correspond ; par exemple, Noussa’h Séfarade (espagnol), Noussa’h Ashkenaze (allemand), Noussa’h Poline (polonais), Noussa’h Ari (arrangé selon les enseignements du saint Rabbi Its'hak Louria), etc.
Bien entendu, dans tous ces Siddourim, les prières ne sont pas différentes pour l'essentiel ; il y a certaines différences dans l'ordre de quelques prières, comme aussi de légères modifications dans le texte, et l'adjonction de piyoutim (hymnes poétiques composés par de saints érudits).
Selon l'explication du Maguid de Mézéritch1, il y a treize Nous'haot de prière, ou Minhaguim. Chaque Noussa’h représente une tribu ou « porte », et le treizième, le Noussa’h Ari, représente une « porte générale » que peut franchir n'importe quel Juif et se trouver en présence de D.ieu.
Nous avons déjà mentionné que le « Sédère Rav Amram Gaon » a servi de Siddour modèle pour la plupart des communautés juives dispersées dans le monde, pour la raison qu'il a pour base le Talmud et la Tradition. Néanmoins, dans certaines communautés, existaient des Minhaguim (coutumes) locales – y compris certains piyoutim – qui, avec le temps, furent adoptés par ces collectivités. Les Nous'haot principaux furent ceux de Séfarade et d'Ashkénaze, ainsi que ceux des Juifs italiens. Le premier Siddour imprimé fut celui de Minhag Romi (Juifs romains ou italiens), édité à Soncino (Italie) en 1486. Le premier Siddour « Noussa’h Ashkénaze » fut imprimé à Prague en 1513 (et sa deuxième partie en 1516), et le premier Noussa’h Séfarade à Venise en 1524. Avec le temps, beaucoup d'autres Siddourim furent imprimés, selon les coutumes polonaises, roumaines, balkaniques et d'autres pays où le Noussa’h était différent.
Quand le saint Rabbi Its'hak Louria arrangea le Siddour conformément à la Kabbalah, de nombreuses communautés l'adoptèrent et une nouvelle série de « Noussa’h Ari » fut imprimée. Il faut cependant noter que le travail des imprimeurs, à l'époque, n'était pas toujours très scrupuleux ; aussi les erreurs ne furent-elles pas rares. Finalement, le grand Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, qui était à la fois remarquable talmudiste et éminent kabbaliste, compulsa pas moins de soixante Siddourim différents et arrangea le Noussa’h conformément au Noussa’h Ari original, qui fut désormais connu sous le nom de « Noussa’h 'Habad ».
Mais quelque Noussa’h traditionnel qu'on suive, on peut être assuré qu'il est sacré et agréé par D.ieu. Ce qui importe c'est de prier avec dévotion, amour, révérence et pitié, ainsi que nous l'avons expliqué plus haut.
L’échelle
Quel que soit votre Noussa’h, vous trouverez que la structure des prières est essentiellement la même. Les prières du matin commencent avec les « Bénédictions du Matin », se poursuivant avec les Psoukei deZimrah (Psaumes et sections du TaNaKh introduits par une bénédiction et conclus par une autre), suivis du Chema (qui a également pour introduction et pour conclusion des bénédictions) ; puis vient la prière principale, le Chemoneh Esreh (les « Dix-huit » – en fait, dix-neuf bénédictions), connu aussi sous le nom d'Amidah (« position debout »), parce qu'elle doit être récitée debout) ; suit enfin une série d'autres prières, que conclut Aleinou.
Nous avons déjà dit que nos Sages ont déclaré que l'échelle que notre Patriarche Jacob vit en songe et qui « touchait le sol, mais montait jusqu'au ciel » était aussi le symbole de la prière. En effet, nos prières sont arrangées de manière à nous conduire pas à pas de plus en plus haut et de plus en plus près de D.ieu. Ceci deviendra plus évident à mesure que nous nous familiariserons avec la signification profonde des actions de grâces et des prières.
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