Rabbi Yo'hanan a dit : Quand D.ieu énonça les Dix Commandements, un ange divin les recueillit un à un, les portant l'un après l'autre à chaque Juif individuellement et disant : « Désires-tu accepter ce commandement ? Voici les lois et les règles qui s'y rapportent. Voici les peines que tu encours si tu n'observes pas ce commandement. Voici les décrets et les préceptes qu'il contient. Voici enfin la récompense si tu l'acceptes et observes ses prescriptions. »
La réponse fut la même d'un Juif à l'autre : « Oui, j'accepte tout. »
Puis, l'ange dit : « Acceptes-tu l'Éternel comme ton D.ieu, pour Lui obéir et L'aimer ? »
« Oui, je L’accepte », fut à chaque fois la réponse. Alors, l'ange baisa chaque Juif sur les lèvres.
Les Sages nous ont enseigné : Chaque commandement vola de lui-même vers chaque Juif et lui demanda : « Désires-tu m'accepter ? Tant de préceptes m'accompagnent, tant de lois et de règlements. Telle sera la peine si tu ne les observes pas, et telle la récompense si tu les observes. Désires-tu m'accepter ? » Et le Juif répondit : « Oui, de tout cœur. » Alors le Commandement le baisa sur les lèvres.
Rabbi Josué ben Lévi dit : « Seulement les deux premiers commandements furent entendus directement de D.ieu par les Juifs. Les huit autres leur furent répétés par Moché Rabbénou (notre maître Moïse). » C'est pourquoi il est dit : « La Torah que Moïse nous a commandé d'observer est un héritage de la communauté de Jacob. » Il faut remarquer les mots « la Torah que Moïse nous a commandé d'observer », car le mot Torah représente un total numérique de 611 (400 + 6 + 200 + 5). Dans l'ensemble il y a 613 commandements, dont 611 nous furent transmis par l'intermédiaire de Moïse. Les deux restants sont les deux premiers qui nous vinrent directement de D.ieu.
Le peuple ne pouvait pas supporter plus que les deux premiers ; l'événement était trop écrasant pour lui. Après chacun des commandements venus de D.ieu, l'âme de chaque Juif s'envolait, mais l'esprit de la Torah la lui rendait.
Rabbi Yo'hanan contait cette parabole : Un roi désirait avoir une épouse digne de s'asseoir sur le trône à ses côtés. Il pensa à une dame de grand mérite et de non moins grande naissance et dépêcha auprès d'elle un messager pour lui parler du mariage. Elle répondit : « Je ne suis pas digne d'être la servante du roi ; comment serais-je sa reine ? Je n'ajouterai foi à cette proposition que si je l'entends de la bouche même du roi. »
Le messager revint à son souverain, le visage éclairé d'un sourire. Mais quand celui-ci demanda quelle avait été la réponse de la noble dame, le messager, embarrassé, dut reconnaître qu'elle ne l'avait pas cru, et ajouta quelques paroles qui laissaient dans le vague la réponse qu'attendait le roi. Ce dernier, qui ne manquait pas de sagesse, comprit que sa proposition était agréée, mais que la dame sur laquelle il avait porté son choix désirait l'entendre formuler par le souverain même.
Ainsi en fut-il lors du Don de la Torah. Le « roi », on l'a bien compris, c'est D.ieu ; la « dame de haute naissance », le peuple d'Israël ; enfin, le messager, Moïse. D.ieu voulait s'unir par un lien éternel au peuple d'Israël, par l'intermédiaire de la Torah. Il envoya Moïse lui faire part de Son désir. D.ieu dit à Moïse : « Je t'apparaîtrai dans un nuage épais, afin que le peuple puisse entendre quand Je te parlerai, et qu'il croie en toi à jamais. » Puis, il est écrit : « Et Moïse dit à D.ieu les paroles du peuple. » Quelles furent ces paroles ? Que ce dernier désirait entendre exprimer ce désir par D.ieu Lui-même.
Rabbi Pin'has, au nom de Rabbi Lévi, ajoutait l'explication suivante : « Celui qui a été mordu par un serpent est effrayé par une corde qui en a l'apparence. » Moïse était dans un grand embarras quand le peuple dit qu'il désirait entendre les paroles divines de la bouche même de l'Éternel. Car il se souvenait que, chargé par D.ieu de faire sortir d'Égypte les Enfants d'Israël, il avait dit : « Peut-être ne croiront-ils pas quand je leur dirai que l'Éternel m'a parlé. » Pour avoir douté de son peuple, D.ieu avait châtié Moïse : la main de ce dernier fut atteinte de la lèpre. Et maintenant Moïse pensait : « Comment dire à D.ieu que le peuple n'a pas voulu me croire et désire entendre ces paroles directement de Lui ? »
Les tambours et les trompettes
Rabbi Pin'has dit au nom de Hochayah : D.ieu apparut au mont Sinaï avant même que le peuple fût là ; ainsi qu'il est écrit : « Et il arriva que le troisième jour au matin, il y eût des tonnerres et des éclairs. » La parabole suivante illustre bien ces paroles :
Un roi fit annoncer qu'il rendrait visite à une ville de son royaume. La nuit précédant le jour fixé, les habitants de cette ville dormirent d'un profond sommeil. Quand le matin de bonne heure le roi parut aux portes de la ville, personne n'était venu à sa rencontre. Alors, il ordonna qu'on fît entendre les tambours et les trompettes. Cela réveilla les habitants de la ville, et ils allèrent, gouverneur en tête, accueillir leur souverain.
C'est ce qui arriva au mont Sinaï. D.ieu avait dit au peuple que le troisième jour Il apparaîtrait et lui donnerait la Torah. Le matin du troisième jour, de très bonne heure, les Israélites dormaient. C'était la période de l'année où, en raison de la brièveté de la nuit, le sommeil du matin est très agréable. Voyant qu'ils dormaient encore, alors qu'il était apparu au Mont Sinaï, D.ieu décida de les réveiller en déchaînant le tonnerre et les éclairs. C'est ainsi que Moïse réveilla le peuple, et le conduisit au pied du mont Sinaï pour accueillir l'Éternel et être témoin de la Révélation merveilleuse.
Aussi avons-nous coutume de rester éveillés la première nuit de Chavouot, et de réciter le« Tikoune » (qui contient des extraits de toute la Torah) afin de réparer la négligence dont se sont rendus coupables nos ancêtres en ne s'abstenant pas de dormir la nuit de « Matane Torah ». (Tikoune signifie « réparation ».)
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