Dix ans après avoir semé la terreur, la mort et la destruction, l’infâme Ben Laden, l’ennemi public numéro un « wanted dead or alive » dont la tête avait été mise à prix 25 millions de dollars, s’invite de nouveau dans nos vies, cette fois-ci pour faire sa sortie dramatique.
Remettons-nous dans le contexte de l’époque. Quel âge aviez-vous il y a dix ans ? Où étiez vous, que faisiez-vous ce 11 septembre 2001, lorsque vous avez appris la nouvelle, avant d’aller rester scotché à un écran et revoir en boucle les images hallucinantes de ces avions qui disparaissaient à l’intérieur de ces immenses buildings dans une boule de feu. Puis l’effondrement des tours et Manhattan plongé dans le chaos. Qui n’a pas pensé à la destruction de Sodome en voyant cette île enfumée ? « Terre de soufre et de sel, partout calcinée... » (Deutéronome 29, 22) Et ces pauvres gens suspendus aux fenêtres de leur bureau pour échapper aux flammes, et qui finissaient par se jeter dans le vide. Et ces pompiers héroïques qui gravirent des dizaines d’étages, pour finir broyés dans les décombres. Et ces êtres hagards, recouverts de poussière blanche, qui avançaient en titubant entre les voitures abandonnées en pleine rue. Ces images traumatisantes resteront gravées dans l’esprit de tout celui qui a vécu cette journée.
Et Ben Laden, l’ignoble, l’abject Ben Laden qui déclarait quelque semaines plus tard : « Les opérations ont réussi au-delà des mes espérances les plus optimistes. »
L’exigence de justice est un commandement divin universelÀ la stupeur, au désarroi et à la douleur – à la « terreur » – succéda naturellement la colère. Les gens étant désormais conscients qu’ils étaient tous des cibles potentielles de ce Ben Laden et de son réseau terroriste, de par le simple fait qu’ils ne partageaient pas son fanatisme.
S’ensuivirent une guerre, deux guerres, le régime sanguinaire des talibans renversé, le sinistre Saddam Hussein capturé, jugé, pendu...
Mais Ben Laden s’était évanoui dans la nature et est demeuré introuvable, pendant dix ans.
Dix ans, c’est long. Pour les jeunes d’aujourd’hui, c’est la moitié, le tiers de leur vie.
Ainsi, au fil des années, Ben Laden est passé de l’actualité brûlante à l’histoire, entrant dans les manuels scolaires à défaut d'entrer en prison.
Mais de nouveaux attentats, d’autres prises d’otages orchestrées par son réseau nous ont rappelé que lui et ses sbires étaient encore à l’œuvre.
Lui demeurait introuvable, et impuni. Beaucoup avaient fini par penser qu’il ne serait jamais arrêté. Des milliers de personnes avaient connu une mort atroce, d’autres étaient mutilées à vie, des centaines de milliers d’emplois avaient été perdus, les contrôles de sécurité sont devenus draconiens, engendrant d’énormes coûts et des pertes de temps considérables. Et Ben Laden était en liberté, à fomenter de nouveaux crimes, se riant de cette « première puissance mondiale » que son équipe d’assassins avait mise à genoux, armée de simples cutters.
Le monde n’est pas à l’abandon, mais est bien régi par un Juge SuprêmeCertes, nous ne devrions jamais désespérer de la justice divine, ni dans nos vies personnelles, ni dans les affaires du vaste monde. C’est un principe essentiel de notre foi, parmi les Treize Principes énoncés par Maïmonide, de croire que D.ieu récompense et punit les êtres humains en fonction de leurs actions.
Toutefois, la justice divine n’est pas toujours apparente à nos yeux. Elle transcende souvent le temps et l’espace. Et c’est bien pour cela qu’elle requiert de la foi.
Rabbi Chalom Dov Ber Schneerson, le cinquième Rabbi de Loubavitch (1860-1920), dit un jour lors d’une conversation :
« Il y a deux sortes de sots. L’existence est une roue qui tourne. Il y a celui qui est assis au sommet de la roue et qui rit, celui-là est un sot. “Idiot ! lui dit-on. Pourquoi ris-tu ? Ne sais-tu pas qu’il s’agit d’une roue ?” Et il y a celui qui est assis sous la roue, écrasé par la roue, et qui pleure. Lui aussi est un sot. “Pourquoi pleures-tu ? Ce n’est qu’une roue, et la roue tournera...” »
Que l’on soit en haut ou en bas de la roue aujourd’hui, nous devons nous rappeler qu’il existe une justice divine. Celui qui a profité de sa haute situation, de ses richesses et de ses ressources pour faire du mal, tôt ou tard tombera de haut. Celui qui aura fait du bien trouvera appui et soutien en temps de détresse. Et celui qui aura fait du bien dans la difficulté verra ce bien l’accompagner et le guider lorsque la roue le fera remonter.
La conscience de cela nous engage à être justes à notre tour. L’exigence de justice est un commandement divin universel, partie intégrante des Sept Lois noa’hides. C’est lorsqu’il met celui-ci en pratique que l’être humain est à l’image de D.ieu.
Et voici qu’au bout de dix ans, on nous annonce la mort d’Oussama Ben Laden, de la main des soldats américains venus l’arrêter. Après toutes ces années, l’archi-terroriste a été mis hors d’état de nuire. Ainsi, de même que nous avions tous été témoins des atrocités qu’il avait commanditées, nous avons eu le privilège de voir aujourd’hui la justice divine à l’œuvre.
Puissions-nous à cette occasion nous renforcer dans notre foi en la justice divine en général, dans la conscience que le monde n’est pas à l’abandon, mais est bien régi par un Juge Suprême, et mériter par cela la réalisation de la promesse divine de la délivrance messianique, lorsque s’accomplira la prophétie :
Et lui (Machia’h) sera un juge entre les nations, et le précepteur de peuples nombreux.
Et ceux-ci de leurs glaives forgeront des socs de charrue et de leurs lances des serpettes. Une nation ne tirera plus l'épée contre une autre nation, et on n'apprendra plus l'art des combats.
Isaïe 2, 4
Plus de méfaits, plus de violences sur toute ma sainte montagne ; car la terre sera pleine de la connaissance de D.ieu, comme l’eau abonde dans le lit des mers.
Isaïe 11, 9
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