Rabbi Chlomo ben Abraham Ibn Aderet – également connu sous le nom plus court de Rachba – fut un des plus grands codificateurs talmudiques de son temps. Il naquit à Barcelone en 4995 (1235) et mourut à l'âge de 75 ans, en 5070 (1310). Le Rachba était un disciple de Ramban (Na'hmanide) et de Rabbénou Yonah Gerondi.
Comme nous l'avons déjà dit, Rabbi Chlomo ben Abraham ibn Aderet se fit un nom comme autorité en matière de Talmud et des communautés juives de toutes les parties de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique ne cessaient de s'adresser à lui pour le consulter sur les problèmes de la loi juive. Des milliers de ces réponses ont pu être préservées et publiées. Ces publications traitant des diverses phases de la vie juive sont pour nous d'un immense intérêt historique puisqu'elles nous permettent de juger et de mieux comprendre la vie juive il y a sept cents ans.
Le Rachba devint grand-rabbin d'Espagne et nombreux étaient les érudits qui accouraient pour assister à ses conférences. Il fonda une yéchivah à Barcelone qui devint célèbre pour les grands hommes qui en sortirent.
Rabbi Chlomo était toujours sur le qui-vive pour défendre ses coreligionnaires des atteintes de leurs ennemis extérieurs ou intérieurs. Ainsi, lorsqu'un moine dominicain, Raymond Martini, publia deux livres déformant les interprétations du Talmud afin d'attiser la haine contre les Juifs, le Rachba se mit immédiatement à riposter en écrivant une défense du Judaïsme, réfutant tous les arguments mal fondés du moine. Il agit de la même façon lorsqu'un auteur arabe attaqua la foi juive.
Bien que le Rachba eût de vastes connaissances philosophiques, il n'était pas en faveur d'une étude prématurée des matières philosophiques. Il avait la ferme opinion que l'enseignement philosophique ne devrait se faire seulement une fois que le sujet eût acquis une connaissance approfondie du Judaïsme et après la formation de son caractère par une longue et stricte observance religieuse. Car il n'était pas rare à cette époque que de nombreux jeunes Juifs eussent la vocation d'étudier des livres et des écrits philosophiques. Mais ils s'égaraient alors du bon chemin, n'étant pas préparés pour ces méditations. Il n'est donc pas surprenant que, le jour où les autorités rabbiniques de France s'adressèrent au Rachba pour les aider à combattre les tendances hérétiques qui se faisaient jour dans les familles juives, celui-ci n'eût aucune hésitation.
Une assemblée solennelle fut convoquée, à laquelle participaient ses deux fils, les rabbins Isaac et Judah, les chefs de la communauté juive de Barcelone et de nombreux autres Juifs. Au cours de cette réunion, Rachba interdit toute lecture ou étude philosophique avant l'âge de 25 ans. Une fois atteint cet âge, le Juif avait le droit de s'adonner à ces études, à condition qu'il eût acquis auparavant une solide instruction talmudique. Dans une volumineuse correspondance adressée à ses collègues dans d'autres parties du monde, Rachba les mit en garde et les pria de faire attention à l'éducation et à l'enseignement des enfants et de la jeunesse juifs.
Le Rachba est aussi l'auteur du livre Torath Habaïth ou « La Loi de la Maison ». Ce livre traite de la che'hitah (l’abattage rituel), de tréfah (les problèmes qui rendent une bête non cachère), etc. Il a écrit plusieurs volumes contenant des commentaires sur le Talmud. Nous y trouvons deux traités intitulés respectivement Piskei ‘Halah et Avodat Hakodèche. Ce dernier traite surtout du Chabbat.
Rabbi Chlomo ben Abraham ibn Aderet avait aussi une âme de poète, mais il n'a pas écrit beaucoup de poésie, probablement parce qu'il était trop absorbé par ses études.
Il faut encore mentionner qu'une grande partie du commentaire de Maïmonide sur la Michna écrit en arabe, a été traduit en hébreu par le Rachba à qui nous devons également la diffusion parmi les Juifs d'Espagne des doctrines et des œuvres de son maître Na'hmanide.
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