Il est écrit : « et D.ieu créa l’homme à Son image, à l’image de D.ieu Il le créa ».

Genèse 1, 27

Comprends ceci : quand un homme porte les Téfiline, une voix proclame à tous les anges du Char Céleste qui écoutent la prière : « Rendez hommage à l’image du Roi, à l’homme qui porte les Téfiline ». La Torah dit de cet homme : « D.ieu créa l’homme à Son image », car cet homme porte les mêmes Téfiline que le Maître du monde.

Tikounei Zohar 47, 83b

Les Téfiline servent d’exemple à tous les autres commandements. Si l’on comprend le sens des Téfiline, on comprend alors l’implication profonde de toutes les autres mitsvot de la Torah.

Nous savons que les Téfiline sont un symbole car ils nous rappellent notre foi en D.ieu et notre lien d’amour avec Lui. Nous savons également qu’ils nous aident à nous souvenir de la sortie d’Égypte. Mais certains pensent que les Téfiline et les mitsvot en général ne représentent qu’un symbole. Cela ne serait pas suffisant pour expliquer tous les détails concernant les Téfiline. Le Choul’hane Aroukh, principal code de la loi juive, renferme vingt longs chapitres sur les lois complexes qui régissent la fabrication et le port des Téfiline. Par exemple, un seul mot mal orthographié, une seule lettre déformée, rendent les Téfiline hors d’usage. S’il s’agissait de simples symboles, pourquoi alors toute cette minutie ? Pourquoi ne pas suspendre un tableau des Téfiline au mur et le regarder ? Pourquoi ne pas méditer simplement sur le sens profond des Téfiline ? Pourquoi faut-il porter ces objets rituels ?

Le plus grand bien que D.ieu peut nous donner est la capacité de pouvoir L’approcher et de Lui ressembler. Lorsque nous portons les Téfiline, nous nous projetons dans l’image de D.ieu. Ceci est beaucoup plus qu’un symbole : c’est l’imitation du divin.

L’auteur du Yessod Vechorech Haavodah explique que là est la raison de toutes les lois détaillées concernant les Téfiline. Chaque détail des Téfiline que nous portons a sa contrepartie dans les Téfiline de D.ieu.

Le corps de l’homme et la volonté de D.ieu sont intimement reliés au même objet physique : les Téfiline. Et par ce biais matériel, l’homme se hisse au niveau du divinCertains ont du mal à comprendre comment un simple acte matériel, comme le port des Téfiline, peut rapprocher une personne de D.ieu. Ils allègueront qu’il est préférable de méditer, de contempler ou de spéculer philosophiquement sur la grandeur intrinsèque des Téfiline. Tout cela pourrait être utile, mais n’amènerait pas l’homme à réaliser cette union avec D.ieu. D.ieu a dit à Son prophète : « De même que les cieux sont plus élevés que la terre, de même Mes voies sont plus élevées que vos voies et Mes pensées plus élevées que vos pensées ». (Isaïe 55, 9).

Mais ceci ne résout pas le problème. Si nous ne pouvons nous rapprocher de D.ieu par des exercices spirituels tels que la méditation et la contemplation, comment le pouvons-nous par un simple acte physique, tel que le port des Téfiline ?

Pour être à même de comprendre, nous devons poser une autre question, simple mais profonde. Pourquoi D.ieu a-t-Il créé le monde physique ? C’est une question difficile. D.ieu étant spirituel, de même en est-il du Bien qu’Il doit dispenser. Le but de la création est essentiellement spirituel. Alors pourquoi était-il nécessaire de créer un monde physique ? Et par ailleurs, quelle différence y a-t-il entre le spirituel et le matériel ?

La réponse implique le concept d’espace. L’espace physique n’existe que dans le monde physique. Dans le domaine spirituel, le concept d’espace n’existe pas. Et pourtant, nous parlons de proximité ou d’éloignement dans le monde spirituel, bien que la notion d’espace n’existe pas dans ce domaine. Au sens spirituel, la proximité évoque la ressemblance. Deux choses qui se ressemblent sont proches spirituellement. De même, deux choses opposées sont spirituellement éloignées. Ceci a des implications très importantes. Dans le monde spirituel, il est impossible de rapprocher deux contraires. Puisque par définition ils sont contraires, ils sont donc éloignés l’un de l’autre. Mais le spirituel peut avoir un lien avec le matériel, tout comme l’âme est liée au corps.

Il est impossible de rapprocher deux contraires en les reliant au même objet matériel. Ainsi, par exemple, l’homme possède à la fois un penchant pour le bien, le yetser tov, et un penchant pour le mal, le yetser hara. Du point de vue purement spirituel, ce sont deux pôles opposés. Sans un support matériel, le corps, jamais ils ne pourraient être unis en une même entité spirituelle. C’est seulement dans le corps physique qu’ils peuvent être réunis.

La mitsva des Téfiline a la particularité d’agir sur notre esprit, de nous aider à penser plus clairement, et à avoir de bonnes penséesD.ieu et l’homme sont aussi des mondes à part, « comme les cieux sont plus hauts que la terre ». Sur un plan purement spirituel, il serait totalement impossible de les rapprocher. Toute la méditation et toute la philosophie du monde ne pourraient combler l’écart qui les sépare.

C’est seulement ici-bas, dans le monde matériel que D.ieu et l’homme peuvent se rapprocher. Ils peuvent tous deux être liés au même objet et au même acte physique. De cette façon, ils sont, si l’on peut s’exprimer ainsi, physiquement poussés l’un vers l’autre.

À nouveau, les Téfiline peuvent servir d’exemple. Les Téfiline matériels que nous portons sont la contrepartie des Téfiline de D.ieu. Ils leur correspondent même dans chaque détail. Et c’est parce qu’ils leur ressemblent qu’ils en sont spirituellement très proches.

Bien sûr, lorsqu’un homme porte les Téfiline et prend conscience de leur sens, ses pensées mêmes sont élevées vers D.ieu. L’acte physique en lui-même peut élever l’homme vers les plus hauts sommets.

C’est par la Volonté de D.ieu que nous portons les Téfiline. Ils sont donc intimement liés à Sa Volonté. Mais, puisque la Volonté de D.ieu est la couronne de l’existence, c’est-à-dire le tout premier élément de la création, nos Téfiline matériels sont ainsi reliés au plus haut niveau. Alors, tout à coup, l’homme a quelque chose en commun avec la couronne de l’existence. Son corps et la Volonté de D.ieu sont intimement reliés au même objet physique : les Téfiline. Et par ce biais matériel, l’homme se hisse au niveau du Divin.

Il en est de même pour toutes les autres mitsvot. Le mot « mitsva » a la même racine que le mot « lien ». En observant une mitsva matérielle, nous nous lions littéralement à D.ieu. Chaque mitsva accomplie par un Juif renforce son attachement à D.ieu. En vérité, la plus grande chose qu’une personne puisse désirer, c’est d’être toujours proche de D.ieu par l’accomplissement des mitsvot, expression de la Volonté de D.ieu par excellence, qui permettent aux Juifs de rester constamment attachés à D.ieu. À cet égard, toutes les mitsvot sont les mêmes du fait qu’elles représentent toutes la Volonté de D.ieu, notre Créateur.

Parallèlement, chaque mitsva a des qualités qui lui sont propres, en relation avec les aspects particuliers de la vie quotidienne du Juif, spirituelle, physique ou matérielle. Chaque mitsva, à sa manière, renforce le caractère spirituel et moral de celui qui l’accomplit et affaiblit les mauvaises influences et les tentations du yetser harah. Chaque mitsva attire la bénédiction divine sur celui qui l’accomplit, puisqu’en s’attachant à D.ieu, Source de toutes les bénédictions, la personne reçoit de D.ieu tout ce dont elle a besoin.

Les Téfiline sont notre « appareil récepteur » du signal spirituelLa mitsva des Téfiline a la particularité d’agir sur notre esprit, de nous aider à penser plus clairement, et à avoir de bonnes pensées, des pensées et des idées tournées vers D.ieu, des pensées qui conviennent à un Juif. C’est ce que le Juif acquiert en mettant le Téfiline de la tête.

Le Téfiline de la main que le Juif porte sur son bras, en face de son cœur, a la faculté particulière d’agir sur le cœur afin que le cœur aussi soit dédié à D.ieu, en ressentant et en désirant ce qui sied à un cœur juif. Et dans la mesure où les sentiments et les désirs sont exprimés par des actes, le Téfiline de la main aide aussi le Juif à agir d’une manière convenable en accomplissant des mitsvot et des actes de bonté et d’amour. Ceci est symbolisé par la main qui représente l’action.

Ainsi, la mitsva des Téfiline, englobant le Téfiline de la tête et celui de la main, agit sur toutes les forces intellectuelles et émotionnelles de la personne, et l’aide à diriger ses pensées, ses sentiments et ses actions vers D.ieu, afin que sa vie soit toujours pleine et heureuse.

Il nous est maintenant aisé de comprendre la raison de toutes les lois détaillées relatives aux Téfiline :

Pour créer ce lien, nos Téfiline doivent être absolument conformes à ceux d’En-Haut. La plus légère déviation rompt ce lien.

Prenons un exemple concret : un poste de radio. Pour recevoir un signal particulier, tous les éléments sont nécessaires. Si l’on coupe un seul fil, si l’on déplace un seul accumulateur, si petit soit-il, le son ne passe plus. Un tel appareil doit être fabriqué selon les lois précises de l’électromagnétisme. Si celles-ci ne sont pas respectées, l’appareil ne pourra pas fonctionner.

Les Téfiline sont notre « appareil récepteur » du signal spirituel. En tant que tels, ils doivent être conçus pour recevoir ce signal particulier. Si l’on transgresse une seule règle, ils deviennent comme un poste de radio dont on a ôté une pièce. Le lien n’existe plus.

Nous pouvons pousser l’analogie plus loin. Il nous faut avoir une connaissance scientifique très poussée pour espérer comprendre dans tous les détails le fonctionnement d’un tel appareil. On devrait connaître des calculs, des équations différentielles et toute la complexité de la théorie électromagnétique. Et pourtant, même un très jeune enfant peut faire fonctionner un poste de radio. Il en est de même pour les mitsvot. Toute une vie d’étude peut nous aider à en comprendre le sens. Mais n’importe qui peut les accomplir et recevoir le « signal ».