Rabbi Mena’hem Mendel Scheerson naquit le 29 Eloul 5549 (1789), à la veille de Roch Hachana. Son père était le ‘Hassid Rabbi Chalom Chakhna et sa mère, la Rabbanit Devorah Léa, seconde fille de l’Admour HaZakène. On lui donna le nom de Rabbi Mena’hem Mendel de Vitebsk. À la suite de la large diffusion que fit l’Admour HaZakène de la ‘Hassidout, une accusation fut portée contre lui devant le tribunal céleste. La Rabbanit Devorah Léa en eut connaissance et, juste avant Rosh Hashana 5553 (1792), elle proclama devant les ‘Hassidim qu’elle offrait sa vie pour son père. Elle quitta effectivement ce monde juste après Rosh Hachana, le jour du Tsom Guédalya. Depuis ce moment, Rabbi Mena’hem Mendel fut élevé par son grand-père, l’Admour HaZakène, qui lui enseigna personnellement la Torah.

Très tôt, le Tséma’h Tsédek fit preuve d’une rare intelligence et d’une mémoire hors du commun. En 5562 (1802), alors qu’il était seulement âgé de treize ans, il entreprit de rédiger les commentaires de la partie législative de la Torah et de la ‘Hassidout qu’il entendait de son grand-père, l’Admour HaZakène, en y ajoutant ses propres explications. Il se maria en 5563 (1803) avec la Rabbanit ‘Haya Mouchka, fille de l’Admour HaÉmtsahi.

En 5566 (1806), il fut chargé par l’Admour HaZakène, ainsi que son grand-oncle, le Maharil, Rabbi Yéhouda Leïb, frère de l’Admour HaZakène, d’examiner toutes les questions qui lui parvenaient. De même, il commença à guider les jeunes ‘Hassidim et s’adressa à eux, en particulier dans ses discours publics.

L’Admour HaZakène resta, toute sa vie, très attaché à lui, comme il l’avait promis à sa mère, la Rabbanit Devorah Léa et le Tséma’h Tsédek l’accompagna, en 5569 (1809), lorsqu’il se rendit en Wholinie. Plus tard, en 5570 (1810), Rabbi Chnéour Zalman le chargea, avec son grand-oncle, Rabbi Moché, le plus jeune fils de l’Admour HaZakène, de gérer les affaires communautaires. Rabbi Moché avait tout juste quelques années de plus que lui et, étant enfants, ils avaient étudié ensemble la Torah.

Par la suite de 5574 à 5587 (1814 à 1827), Rabbi Mena’hem Mendel s’isola et se consacra à l’étude avec une formidable ardeur, accumulant d’énormes connaissances.

C’est en 5588 (1828), peu après le décès de son beau-père, qu’il prit la tête des ‘Hassidim ‘Habad. C’est précisément à cette époque qu’un décret du tsar instaura la conscription des enfants juifs. Les « cantonistes » se virent ainsi imposer vingt-cinq ans de service militaire. Arrachés à leur famille à l’âge de sept ans, ils devaient servir dans l’armée jusqu’à trente-deux ans et n’étaient bien souvent relâchés qu’après avoir abjuré. Par ailleurs, certaines personnes se chargeaient du rapt de ces enfants, afin d’en tirer un profit financier, s’attaquant bien évidemment aux familles les plus démunies et sans défense. Jusqu’en 5615 (1855), le Tséma’h Tsédek se fixa pour mission prioritaire de faire libérer les « cantonistes ». Grâce à son intervention, des milliers d’enfants juifs eurent la vie sauve et conservèrent leur Judaïsme. Mais, en 5600 (1840), son action fut dénoncée par une certaine communauté, qui l’accusa d’empêcher les organisations juives de livrer les enfants à l’armée. L’un des chefs de file de la Haskala de Vilna et de Wholinie prit part également à cette accusation. De même, deux « preneurs d’enfants » de Barissov le dénoncèrent en 5601 (1841).

S’engageant sur la voie tracée par ses deux illustres prédécesseurs, le Tsema’h Tsédek acheta en 5599 (1839), au noble Chtchédrinov, le domaine de Chtchédrin, dans la région de Minsk, qui comprenait une forêt et des terrains cultivables. Il y fonda le village de Chtchédrin, dont il distribua les terrains et des équipements agricoles à des familles juives, afin qu’elles se consacrent au travail de la terre. Grâce à cela, en 5602 (1842), en une marque d’honneur sans précédent, il reçut un acte, signé du tsar, le nommant citoyen d’honneur. En 5605 (1845), ce titre fut accordé également à toute sa descendance.

En 5603 (1843), il fut invité à la réunion de Rabbanim de Pétersbourg. Là, il s’opposa aux représentants de la Haskala, venus de Riga et de Vilna. Il demanda que les livres sacrés puissent être librement imprimés et protesta énergiquement contre l’interdiction des ouvrages de Kabbalah et de ‘Hassidout. À cause de tout cela, il fut arrêté plusieurs fois, au cours de cette réunion, mais, finalement, toutes ses exigences furent satisfaites. Il obtint en particulier l’autorisation pour les Juifs de s’installer dans tous les villages et dans les domaines agricoles. Le Tsema’h Tsédek put également faire entendre sa voix dans la seconde réunion de la même instance, qui eut lieu en 5608 (1848), afin de régler les problèmes communautaires des Juifs.

En 5614 (1854), le docteur M. Lilienthal, professeur principal de l’école progressiste de Riga et l’un des dirigeants de la Haskala, parvint à convaincre le ministre de l’Éducation d’imprimer, pour les enfants juifs, un Siddour et un ‘Houmach abrégés. Le Tséma’h Tsédek émit une protestation énergique. Peu après, il sortit vainqueur de son combat contre les partisans de la Haskala et put établir au grand jour la corruption de leurs agissements.

Le Tsema’h Tsédek écrivit de très nombreux ouvrages traitant de la partie législative de la Torah comme de la ‘Hassidout. Il rédigea, pendant sa vie, plus de soixante mille feuilles de grand format. Il est du reste impressionnant de constater que celui qui fut le Rabbi de six cents milles ‘Hassidim et dirigea de manière effective sa communauté eut par ailleurs le temps de rédiger de si nombreux ouvrages. Il écrivit en particulier le « Tsema’h Tsédek », recueil de commentaires et de responsa duquel il tira son nom. En effet, Tséma’h a la même valeur numérique que Mena’hem et Tsédek que Mendel. En 56l6 (1856), un incendie détruisit sa maison. Cinq caisses de ses manuscrits disparurent ainsi.

C’est le 8 Tevet 5621 (1860) qu’il perdit son épouse, la Rabbanit. Le Tsema’h Tsédek dit alors : « Le monde est devenu obscur pour moi ». Peu après, le Rabbi Maharach et sa famille s’installèrent dans la maison du Tsema’h Tsédek. Lui-même quitta ce monde dans la nuit du mercredi, veille du jeudi 13 Nissan 5626 (1866). Il fut enterré à Loubavitch. Le 13 Nissan est également le jour du décès de Rabbi Yossef Caro, auteur du Choul’han Arou’h et les ‘Hassidim appliquent à ces deux Tsaddikim les termes du verset « et les scribes du Roi furent rappelés, le treizième jour du premier mois ». De plus, le Tséma’h Tsédek parla de Rabbi Yossef Caro juste avant de quitter ce monde.

Le Tséma’h Tsédek eut sept fils et deux filles. Ses sept fils furent :

  • Rabbi Barou’h Chalom, dont le Rabbi est un descendant en droite ligne,
  • Rabbi Yehouda Leïb, le Rabbi de Kapoust,
  • Rabbi ‘Haïm Chnéor Zalman, le Rabbi de Lyadi,
  • Rabbi Israël Noa’h, le Rabbi de Nyézhin,
  • Rabbi Yossef Its’hak, le Rabbi de Avroutch,
  • Rabbi Yaakov de Orcha
  • Rabbi Chmouel de Loubavitch, qui fut son successeur.

Ses filles furent la Rabbanit Rada Freïda et la Rabbanit Dévora Léa.