Au fin fond de la Russie Blanche, village aujourd’hui presque oublié où plus un seul Juif ne réside, se trouve Loubavitch.
Ce petit village, qui ne compte que des chemins de terre, fut, pendant plus d’un siècle et demi, le centre spirituel du ‘hassidisme ‘Habad, ‘hassidisme de l’intellect. Ce mouvement, qui commença dans la ville de Lyozna au milieu du dix-huitième siècle avec Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, semblait avoir atteint son apogée à Loubavitch à l’époque de son petit-fils, le Tséma’h Tsédek qui, selon la tradition, comptait six-cent mille hassidim.
Après le Tséma’h Tsédek, le ‘hassidisme ‘Habad se subdivisa en différentes branches et celle de Loubavitch fut dirigée par le plus jeune de ses fils, Rabbi Chmouel auquel succéda son fils, Rabbi Chalom Dov Ber, le Rabbi RaChaB.
Loubavitch resta, pendant toute cette période, un centre d’étude et de prière, imprégné d’une intense spiritualité. C’est là où l’on pouvait venir réchauffer son âme auprès de ces prestigieux maîtres ‘hassidiques dont les enseignements et les miracles embrasaient les cœurs et les esprits.
Loubavitch devait demeurer un site protégé, presque anachronique, imperméable au tumulte de la civilisation corrosive et assimilatrice. C’est pourquoi le Rabbi Rachab avait soudoyé les chemins de fer russes pour que cette capitale ‘hassidique ne devienne pas une gare ferroviaire.
Mais la révolution de 1917 et la Seconde Guerre mondiale vinrent tout bouleverser. Loubavitch dut être abandonné et, dans un douloureux exil parsemé de milliers de cadavres, ses ‘hassidim allèrent trouver refuge en Géorgie.
Après s’être installé à Varsovie pour fuir les persécutions communistes, le précédent Rabbi de Loubavitch, fils du Rabbi Rachab, put rejoindre New York pour échapper aux nazis.
Le contraste était total, on était passé du havre de spiritualité qu’était le village de Loubavitch à la plus grande ville moderne, dans un pays où l’assimilation galopante terrorisait les communautés juives de Pologne et de Russie.
Être Juif religieux aux États-Unis était alors une telle gageure que l’on avait déclaré, comme une fatalité, que « l’Amérique était différente ». C’est cette fatalité que vint défier le précédent Rabbi de Loubavitch, qui commença à faire essaimer des écoles talmudiques dans New York et sa région.
Le 10 Chevat 5710 (1950), le précédent Rabbi de Loubavitch quitta ce monde, laissant la direction à son gendre, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, septième Rabbi de Loubavitch qui étonna le monde par sa connaissance encyclopédique des textes talmudiques et ésotériques ainsi que par son impressionnante culture profane. Avec lui a commencé une ère nouvelle, celle de la diffusion du Judaïsme et de la pensée ‘hassidique à l’échelle universelle.
Loubavitch signifie ville d’amour. Cet amour du prochain, pierre d’angle de l’enseignement du Baal Chem Tov, fondateur du mouvement ‘hassidique, fut sans aucun doute le secret de la réussite du Rabbi de Loubavitch. Par son action hors du commun, perpétuée par plus de quatre mille de ses émissaires aux quatre coins du monde, celui-ci a posé les derniers jalons vers l’avènement des temps messianiques tant attendus.
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