Rabbi Elazar ben Pedath, ou comme on l'appelle communément Rabbi Elazar, naquit à Babylone, où il étudia la Torah sous la direction de Rav à Soura, puis à Néhardéa sous la direction de Samuel.
Comme c'était la coutume en ce temps-là, Rabbi Elazar fit, lui aussi, le voyage d'Erets-Israël afin de poursuivre ses études Toraniques sous la direction des disciples de Rabbi Juda Hanassi (le Prince). À l'époque, beaucoup de Yéchivoth florissaient en Terre Sainte : à Kisrine avec Rabbi Ochiya, à Tsipori avec Rabbi 'Hanina, et à Tibériade avec Rabbi Yo'hanan. Rabbi Elazar eut successivement ces trois « géants » en Torah comme maîtres, et particulièrement le dernier cité, le plus jeune des trois, qui devint la plus haute autorité en matière de Torah après la mort de Rabbi Ochiya et de Rabbi 'Hanina. Rabbi Elazar étudia sous la direction de Rabbi Yo'hanan pendant de longues années, et fut considéré comme son plus remarquable disciple, Rech-Lakich mis à part. Les derniers temps, son maître le considérait plus comme un collègue que comme un élève. Il le tenait en si haute estime qu'un jour il s'exclama :
« J'ai vu une fois Rabbi Elazar en train d'enseigner, et il m'est apparu comme si c'était Moïse en personne qui répétait la Torah qu'il avait entendue de la bouche de D.ieu même. »
Quand Rech-Lakich, l'ami le plus proche de Rabbi Yo'hanan, mourut, ce dernier le pleura longtemps ; et Rabbi Elazar fut le seul à pouvoir le consoler grâce à la Torah. Le chagrin de Rabbi Yo'hanan fut si profond, qu'il dut interrompre ses cours pendant une longue période. En son absence, Rabbi Elazar assura la direction de l'académie à Tibériade. Il ne devait pas remplir longtemps ses fonctions de Roch-Yéchivah, car il mourut l'année même.
Rabbi Elazar fut très pauvre, il souffrit même de la faim. Une fois qu'il défaillait tant sa faim était grande, il demanda au Tout-Puissant combien de temps encore il aurait à lutter contre le besoin. Et le Tout-Puissant lui répondit qu'il était destiné à souffrir en ce monde, mais que sa récompense dans la vie future serait proportionnelle à ses peines.
En dépit de sa grande pauvreté, il refusait les cadeaux, même quand ils venaient du Prince. Et quand ce dernier l'invitait à sa table, il déclinait également l'invitation.
Quand on lui demandait la raison de son refus, il avait l'habitude de répondre : « Vous ne voulez donc pas que je vive ? Il est écrit : Celui qui hait les présents vivra. » Et il ajoutait : « Accepter des présents devrait être très difficile ; on en a la preuve en pensant à la colombe de Noé : quand ce dernier la lâcha hors de l'arche afin de voir si le niveau des eaux du déluge avait baissé, la colombe vola autour de l'arche tout une journée, puis revint le soir tenant dans son bec un brin d'olivier, comme pour dire : Mieux vaut une feuille amère de la Main de D.ieu, que la nourriture la plus savoureuse de la main de l'homme. »
La pauvreté de Rabbi Elazar était grande, nous l'avons dit. Elle ne l'empêchait pas de venir en aide à d'autres rabbins dans le besoin.
Un jour, il laissa tomber une pièce d'or. Rabbi Siméon bar Abba, l'ayant trouvée, voulut la lui rendre. Rabbi Elazar lui dit alors qu'il pouvait la garder, étant donné qu'il avait perdu tout espoir de la retrouver.
Il était changeur de son métier, ce qui lui permettait de gagner assez misérablement sa vie. Néanmoins, il était toujours prêt à donner sa dernière pièce de monnaie à qui était plus dénué que lui.
Sa foi en D.ieu était sans limites, et il tâchait toujours d'apporter aux autres réconfort et encouragements. « Même si la pointe aiguisée d'une épée est posée sur votre gorge, vous ne devez pas désespérer de la Divine Providence », avait-il coutume de dire. Il fut, durant sa vie, la cause et le témoin de bien des miracles. Une fois, avant le Chabbat, il alluma sa dernière petite bougie ; elle brûlait encore après que le Chabbat fut passé.
Un grand nombre de lois et de maximes de Rabbi Elazar ont été conservées dans le Talmud Bavli ou Yérouchalmi (le Talmud de Babylone et celui de Terre Sainte), et dans le Midrache. Ses enseignements témoignent du profond amour qu'il avait pour ses frères juifs.
« La charité est comparable à un bouclier, disait-il. De même que celui-ci est fait d'un grand nombre de petites parties, ainsi les menues pièces de monnaie qu'un homme consacre à la charité se combinent pour constituer une forte somme et former un bouclier pour lui. » Il aimait aussi à dire que la charité est plus importante même que les sacrifices. Un Juif qui refuse de faire la charité connaîtra tôt ou tard, des difficultés dont résultera la perte de tout ce qu'il possède.
Grand-rabbin d'Erets Israël
Envoyant un jour un message à Babylone, il mentionna trois choses : « Prenez grand soin de votre propreté corporelle ; tâchez d’apprendre en compagnie d'autres personnes ; soyez attentifs à vos agissements à l'égard des enfants pauvres ; parmi eux se lèveront de grands érudits en Torah. »
Du vivant de Rabbi Yo'hanan, Rabbi Elazar dirigeait à Tsippori sa propre Yéchivah qui comptait bon nombre de disciples. Il fut aussi juge à Tibériade.
Rabbi Elazar était particulièrement estimé par les Juifs babyloniens. Ils lui décernèrent le titre honorifique de « Grand Rabbin d'Erets Israël ». Nombre de directives relatives à la Loi juive étaient adressées par lui à Babylone.
Il mourut à l'âge d'environ soixante-dix ans, et appartint aux seconde et troisième générations d'Amoraïm (maître en Talmud) en Erets Israël. Il laissait un fils, un grand érudit en Talmud, nommé Pédath, et qui fut lui aussi un Amora.
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