Le Séder de Pessa’h est un moment où famille et amis de tous horizons se réunissent pour célébrer notre héritage commun et raconter l’histoire de notre libération de l’esclavage égyptien. C’est dans cet esprit d’unité et de convivialité que nous présentons 15 courtes réflexions sur la Haggadah par 15 personnalités de la Torah différentes. Le nombre 15 est approprié, car il y a 15 étapes dans le Séder. (Bien sûr, il ne s’agit là que d’un échantillon des réflexions sur la Haggadah ; il existe de nombreuses réponses possibles à chaque question.)
Dans cet article:
- Pourquoi n’y a-t-il pas de bénédiction pour la mitsva de raconter l’histoire de l’Exode ?
- Pourquoi lancer une invitation si personne ne peut l’entendre ?
- Célébrer la liberté en exil ?
- Pourquoi est-il si important que les enfants posent des questions ?
- Quelle est la véritable réponse aux quatre questions du Ma Nichtana ?
- Pourquoi Rabbi Elazar a-t-il dit qu’il était « comme âgé de 70 ans » ?
- Pourquoi cette réponse sévère au fils méchant ?
- Pourquoi mentionner que nos ancêtres étaient des idolâtres ?
- Pourquoi mentionner d’autres ennemis ?
- Pourquoi s’écarter du sujet à propos du complot de Laban ?
- Le bâton était-il vraiment le signe ?
- Pourquoi donner un moyen mnémotechnique pour les dix plaies ?
- Quel est l’intérêt d’être au mont Sinaï sans recevoir la Torah ?
- Pourquoi D.ieu devrait-il déverser Sa colère sur nos oppresseurs, qui ne faisaient qu’exécuter Ses ordres ?
- Pourquoi dire « L’année prochaine à Jérusalem » à la fin de la Haggadah et de Yom Kippour ?
Pourquoi n’y a-t-il pas de bénédiction pour la mitsva de raconter l’histoire de l’Exode ?
Avant d’accomplir la plupart des mitsvot, telles que mettre les téfiline ou allumer les bougies de Chabbat et des fêtes, nous récitons une bénédiction. Pourquoi donc ne récitons-nous pas également une bénédiction avant d’accomplir la mitsva de raconter l’histoire de la Sortie d’Égypte ?
Certains expliquent que nous ne faisons pas de bénédiction séparée puisqu’il n’y a pas d’exigence minimale pour raconter l’histoire, et/ou nous avons peut-être déjà techniquement rempli notre obligation minimale en mentionnant la Sortie d’Égypte lors des offices du soir ou du Kiddouch.
Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi remet en question ces explications. En effet, durant les autres nuits (et jours), une simple mention de la Sortie d’Égypte suffit à accomplir la mitsva. Mais cette nuit-là, il y a une mitsva spéciale de discuter longuement de la Sortie d’Égypte, alors pourquoi ne faisons-nous pas de bénédiction ? Il explique que tout comme nous ne faisons pas de bénédiction sur la mitsva de réciter la Bénédiction après les repas, puisque c’est en elle-même une bénédiction, de même, la Haggadah étant elle-même pleine de bénédictions, nous ne récitons pas de bénédiction sur une bénédiction.1
Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi (1745–1812), également connu comme « l’Admour Hazakène », fut le premier Rabbi de ‘Habad. Bien qu’il n’ait pas écrit de commentaire distinct sur la Haggadah, ses réflexions sur la Haggadah et Pessa’h se retrouvent dans l’ensemble de ses écrits. Pour en savoir plus sur l’Admour Hazakène, voir Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi.
Pourquoi lancer une invitation si personne ne peut l’entendre ?
Nous ouvrons la Haggadah par le passage suivant : « Ceci est le pain d’affliction… Quiconque a faim, qu’il vienne et mange ; quiconque est dans le besoin, qu’il vienne et participe au Séder de Pessa’h. » Pourtant, il n’y a pas d’invité potentiel qui puisse entendre cette invitation, et quiconque l’entend est probablement déjà présent au Séder.
Le Rav Yossef Shalom Elyashiv propose une explication : Il ne s’agit pas d’une invitation adressée aux pauvres pour les convier au Séder (ce qui était probablement déjà fait à ce stade), mais plutôt d’enseigner à nos enfants que respecter la mitsva de Pessa’h implique de veiller à ce que les nécessiteux soient aidés, et que notre joie durant la fête ne peut être complète que si nous accueillons des invités.
Le Rav Yossef Shalom Elyashiv (1910–2012) était considéré comme l’un des principaux rabbins de la communauté juive lituanienne au siècle dernier. Ses enseignements sur la Haggadah ont fait l’objet d’un recueil publié en 2006.
Célébrer la liberté en exil ?
Pourquoi les Juifs célèbrent-ils Pessa’h, la fête de la liberté, même pendant notre long et amer exil ? Rabbi Yehouda Loew, le Maharal de Prague, explique que la fête de Pessa’h ne célèbre pas simplement notre libération de l’oppression. En effet, tout au long de notre histoire, malgré des conditions sévères et épuisantes sous le joug de divers tyrans oppressifs, nous avons constamment célébré notre libération d’Égypte.
Alors, que célébrons-nous ? La liberté acquise lors de la Sortie d’Égypte à Pessa’h a transformé la nature essentielle du peuple juif. Nous avons acquis la nature de personnes libres, au point d’être libre dans notre essence même, et personne n’a désormais la capacité de soumettre notre être essentiel. Ainsi, malgré les oppressions, les esclavages et les tortures qui ont suivi, la nature fondamentale du peuple juif reste libre. Cette liberté fondamentale nous soutient même dans les moments les plus difficiles de l’exil. Nos ennemis ont peut-être tenté de soumettre nos corps physiques, mais ils n’ont plus la capacité de soumettre notre esprit.2
Rabbi Yehouda Yehuda Loew (1525–1609), connu sous le nom de Maharal de Prague, fut un érudit de la Torah, un philosophe, un mystique et un écrivain prolifique. Outre la Haggadah Divrei Neguidim publiée par son descendant, son œuvre Guevourot Hachem est également dédiée à la fête de Pessa’h. Pour en savoir plus sur le Maharal, voir Rabbi Judah Loew.
Pourquoi est-il si important que les enfants posent des questions ?
L’une des raisons pour lesquelles nous pratiquons de nombreux rituels uniques lors de la nuit du Séder, tels que tremper le légume karpas dans de l’eau salée, est de susciter la curiosité de nos enfants. Comme le verset le stipule : « Et il arrivera, si ton fils te demande à l’avenir : “Qu’est-ce que ceci ?”, tu lui répondras : “C’est avec une main puissante que le Seigneur nous a sortis d’Égypte, de la maison de servitude.” »3 Néanmoins, pourquoi est-il important que l’enfant pose la question ? Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement raconter l’histoire sans être interrogés ?
Rav Moché Sofer, le ‘Hatam Sofer, explique que la nuit de Pessa’h est un moment particulièrement propice pour enseigner à nos enfants les fondements de la foi juive, dont l’histoire de la Sortie d’Égypte est une pierre angulaire. Faire une conférence à nos enfants sur l’histoire de Pessa’h sera moins efficace que de susciter leur propre curiosité à son sujet. Nous adoptons donc des démarches qui éveillent chez nos enfants le désir de connaître et de comprendre l’histoire de Pessa’h, leur inculquant des leçons qui les marqueront à vie.
Le Rav Moché Schreiber ou Sofer (1762–1839) est connu sous le nom de ‘Hatam Sofer, d’après le titre de son œuvre principale. Il a été rabbin à Bratislava (Presbourg), aujourd’hui en Slovaquie, où il était connu pour sa position intransigeante contre le mouvement des Lumières. Plusieurs Haggadahs ont été publiées avec ses perspectives.
Quelle est la véritable réponse aux quatre questions du Ma Nichtana ?
Le rabbin Don Its’hak Abarbanel explique qu’il existe une question sous-jacente aux Quatre Questions : Pourquoi, lors de cette nuit, adoptons-nous des gestes symbolisant la liberté et l’aisance, tels que tremper notre nourriture deux fois et nous accouder sur le côté pendant que nous mangeons, alors même que nous consommons de la matsa – le pain du pauvre – et de simples herbes amères, symboles de la servitude ?
L’Abarbanel explique que la réponse se trouve dans le paragraphe suivant : « Nous étions esclaves de Pharaon en Égypte, et l’Éternel notre D.ieu nous en a libérés avec une main forte et un bras étendu. » Au commencement de cette nuit, nous étions esclaves, et à son terme, nous étions libres. Ainsi, les rituels de cette nuit reflètent la liberté et l’aisance d’une part, et la servitude d’autre part.4
Don Its’hak Abarbanel (1437–1508) fut un philosophe juif, un homme d’État, leader de la communauté juive espagnole et ministre des finances pour plusieurs rois, y compris le roi d’Espagne jusqu’à l’expulsion des Juifs de ce pays. Son commentaire sur la Haggadah, Zeva’h Pessa’h, est considéré comme l’un des commentaires classiques sur la Haggadah. Pour en savoir plus sur lui, voir Don Isaac Abravanel – « L’Abarbanel ».
Pourquoi Rabbi Elazar a-t-il dit qu’il était « comme âgé de 70 ans » ?
Dans la Haggadah, nous citons Rabbi Elazar ben Azaryah, qui a dit : « Bien que je sois comme âgé de 70 ans, je n’ai pas réussi à prouver que la Sortie d’Égypte doit être mentionnée la nuit. » Les commentateurs se sont demandé pourquoi il a insisté sur l’expression « comme âgé de 70 ans », ce qui suggérait qu’il n’était pas réellement de cet âge.
Le Talmud explique qu’un miracle se produisit lorsqu’il fut nommé très jeune à la tête du Sanhédrine : il vieillit prématurément de manière à inspirer le respect. D’un autre côté, Maïmonide explique que Rabbi Elazar ben Azaryah s’était tellement investi dans l’étude de la Torah qu’il avait vieilli prématurément.
Le Rav Moché Greenwald, connu sous le nom d’Arougat Habossem, explique que nous pouvions concilier les deux explications. Bien que Rabbi Elazar ben Azaryah se fût ardemment consacré à l’étude de la Torah et aurait donc pu vieillir prématurément, le mérite de son étude de la Torah le protégea, et il resta d’apparence jeune. Toutefois, lorsqu’il fut nommé pour diriger le Sanhédrine et que cela nécessita une apparence plus distinguée, D.ieu laissa les effets naturels de ses immenses efforts se manifester, le faisant paraître âgé de 70 ans.5
Le rabbin Moché Greenwald (1853–1910), connu sous le nom d’Arougat Habossem d’après son œuvre du même nom, fut l’un des principaux rabbins de Hongrie à la fin du XIXe siècle. Il servit en tant que rabbin à Chust, en Hongrie, et fut le fondateur de la dynastie hassidique de Pupa. Son commentaire sur la Haggadah est intitulé Hallel Nirtsa, correspondant aux deux dernières étapes du Séder de Pessa’h.
Pourquoi cette réponse sévère au fils méchant ?
Dans la Haggadah, nous lisons la question du fils méchant ainsi que la réponse qui lui est donnée. Il demande : « Que signifie pour vous ce service ? », soulignant « pour vous », mais non pas « pour lui ». Nous lui rétorquons alors, « en lui émoussant les dents » : « S’il avait été là-bas, il n’aurait pas été sauvé ! »
Bien que le Midrash nous enseigne que de nombreux Juifs, qualifiés de méchants, périrent en Égypte et ne furent pas sauvés, quel bénéfice tirons-nous à aliéner davantage cet enfant en adoptant un ton sévère ?
Le Rabbi de Loubavitch explique que notre réponse au fils méchant n’est pas un message de rejet, mais un message d’acceptation et de promesse. Nous devons mettre l’accent sur le mot « là-bas » ; s’il avait été « là-bas », en Égypte, il n’aurait pas été sauvé. Cependant, la Sortie d’Égypte a eu lieu avant le Don de la Torah au Sinaï, lorsque D.ieu nous a choisis et que nous sommes devenus Son peuple. Par conséquent, en Égypte, la rédemption dépendait du choix et du consentement du Juif. S’il avait été là-bas, il serait encore en Égypte.
Mais maintenant il se trouve « ici », après le Sinaï. Ici, nous sommes choisis par D.ieu, quelle que soit notre préférence personnelle. Certes, nous sommes actuellement en exil, mais en ce qui concerne la rédemption ultime de cet exil, D.ieu nous dit que « vous serez rassemblés un à un, ô enfants d’Israël » – aucun Juif ne sera laissé pour compte.6
Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson (1902–1994), le Rabbi de Loubavitch, a publié un commentaire sur la Haggadah en 1946 sous le titre Haggadah Im Likoutei Taamim OuMinhaguim. Par ailleurs, les enseignements du Rabbi sur la Haggadah sont répandus dans les plus de 200 volumes publiés qui contiennent ses enseignements sur la Torah. Au fil des années, des compilations de ces enseignements ont été publiées dans plusieurs langues.
Pourquoi mentionner que nos ancêtres étaient des idolâtres ?
Dans la Haggadah, nous lisons : « Au commencement, nos pères servaient des idoles ; mais maintenant, l’Omniprésent nous a rapprochés de Son service... » Ce passage peut sembler hors de propos – pourquoi insister sur un aspect négatif lors de cette nuit spéciale ?
Rabbi Avraham Yehochoua Heshel d’Apta explique qu’une personne née juste, n’ayant jamais goûté au péché, ne peut réellement enseigner aux autres à quel point le péché et l’idolâtrie sont mauvais et abominables, ni combien il est précieux et spécial d’être proche de D.ieu. Ainsi, nous disons que nos ancêtres eux-mêmes ont goûté à la négativité puis se sont rapprochés de D.ieu, et ils sont donc en mesure de nous enseigner à apprécier pleinement notre relation étroite avec D.ieu.
Rabbi Avraham Yehochoua Heshel d’Apta (1748–1825), connu sous le nom de Apter Rov ou comme le « Ohev Yisroel » (« l’Amoureux des Juifs ») d’après son œuvre portant ce nom, fut le fondateur des dynasties hassidiques de Mezhbizh/Zinkov. Ses enseignements ont été intégrés dans divers recueils sur la Haggadah.
Pourquoi mentionner d’autres ennemis ?
Pourquoi mentionnons-nous lors du Séder de Pessa’h que de génération en génération, il est des gens qui cherchent à détruire le peuple juif ? Qu’est-ce que cela ajoute à l’histoire de la Sortie d’Égypte ?
Le Rav Yossef Dov Soloveitchik explique que cette mention met en perspective toute l’expérience de Pessa’h. On pourrait penser que les oppresseurs égyptiens avait quelque motivation politique, sociale ou économique, et que nous aurions pu éviter notre asservissement si nous avions agi différemment. Nous notons donc que de génération en génération et dans toutes les circonstances imaginables, nos ennemis se sont dressés contre nous. Il n’y a pas de déclencheur logique pour l’antisémitisme car, malheureusement, comme le dit le Midrash : « C’est la manière du monde qu’Ésaü déteste Yaacov. »7
Le rabbin Joseph Ber Soloveitchik (1903–1993), connu de beaucoup sous le nom de « the Rav », était le doyen du séminaire théologique Rabbi Isaac Elchanan à la Yeshiva University de New York. Il était un penseur juif de premier plan qui a écrit de nombreux volumes sur la pensée et la loi juives.
Pourquoi s’écarter du sujet à propos du complot de Laban ?
Dans la Haggadah, nous disons : « Allez et apprenez ce que Laban l’Araméen voulait faire à notre père Jacob. Pharaon avait seulement décrété que les enfants mâles soient mis à mort, mais Laban voulait éradiquer tout le monde... » Non seulement cela semble hors sujet, mais cela ne semble pas être exact, du moins selon l’histoire littérale de Laban.
Rabbi Eliahou de Vilna explique que ce passage fait suite à ce qui précède, où il est dit : « À chaque génération, ils se lèvent contre nous pour nous détruire ; et le Saint, béni soit-Il, nous sauve de leur main ! » À titre d’exemple, nous apportons l’histoire de Laban. En effet, une lecture superficielle de l’histoire ne révèle pas qu’il souhaitait détruire Jacob et ses descendants, mais à notre insu, il tramait notre destruction. De même, dans de nombreuses générations, nous ne sommes pas même conscients des miracles que D.ieu réalise pour nous sauver de nos ennemis inconnus.
Rabbi Eliahou de Vilna (1720–1797), le « Gaon de Vilna », fut un talmudiste et un kabbaliste renommé et l’une des figures de proue de l’opposition au mouvement ‘hassidique dans ses premières années. Comme beaucoup d’œuvres qui lui sont attribuées, son commentaire sur la Haggadah a été publié par son élève, le rabbin Mena’hem Mendel de Shklov, sur la base de ses enseignements qu’il avait entendus de son maître.
Le bâton était-il vraiment le signe ?
Dans la Haggadah, nous lisons : « “Et avec des signes”, cela fait référence au bâton, comme il est dit : “Prends en main ce bâton avec lequel tu accompliras les signes.” » Pourtant, D.ieu dit à Moïse : « Ceci est le signe pour toi que c’est Moi qui t’ai envoyé. Quand tu sortiras le peuple d’Égypte, vous adorerez D.ieu sur cette montagne. »8
Le Rav Mena’hem Kasher explique que Moïse était conscient qu’une croyance fondée sur un signe reste fragile, susceptible de laisser subsister des doutes parmi le peuple. C’est pour cette raison que Moïse hésitait à entreprendre sa mission. Finalement, D.ieu lui révéla que tous ces signes et prodiges n’étaient que temporaires, car Il comptait finalement conduire les Juifs au mont Sinaï. Là, ils seraient témoins de la révélation divine de leurs propres yeux, ce qui consoliderait leur foi bien au-delà de simples signes.
Né en 1895 et décédé en 1983, le rabbin Mena’hem Kasher fut un auteur prolifique, auteur de l’œuvre encyclopédique sur la Torah intitulée « Torah Chelema ». Il a écrit deux œuvres sur la Haggadah : « Haggadah Chelema », une œuvre encyclopédique sur la Haggadah qui discute, entre autres, des textes variés et des coutumes de la Haggadah ; et la « Haggadat Pessa’h Erets Yisraelit », peut-être plus célèbre encore, avec une explication succincte et un commentaire. Celle-ci fut l’une des premières Haggadahs à être traduite en anglais avec un commentaire.
Pourquoi donner un moyen mnémotechnique pour les dix plaies ?
Après avoir récité les dix plaies, nous lisons que Rabbi Yehouda les désignait par leurs acronymes hébreux : DeTsaKh (sang, grenouilles, poux) ; ADaCh (bêtes, pestilence, ulcères) ; BeA’HaV (grêle, sauterelles, obscurité, premiers-nés). Quelle en est la signification ?
Rabbi Yom Tov ben Avraham Asevilli, connu sous l’acronyme « Ritva », explique que chacun de ces trois groupes de plaies avait pour but d’enseigner aux Égyptiens une leçon spécifique. Le premier groupe, DeTsaKh, visait à leur montrer l’existence de D.ieu ; c’est pourquoi ces plaies furent précédées par le verset : « Par ceci tu sauras que Je suis D.ieu. »9
Le deuxième groupe, ADaCh, fut envoyé pour leur enseigner la Providence divine, démontrant comment D.ieu veille sur le monde. Ces plaies furent donc précédées par le verset : « Pour que tu saches que Je suis le Seigneur au sein de la terre. »10
Le dernier groupe de plaies, BeA’HaV, fut envoyé pour montrer aux Égyptiens l’omnipotence de D.ieu. Elles furent donc précédées par le verset : « Afin que tu saches qu’il n’y a personne comme Moi dans le monde entier. »11 12
Rabbi Yom Tov ben Avraham Asevilli (vers 1260-1320), connu par son acronyme hébreu Ritva, fut un éminent rabbin médiéval, célèbre pour son commentaire sur le Talmud. Ses commentaires sur le Talmud ainsi que sur la Haggadah sont connus sous le nom de ‘Hidouchei haRitva.
Quel est l’intérêt d’être au mont Sinaï sans recevoir la Torah ?
Dans l’ode Dayénou (« Cela nous aurait suffi »), nous disons : « S’Il nous avait amenés devant le mont Sinaï, et ne nous avait pas donné la Torah, dayénou, cela nous aurait suffi ! » Quel aurait été l’intérêt d’être au mont Sinaï si nous n’avions pas reçu la Torah ?
Le Rav Moché ‘Haïm Kleinman explique que concernant le campement des Juifs au mont Sinaï, le verset nous dit : « Et Israël campa là, face à la montagne. »13 Le Midrash note que le verbe pour « campa », vayi’hane, est écrit au singulier plutôt qu’au pluriel, nous enseignant qu’ils étaient unis comme une seule personne avec un seul cœur. Ainsi, nous disons que simplement vivre cette unité exceptionnelle, même sans recevoir la Torah, aurait suffi.14
Le rabbin Moché Chaim Kleinman vécut à Brisk au début du XXe siècle. Sa Haggadah, Tsouf Amarim, qui inclut une collection de divers commentaires sur la Haggadah ainsi que ses propres enseignements, fut publiée en 1924 à Varsovie. C’est la seule œuvre connue portant une approbation par le Rav Levi Its’hak Schneerson, père du Rabbi de Loubavitch.
Pourquoi D.ieu devrait-il déverser Sa colère sur nos oppresseurs, qui ne faisaient qu’exécuter Ses ordres ?
D.ieu étant l’orchestrateur de tous les événements, pourquoi serait-Il en colère contre ceux qui ne font qu’exécuter Son plan ? Le Rav Shlomo Kluger explique que c’est pour cette raison que, lorsque nous disons « Répands Ta colère sur les nations », nous précisons « qui ne Te reconnaissent pas, et sur les royaumes qui n’invoquent pas Ton nom », et seulement après nous disons « car ils ont dévoré Jacob et dévasté sa demeure. » La raison de la colère de D.ieu n’est pas tant que nos ennemis nous ont opprimés ; c’est plutôt qu’ils ne reconnaissent même pas D.ieu ni ne Lui rendent louange et grâce pour ce qu’ils ont. S’ils reconnaissaient que tout vient de D.ieu, ils n’opprimeraient pas volontairement Son peuple ni ne détruiraient Son Temple. Ainsi, après une nuit à louer D.ieu pour les miracles qu’Il a accomplis pour nous, nous soulignons la différence entre nous et nos oppresseurs : nous reconnaissons D.ieu et eux non.15
Le rabbin Shlomo ben Judah Aaron Kluger (1785–1869) était le grand rabbin et prédicateur de Brody, en Galicie. Il fut un auteur prolifique qui écrivit plus de 160 volumes. Beaucoup de ces écrits restent sous forme de manuscrit. Son commentaire sur la Haggadah s’intitule « Maassei Yedei Yotser ».
Pourquoi dire « L’année prochaine à Jérusalem » à la fin de la Haggadah et de Yom Kippour ?
Tant à la fin du Séder de Pessa’h qu’à la toute fin des offices de Yom Kippour, nous disons : « L’année prochaine à Jérusalem ! » Pourquoi le faisons-nous spécifiquement à ces deux moments ?
Le Rav Eliahou Ki Tov explique que, comme il est écrit dans le Psaume 137, nous promettons que nous « garderons Jérusalem à l’esprit lors de notre plus grande joie » ; ainsi, à la fin de Yom Kippour, lorsque nous sommes joyeux d’avoir été pardonnés pour nos péchés, et à la fin du Séder de Pessa’h, lorsque nous finissons de célébrer la joie de la sortie d’Égypte, nous devons nous rappeler que nous attendons la rédemption finale, lorsque nous monterons tous au Temple à Jérusalem.
Bien sûr, comme l’explique et le souligne le Sixième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneerson, il ne s’agit pas de demander à être délivrés l’année prochaine. Nous demandons plutôt à être délivrés dès maintenant, de sorte que l’année prochaine, lorsque nous célébrerons Pessa’h, nous soyons déjà à Jérusalem avec la rédemption ultime depuis un an.
Puissions-nous voir cela rapidement de nos jours !
Le rabbin Avraham Eliahou Mokotow (1912–1976), mieux connu sous le nom d’Eliahou Kitov, fut ouvrier du bâtiment, éducateur et activiste communautaire, jusqu’à ce qu’il quitte le travail communautaire pour se consacrer entièrement à l’écriture. Il est surtout connu pour son « Sefer HaTodaah », traduit en français sous le titre « Les Éphémérides de l’Année Juive ». Son travail sur la Haggadah est intitulé « Séder Leil Pessa’h ».
Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn (1880–1950), le Sixième Rabbi de ‘Habad-Loubavitch, est aussi appelé le « Frierdiker Rebbe » ou « Rabbi précédent ». Il a établi un réseau d’institutions éducatives juives qui fut le facteur le plus significatif dans la préservation du judaïsme pendant la terrible ère des communistes soviétiques. En 1940, il déménagea aux États-Unis, où il établit le quartier général mondial de ‘Habad à Brooklyn, New York. Pour en savoir plus à son sujet, voir Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn.
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