Rambam - 1 chapitre par jour
Lois relatives aux bénédictions : Chapitre Dix
Lois relatives aux bénédictions : Chapitre Dix
1. Les sages ont [également] institué d’autres bénédictions et d’autres [textes] qui ne sont ni introduits [par la formulation Baroukh], ni conclus [par Baroukh], en louange et en remerciement au Saint Béni soit-Il, comme les bénédictions de la prière, que nous avons déjà exposées [lois sur la prière ch. 7]. Ce sont : celui qui construit une nouvelle maison, achète de nouveaux effets, qu’il en ait [déjà] des semblables ou non, récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi du monde, Qui nous as faits vivre, nous as maintenus et nous as faits parvenir à cette occasion ».
2. De même, celui qui revoit un ami après [un intervalle de] trente jours récite la bénédiction : « […] Qui nous as fait vivre ». S’il le [re]voit après [un intervalle de] douze mois, il récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel, […] Qui fais revivre les morts ». Celui qui voit un fruit qui pousse annuellement [à une saison particulière de l’année], récite, dès qu’il le voit, la bénédiction : « […] Qui nous as fait vivre ».
3. S’il entend une bonne nouvelle [bonne pour lui et autrui, cf. infra § 7], il récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui es bon et fais le bien ». S’il entend une mauvaise nouvelle, il récite la bénédiction : « Béni […] le vrai juge ». Il incombe à l’homme de réciter la bénédiction pour un [évènement] malheureux avec le même enthousiasme que [la bénédiction] pour une bonne nouvelle, ainsi qu’il est dit : « Tu aimeras l’Eternel ton D.ieu…de tout ton pouvoir ». Cette obligation concernant cette mesure d’amour supplémentaire veut que l’on soit reconnaissant et loue [D.ieu] dans la joie même [assailli par] des difficultés.
4. Si une personne a un évènement heureux ou entend une bonne nouvelle, bien que les circonstances montrent que ce bien lui causera [finalement] un mal, elle récite la bénédiction : « […] Qui es bon et fais le bien ». De même, si elle est assaillie par un malheur ou entend une mauvaise nouvelle, bien que les circonstances montrent que ce mal lui sera bénéfique, elle récite la bénédiction : « […] le vrai juge », car la bénédiction n’est pas récitée sur [la conséquence] future, mais sur [l’évènement] présent.
5. S’il tombe de nombreuses pluies, et que l’on a un champ, on récite la bénédiction : « […] Qui nous as fait vivre [.. ;] ». Et s’il [le champ] appartient à soi et à une autre personne, on récite la bénédiction : « […] Qui es bon et fais le bien ». Et si l’on n’a pas de champ, on récite la bénédiction : « Nous sommes reconnaissants envers toi, Eternel notre D.ieu, pour chaque goutte que Tu as fait descendre pour nous, et [même] si notre bouche était emplie… » jusqu’à « […] Ils remercieront, loueront, et béniront Ton Nom, notre Roi. Béni sois-Tu, Eternel, Qui est digne de nombreux remerciements et louanges ».
6. À partir de quand récite-t-on la bénédiction pour la pluie ? Dès qu’il a une grande quantité d’eau sur la surface de la terre [au point que] les gouttes de pluie font que des bulles se forment à la surface de l’eau, et que les bulles coulent l’une à la rencontre de l’autre.
7. Si une personne apprend le décès de son père et qu’elle va hériter [de ses biens], [la règle suivante est appliquée] si elle a des frères [qui recevront une part d’héritage], elle récite en premier lieu la bénédiction : « […] le vrai Juge », puis [la bénédiction] « […] Qui es bon et fais le bien ». Et si elle n’a pas de frère, elle récite [uniquement] la bénédiction : « […] Qui nous as fait vivre […] ». En résumé, pour tout évènement qui est bénéfique pour soi et pour autrui, on récite la bénédiction : « […] Qui es bon et fais le bien », mais pour un bien qui est exclusivement personnel, on récite la bénédiction : « […] Qui nous as fait vivre ».
8. Quatre personnes doivent exprimer leur reconnaissance [envers D.ieu] : un malade qui a guéri, un prisonnier qui est sorti de prison, celui qui part en mer lorsqu’il parvient à destination, et les voyageurs, lorsqu’ils parviennent en un lieu habité. Ils doivent exprimer leur reconnaissance en présence de dix [juifs], dont deux sages, comme il est dit : « Qu’ils l’exaltent dans l’assemblée du peuple, proclament Ses louanges dans le conseil des anciens ». Comment exprime-t-on sa reconnaissance, et quelle bénédiction récite-t-on ? On se tient au milieu d’eux [les dix juifs] et on récite la bénédiction [suivante :] « Béni sois-Tu, Eternel, notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui dispenses le bien au coupable, Qui m’as dispensé tout ce bien », et tous les présents répondent : « Que Celui Qui t’a dispensé le bien te dispense le bien à tout jamais ».
9. Celui qui voit un endroit où des miracles ont eu lieu pour le peuple juif, comme la Mer rouge, les gués du Jourdain, dit : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui as fait des miracles pour nos pères à cet endroit ». Et de même pour tout endroit où des miracles ont eu lieu pour une collectivité. En revanche, dans un endroit où un miracle a eu lieu pour un particulier, la personne en question, son fils, et le fils de son fils récitent la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui m’as fait un miracle en cet endroit » ou « […] Qui as fait un miracle à mes pères à cet endroit ». Celui qui voit la fosse aux lions [dans laquelle Daniel fut jeté] ou la fournaise ardente (où furent jetés Hanania, Michael, et Azaria) récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui as fait un miracle pour les justes à cet endroit ». Celui qui voit un endroit où l’on se livre à un culte idolâtre récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Qui est patient envers ceux qui transgressent Sa volonté ». Dans un endroit où une idole a été retirée, en Terre d’Israël, on récite la bénédiction : « […] Qui as déraciné une idole de notre terre », et en diaspora, on récite la bénédiction : « […] Qui as déraciné une idole de cet endroit ». Dans les deux cas, on ajoute [la formule] « De même que Tu as déraciné [une idole] de cet endroit, ainsi, déracine [les idoles] de tous les endroits, et tourne le cœur de ses adorateurs à te servir ».
10. Celui qui voit un établissement d’habitations juives récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui établis les frontières de la veuve ». [Si l’on voit des habitations juives] en ruine, on récite la bénédiction : « Béni […] le vrai Juge ». Celui qui voit des tombes juives récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui vous as créé avec justice, vous as jugé avec justice, as pourvu à vos besoins avec justice, vous as fait mourir avec justice, et vous relèvera avec justice pour la vie du monde futur. Béni sois-Tu, Eternel, Qui fais revivre les morts ».
11. Celui qui voit six cent mille personnes en même temps, si ce sont des gentils, dit : « Elle va être confondue, votre mère ; celle qui vous a donné le jour va connaître la rougeur de la honte. Tel sera le sort de ces nations : l’abandon, la ruine, la solitude. Si ce sont des juifs, en terre d’Israël, il dit : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, le Sage [qui connaît] les secrets ». Celui qui voit des sages des nations dit : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui as donné de Sa sagesse aux [êtres de] chair et de sang ». [S’il voit des] sages juifs, il récite la bénédiction : « […] Qui as donné de Sa sagesse à ceux qui Le craignent ». [S’il voit] des rois juifs, il dit : « […] Qui as donné de Son honneur et de Sa puissance à ceux qui Le craignent ». [S’il voit] des rois non juifs, il récite la bénédiction : « […] Qui as donné de Son honneur à des [êtres de] chair et de sang.
12. Celui qui voit un noir ou une personne dont l’apparence physique du visage ou des membres est anormale récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui altères les créatures ». Celui qui voit un aveugle ou un manchot ou cul-de-jatte, ou une personne ayant des furoncles ou couverte de taches blanches récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, le vrai Juge ». Et s’il sont nés ainsi, on récite [en les voyant] la bénédiction : « […] Qui altères les créatures ». Celui qui voit un éléphant, un singe ou une hulotte récite la bénédiction : « Béni […] Qui altères les créatures ».
13. Celui qui voit des créatures ayant un beau physique et bien formées, ou de beaux arbres, récite la bénédiction : « […] Dont le monde est ainsi ». Celui qui se rend dans les champs ou les jardins en Nissan et voit des arbres qui fleurissent et des bourgeons qui apparaissent récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Qui n’as laissé aucun manque dans Son monde, et as crée de belles créatures et de beaux arbres afin de donner profit aux hommes ».
14. Sur les vents qui soufflent très fort, les éclairs, le tonnerre, les puissants grondements que la terre fait entendre, semblables [au bruit] de grosses meules, les météores ou les comètes, on récite la bénédiction : « […] Dont la force et la puissance emplissent le monde ». Si l’on désire, on récite la bénédiction : « […] Qui accomplis [l’œuvre de] la création ».
15. À [la vue] des montagnes, des collines, des mers, des déserts, ou des rivières après [un intervalle de] trente jours, on récite la bénédiction : « […] Qui accomplis [l’œuvre de] la création ». Celui qui voit l’océan après un intervalle supérieur ou égal à trente jours récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui as créé l’océan ».
16. Celui qui voit l’arc-en-ciel récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Qui se souviens de l’alliance, est fidèle à Son alliance, et maintiens Sa parole ». Celui qui voit la nouvelle lune récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui, par Sa parole, as créé les cieux, par le souffle de Sa bouche, toutes leurs armées. Il leur a fixé des lois et un temps, afin qu’elles ne modifient pas leur mission. Elles sont heureuses et joyeuses d’accomplir la Volonté de leur Créateur. Elles sont fidèles et leur tâche est juste. Et, Il a demandé à la lune de se renouveler, comme une couronne de gloire pour ceux qui sont comblés par Lui dès leur naissance et qui, eux-mêmes, se renouvelleront et glorifieront leur Créateur, pour le Nom de la splendeur de Son règne. Béni sois-Tu, Eternel, Qui renouvelles les mois »
17. Cette bénédiction doit être récitée debout. En effet, celui qui récite la bénédiction sur la nouvelle [lune] en son temps est considéré comme s’il accueillait la Présence Divine. S’il ne récite pas de bénédiction la première nuit, il peut la réciter jusqu’au seizième jour du mois, jusqu’à la pleine [lune].
18. Celui qui voit le soleil le jour de l’équinoxe du printemps, mercredi matin, au début du cycle de vingt-huit ans – cycle qui commence la nuit de mercredi – récite la bénédiction : « Béni […] Qui accomplis [l’œuvre de] la création ». De même, lorsque la lune revient au début de la constellation du bélier, en début de mois, n’étant inclinée ni vers le Nord, ni vers le Sud, et aussi, quand chacune des cinq planètes atteint le début de la constellation du bélier, et n’est inclinée ni vers le nord, ni vers le sud, et de même, à chaque fois que la constellation du bélier apparaît montant du côté Est, dans chacun de ces cas, on récite la bénédiction : « […] Qui accomplis [l’œuvre de] la création ».
19. Celui qui voit un établissement d’habitations de gentils dit : « L’Eternel démolit la maison orgueilleuse ». Si elles sont détruites, il dit : « D.ieu des vindictes, Eternel, D.ieu des vindictes, apparais ». Quand il voit des tombes de gentils, il dit : « Elle va être confondue, votre mère… ».
20. Celui qui entre dans un établissement de bains dit : « Qu’il soit Ta volonté, Eternel notre D.ieu, de me faire entrer en paix et sortir en paix, et sauve-moi de ceci et ce qui est semblable dans le futur ». Lorsqu’il sort de l’établissement de bains, il dit : « Je suis reconnaissant devant Toi, Eternel mon D.ieu, que Tu m’as sauvé du feu… ».
21. Celui qui va se faire faire une saignée dit : « Qu’il soit Ta volonté, Eternel mon D.ieu que cette activité m’apporte la guérison, car Tu guéris généreusement. Béni sois-Tu, Eternel, Qui guéris les malades ».
22. Celui qui va mesurer sa grange doit dire : « Qu’il soit Ta volonté, Eternel mon D.ieu, de donner la bénédiction dans l’œuvre de mes mains ». Quand il commence à mesurer, il dit : « Béni sois Celui qui envoie la bénédiction dans ce tas ». S’il implore la pitié [de D.ieu] après avoir mesuré, cela est une prière en vain. Qui implore [D.ieu] pour un évènement passé, sa prière est vaine.
23. Celui qui entre dans la maison d’études dit : « Que ce soit Ta volonté, Eternel mon D.ieu, que je ne trébuche pas sur un point de loi, que je ne déclare pas impur ce qui est pur ou pur ce qui est impur, ni interdit ce qui est permis ou permis ce qui est défendu, que je ne me trompe pas sur un point de la loi et soit la raillerie de mes collègues, et qu’il n’y ait pas d’erreur de la part de mes collègues qui me fasse rire à leurs dépens ».
24. Quand il sort de la maison d’études, il dit : « Je suis reconnaissant envers Toi, Eternel mon D.ieu, Qui m’a donné part parmi ceux qui siègent à la maison d’étude et non parmi ceux qui sont assis aux coins de rue. Je me lève tôt et ils se lèvent tôt ; je suis de bonne heure pour les paroles de la Torah et eux sont de bonne heure pour des futilités. Je fais des efforts et ils font des efforts ; je fais des efforts pour les paroles de la Torah et suis récompensé, [tandis qu’]eux font des efforts et ne reçoivent pas de récompense. Je cours et ils courent ; je cours vers la vie du monde futur, et ils courent vers le puits de la destruction ».
25. Celui qui entre dans une grande ville [dont les dirigeants sont malhonnêtes et cherchent tous les prétextes pour diffamer ceux qui passent à travers leur domaine afin de les exécuter pour confisquer leurs biens] dit : « Que ce soit Ta volonté, Eternel mon D.ieu, de me faire entrer dans cette ville dans la paix ». Une fois qu’il est entré en paix, il dit : « Je suis reconnaissant envers Toi, Eternel mon D.ieu, que Tu m’as fait entrer en paix ». Quand il se prépare à partir, il dit : « Qu’il soit Ta volonté, Eternel mon D.ieu, de me faire sortir de cette ville en paix ». Une fois qu’il est sorti en paix, il dit : « Je suis reconnaissant envers Toi, Eternel, que Tu m’as fait sortir de cette ville en paix. Tout comme Tu m’as fait sortir en paix, ainsi, conduis-moi en paix, dirige [mes pas] en paix, soutiens-moi en paix, et sauve-moi des mains des ennemis et embuscades sur le chemin ».
26. En règle générale, l’homme doit toujours implorer [D.ieu] pour le futur en demandant pitié, et remercier [D.ieu] pour ce qu’il a passé, remercier [D.ieu] et Le louer selon ses capacités. Qui loue et remercie D.ieu abondamment est digne de louanges.